Perpignan : victoire de Pujol et succès d’Aliot

Avec 44,89%, Louis Aliot réalise un gros score. C’est le fait majeur de cette élection remportée par Jean-Marc Pujol. Un succès que le maire sortant doit en grande partie aux électeurs de gauche qui n’ont pas voulu que Perpignan ait un maire d’extrême-droite.

La participation est passée de 56,99% au premier tour à 62,75% au second tour. + 5,76%. 3 966 électeurs supplémentaires. Une participation en hausse comme dans d’autres villes dans lesquelles le FN était en position de force.

11 617 électeurs avaient voté au premier tour pour Jean-Marc Pujol. 20 784 au second tour.

Au regard des résultats par bureau, il apparait qu’un bon nombre d’électeurs de droite qui s’étaient abstenus au premier tour sont venus voter Pujol. Il faut aussi ajouter les électeurs décidés à voter Pujol au second tour, mais qui au premier ont choisi un autre candidat. Et cela d’autant plus facilement que les sondages annonçaient une large victoire du maire sortant.

Importante progression de Louis Aliot qui gagne 4 797 voix, passant de 12 949 à 17 746 voix. De nouveaux électeurs que Louis Aliot a trouvé à gauche et à droite. Mais davantage à droite. Des observations tirées de comparaisons avec les résultats par bureau et par canton des élections présidentielles et législatives de 2012.

Jean-Marc Pujol ne s’est pas adressé à l’électorat de gauche entre les deux tours. Il aurait pu le faire lors du débat avec Louis Aliot et dans la profession de foi adressée à tous les électeurs. Pas un mot non plus aux électeurs et partis de gauche après sa victoire.

Sur France Bleu Roussillon, Clotilde Ripoull s’est dite satisfaite que la ville ne passe pas au FN. Elle n’a pourtant rien fait pour ça en votant blanc.

Jean-Paul Alduy était, lui aussi, dimanche soir dans les studios de la radio locale. Il a comme entre les deux tours principalement semblé intéressé par l’élection du président de l’agglo et en particulier par celle de son candidat, Romain Grau. Il se dit qu’au travers de l’élection de ce dernier, JPA poursuit l’objectif de faire installer son épouse à la direction de l’Agence de Développement Economique. Réalité ou propos malveillants ?

Interrogé par Elisabeth Badinier sur l’effondrement du PS à Perpignan, Christian Bourquin a répondu que depuis 50 ans la gauche n’avait jamais été en position de pouvoir gagner la ville. Il a oublié 2008. 574 voix de plus et Jacqueline Amiel-Donat s’installait dans le fauteuil de maire. Ce rappel permet de mieux mesurer le catastrophique résultat du PS qui fait d’ailleurs à Perpignan son plus mauvais score dans une grande ville.

Incorrigibles politiques !

Fabrice Thomas

Contact : c.politique@orange.fr

Municipales : Marine Le Pen défend une mesure qui menace les libertés fondamentales

Dans un interview donné le 28 mars au journal Le Monde, Marine le Pen s’explique sur une des mesures que devront appliquer les villes dirigées par le FN : « Refuser toute subvention et toute aide à des organisations ou des projets communautaristes ».

On savait que cette mesure visait les associations que les dirigeants du FN qualifient habituellement de « communautaristes », MRAP, SOS Racisme, La Ligue des Droits de L’Homme, LICRA… Des associations qui s’opposent fréquemment au FN, notamment devant les tribunaux.

Mais dans son interview, Marine Le Pen va encore plus loin : « Refuser de subventionner les associations politisées et ou communautaristes est un acte politique » Et elle poursuit : « Quand la Ligue des droits de l’homme fait un tract pour appeler à voter pour ou contre quelqu’un, c’est une association politisée. Elle n’a qu’à se constituer en parti politique. Les associations peuvent prendre des positions politiques. Mais, à partir du moment où elles demandent des subventions publiques, elles se doivent de respecter un devoir de réserve. »

Marine Le Pen a t-elle conscience que les lois françaises ne permettent pas de couper les vivres à une association en invoquant un devoir de réserve ?

Ce droit de réserve des associations ne figure pas dans nos lois.

Mais dans la pratique, il suffira de supprimer les aides publiques sans donner de justification.

Sur quels critères un maire FN décidera t-il qu’une association est politisée ? Nombre d’associations et de syndicats prennent, sur un sujet ou sur un autre, des positions qui pourront être qualifiées de « politisées ».

Quant à la possibilité pour une association ou un syndicat d’appeler à voter pour ou contre un candidat, cela ne concerne-il pas seulement les adhérents de cette association ou de ce syndicat ? Au nom de quel principe pourrait-on leur interdire de faire un choix, d’exprimer une préférence ou une opposition ?

Cette mesure fait partie d’une charte adoptée par le bureau politique du FN en septembre 2013. On y lit : « Ce texte ne constitue pas un programme en vue des élections municipales mais fixe 10 principes essentiels à appliquer à l’action et à la gestion municipale. »

Le Monde a demandé à la présidente du FN : « La charte municipale du Rassemblement Bleu Marine sera le programme commun de tous les maires FN ? » Et elle répond « Oui ».

A Perpignan et ailleurs semble t-il, aucun candidat du Rassemblement Bleu Marine n’a diffusé cette charte. Et voilà qu’elle apparaît au grand jour la veille du second tour !

Y a t-il un autre parti qui propose une mesure aussi dangereuse pour nos libertés ? Aucun. Sauf peut-être des groupuscules qui sont loin de pouvoir prétendre à la gestion de la cité.

Si le FN peut-être considéré comme un parti comme un autre parce que son action s’inscrit dans le cadre des lois de la République, cela n’en fait pourtant pas un parti comme les autres. Il nous en fait lui-même la démonstration.

Cette mesure et l’application qu’en propose Marine le Pen révèle un état d’esprit. Un état d’esprit inquiétant.

Fabrice Thomas

Contact : c. politique@orange.fr

Occident : le coup bas de Louis Aliot

Louis Aliot use avec récurrence d’un procédé qui consiste à jeter à la tête de ses adversaires des accusations qui lui sont habituellement destinées. Ainsi, jeudi matin lors du débat organisé par France Bleu Roussillon et L’Indépendant, Louis Aliot, citant un article de La Croix a dit que Jean-Marc Pujol avait été membre du groupe d’extrême-droite Occident. Le maire sortant a nié et a expliqué que son premier engagement politique avait été auprès de Giscard d’Estaing.

Louis Aliot est homme habile. Son message est destiné à l’électorat de gauche à qui, implicitement, il dit qu’ils ont le choix entre deux hommes qui ont des références à l’extrême-droite. Il ne pouvait rien trouver de mieux pour semer le doute, l’hésitation dans l’esprit des électeurs de gauche. La rumeur fera des dégâts. Peut-être limités. Mais elle en fera.

Le procédé est bien sûr malhonnête. Mais ce n’est pas ce que l’on retiendra. La rumeur attribuant à Jean-Marc Pujol un passé d’extrême-droite va repartir de plus belle et atteindre de nouveaux publics.

Si Jean-Marc Pujol avait été membre du groupe Occident, Louis Aliot n’aurait pas sorti un extrait de presse. Il aurait brandi un, deux, trois témoignages écrits d’anciens membres d’Occident assurant qu’ils avaient milités avec Jean-Marc Pujol. Et Louis Aliot était mieux placé que personne pour obtenir ces preuves.

Le coup bas est arrivé dès le début du débat. Et à sa voix chevrotante, on a senti que Jean-Marc Pujol avait été atteint. Comment se défendre d’une telle accusation ? Peut-être en exigeant d’autres preuves qu’un article de presse qui affirme sans citer aucune source. Il est vrai que le maire sortant est moins familié des studios que son adversaire.

Louis Aliot a réussi à extrême-droitiser son adversaire. Il doit se frotter les mains !

Dommage que le maire sortant ait manqué de ressort. Il aurait pu en retour interroger Louis Aliot sur la personnalité de son bras droit, Xavier Baudry. Un homme dont on parle beaucoup dans les coulisses de la campagne. Il est directeur de campagne et numéro 5 sur la liste RBM. En cas d’élection, il serait maire-adjoint à la sécurité et donc le patron de la police municipale. Personne ne connait Xavier Baudry sauf dans les milieux d’extrême-droite de Perpignan. Il y est présenté comme un radical, un dur, un nostalgique. Xavier Baudry s’est, auprès de personnes de sa mouvance, prévalu d’avoir été membre du GUD (Mouvement radical et violent). Il est un pilier de la branche perpignanaise de la Fraternité Saint-Pie X. Groupement catholique traditionnaliste (intégriste) dont les liens avec l’extrême-droite ne sont plus à démontrer. Selon plusieurs témoignages il a pris du galon en amenant des colistiers. Ce qui a rendu un grand service à Louis Aliot qui peinait à en trouver 55.

Fabrice Thomas

c.politique@orange.fr

Ni diabolisation, ni angélisation : simplement la vérité sur le FN !

Nous sommes en 2011 sortis d’une longue période dite de diabolisation où le Front National était sans cesse renvoyé aux déclarations de Jean-Marie Le Pen sur les chambres à gaz (1987). Le FN était catalogué parti  » raciste « ,  » antisémite « ,  » fasciste « .

Marine Le Pen est arrivée avec sa dédiabolisation qui consista principalement à refaire la vitrine. Plus de déclaration antisémite et on écarte les militants d’extrême-droite les plus caricaturaux type skinhead. Regardez ! On est un parti comme les autres ! Et une grande partie de la presse de faire chorus. Avant elle ne voulait voir que les excès du FN, elle a maintenant tendance à fermer les yeux sur tout ce qui ne ferait pas du FN un parti normal.

C’est ce que nous avons observé dans les articles des journalistes parisiens venus à Perpignan couvrir la campagne de Louis Aliot.

Le Monde a, le 31 janvier, publié un article titré : « A Perpignan, la campagne “ centriste “ du vice-président du Front National. Extrait : « Devant ses sympathisants, au Moulin-à-Vent, la tonalité est toute modérée. Car il est un adage qui court à Perpignan : la ville se gagne au centre. M. Aliot l’a visiblement compris. Il fait une campagne de notable, une campagne pondérée, loin des tonitruances du Front national. Sur les affiches, la flamme frontiste est petite, en bas à droite, comme cachée. Et sous le nom de la tête de liste, on lit : « Avocat, conseiller régional. « La notabilité avant tout. »

Le supplément de L’Express consacré à Perpignan est dans le même registre. Pas étonnant, Le Monde donne souvent le ton. Le papier est titré : « Municipales à Perpignan : la campagne de terrain du “ notable  » Aliot.

« Pour mettre toutes les chances de son côté, le compagnon de Marine Le Pen veille à présenter son profil le plus rassembleur. Il se répète que Perpignan se gagne au centre. Il mène donc une campagne pondérée et ouvre largement sa liste à la respectable « société civile ». Louis Aliot cherche à se donner une image de notable. Sur ses affiches, il se présente comme « avocat, conseiller régional », tandis que la flamme frontiste apparaît en petit. »

Louis Aliot a tellement apprécié ces articles qu’il les a publiés sur plusieurs sites internet du FN.

Le candidat RBM a-t-il fait une campagne de notable, avec toute la rondeur que l’on prête à ce genre de personnage de province ?

Louis Aliot qui est entré très tôt en campagne a massivement et sur une longue période, en quelque sorte pour préparer le terrain, diffusé deux tracts. Le premier illustré par une trentaine de petites images de magasins fermés, rideaux tirés. Avec cette accroche : « Le triste bilan de l’UMP-UDI à Perpignan, un centre ville à l’abandon !!! » Le second maquetté sur le même principe avec des photos de voitures brûlées, de vitrines défoncées. « Avec l’UMPS, ce sont les perpignanais qui sont inquiets, pas les délinquants…Avec Louis Aliot la peur changera de camp !!!

Plus excessif, plus caricatural, plus démagogique, plus populiste, ce doit être difficile à faire !

Manifestement, les journalistes du Monde et de L’express n’ont pas demandé à Louis Aliot de leur montrer les tracts qu’il avait distribués. Ni les affiches qu’il avait collées

di 11 décembre 025

« On est chez nous » est la forme actuelle de « La France au Français ».
Encore un slogan « centriste » !

La presse nationale tout comme la presse locale n’ont pas vu que le FN avait fait une campagne en deux temps. Très dure pendant près de six mois. Avec le logo du FN. Puis “ modérée “ les deux derniers mois avec le logo RBM (Rassemblement Bleu Marine).

Dans un billet du 20 février, nous avions répondu à Jean-Michel Salvador qui, dans les colonnes de L’Indépendant avait écrit : « Le FN est devenu un parti comme les autres. Presque banal. »

On est passé de la diabolisation à l’angélisation.

Pour notre part nous refusons l’une et l’autre. Nous avons, tout au long de cette campagne fait le choix de montrer, avec des faits précis, le FN tel qu’il est et pas tel qu’on voudrait qu’il soit. Nous avons été les seuls à le faire et c’est bien dommage pour la qualité de l’information.

Fabrice Thomas

PS : L’auteur de l’article du Monde est pourtant, avec Caroline Monnot, l’auteur d’un excellent livre, Le système Le Pen.  » Entre professionnalisme et radicalité, entourage officiel et amitiés inavouables, engouement médiatique et travail de terrain, mue politique et islamophobie virulente, on découvre ainsi au fil des pages l’ambivalence savamment entretenue du FN. »

Contact : c.politique@orange.fr

Perpignan : le pire est possible !

21 mars 2014 023

Il faudra un peu de recul, le temps de regarder les résultats de près, pour pouvoir faire une analyse fine du scrutin perpignanais. Mais il y a des évidences.

A la présidentielle de 2012, Marine Le Pen avait à Perpignan recueilli 11 220 voix avec une participation de 75,85%.

Avec 20% de participation en moins, Louis Aliot rassemble 12 986 voix.

34,19% des voix. Un électeur sur trois.

C’est impressionnant.

Où est-il allé les chercher ?

En tous cas ce soir à Perpignan, l’extrême droite arrive en tête avec 3,63% d’avance sur le maire sortant Jean-Marc Pujol.

Louis Aliot améliore le meilleur score réalisé par le FN dans une ville de plus de 100 000 habitants. Ce record était détenu par Jean-Louis De Noëll qui au premier tour des municipales de 1995 avait atteint 32,71%. Plus qu’à Toulon où le candidat qui emporta la ville au second tour avait rassemblé 31,03% des votes.

Certes le contexte de 1995 était particulier. Deux ans plus tôt, lors d’élections municipales partielles le candidat de droite, qui était le favori de ce scrutin, Claude Barate, s’était cassé les dents sur le fils Alduy. Et comme en 1995, il n’y avait pas de candidat de droite (Alduy ne l’avait pas encore rejoint), un grand nombre d’électeurs de droite étaient allés voter FN.

En 2014, Louis Aliot avait fait disparaître le logo du FN. Mais cela change t-il quelque chose ?

Mais faut-il s’étonner que le pire se produise quand toutes les conditions sont réunies pour qu’il se produise ?

On évoque ici et là un Front républicain pour faire barrage à l’extrême-droite. C’est une idée sur laquelle nous sommes depuis longtemps réservés. Tout simplement parce qu’il nous semble normal que le FN ait des élus dans les assemblées communales, départementales, régionales et nationales.

Mais voulons-nous que Louis Aliot, dirigeant national d’une parti d’extrême droite soit maire de notre ville ?

Il nous semble que la seule question qui se pose à chaque électeur est simple et claire.

On entend dire que la victoire de Jean-Marc Pujol ne fait aucun doute. Nous ne partageons pas cet avis.

Certes Aliot n’a pas de réserve de voix. Certes ceux qui ont voté pour lui n’ont pas tous envie que la ville tombe aux mains de l’extrême-droite et d’un homme davantage doué pour la dénonciation que pour la gestion.

Mais dans une ville qui s’abandonne si facilement à l’ivresse du pire, tout n’est-il pas possible ?

Fabrice Thomas
Contact : c.politique@orange.fr

Chassez le naturel il revient au galiot !

« Le dérapage par SMS de Louis Aliot candidat du Front National à Perpignan ». Tel est le titre du bandeau de une de L’Indép de samedi 22 mars.

23 mars 2014 004

Vendredi matin à 7h17, Frédérique Michalak, chroniqueuse politique de L’Indépendant reçoit un SMS de Louis Aliot. Il n’est pas content qu’elle ait publié une brève indiquant que six électeurs de sa liste, dont cinq dans les dix premiers, ne sont pas inscrits sur la liste électorale de Perpignan. Louis Aliot indique qu’il boycottera la soirée électorale que L’Indép organise dimanche à son siège.

Une demie-heure plus tard, à 7h43, la journaliste reçoit un nouveau SMS qui manifestement ne lui était pas destiné et sur lequel elle lit : « Je viens de signifier à cette pute de Michalac, que dimanche je ne me déplacerai pas dans sa boutique. Elle courra derrière l’info. J’écris ce matin à son patron… »

Jean-Michel Salvador qui consacre un long papier à l’affaire nous apprend également qu’Aliot a envoyé un troisième SMS à F. Michalak. Pour s’excuser pour le SMS qui ne lui était pas destiné. Mais le dirigeant national du FN se trouve des circonstances atténuantes : « Je trouve que notre traitement n’est pas respectueux. »
Voilà avec quelle violence Louis Aliot réagit auprès des siens à un article qui lui a déplu.

Nous ne sommes pas surpris. Tout simplement parce que ce n’est pas le premier dérapage de Louis Aliot. Quand en juillet 2013, un journaliste de Mediapart l’interroge sur son salaire d’attaché parlementaire européen de 5 000 euros par mois pour un travail à mi-temps, il lui répond : « Je n’ai pas à répondre à ce genre d’argumentation qui relève de la Gestapo. » Puis sur son blog, Louis Aliot commente les révélations du site d’Edwy Plenel : « Mediapart a pondu son œuf ! Un œuf pourri puant la haine et la vindicte… » « Mediapart s’inscrit dans une longue tradition de journaux de délation… »

La simple relation de faits vérifiés transforme le gentil Louis Aliot en soudard.

Nous en avons fait l’expérience en 2011 simplement pour avoir rapporté que lors d’un meeting à Bompas, Louis Aliot avait, le jour anniversaire de l’exécution de Basten-Thiry, rendu un vibrant hommage à l’organisateur de l’attentat du Petit-Clamart contre le général de Gaulle.

C’était des faits. Rien que des faits.

Quelques mois plus tard, dans un discours prononcé au Barcarès, au Salon du savoir-faire pied-noir, Louis Aliot est revenu sur ses propos en les justifiant et en nous désignant nommément à la vindicte de la salle. Louis Aliot, plus tard, a nié avoir eu un tel comportement. Mais il y a un enregistrement et quatre autres journalistes étaient présents.

La brève de Frédérique Michalak sur les colistiers de Louis Aliot n’était pas sévère. Il est vrai qu’elle touche à un sujet sensible pour Louis Aliot. Depuis deux ans il annonce une liste avec de grosses surprises, avec des personnalités perpignanaises. Au bout du compte, on constate qu’il n’est pas sorti de son vivier naturel et que sur la ville le FN est si démuni qu’il a du aller chercher des candidats ailleurs. Le numéro 3 de sa liste, Bruno Lemaire, habite et vote à Laroque-des-Albères. Le numéro 5, Xavier Baudry, habite et vote au Boulou. Puis il y a ceux qui sont inscrits sur la liste électorale et qui n’y habitent pas. La numéro 2, Clotilde Font-Gavalda réside à Canet. La numéro 4, Marie-Thérèse Fesenbeck habite à Villeneuve-de-la-Raho. Et Louis Aliot habite à Saint-Cloud plus souvent qu’à Millas. Voilà ce qu’il en est, seulement pour les cinq premiers de la liste.

Toute l’histoire du SMS d’Aliot est à lire dans L’Indépendant de ce jour, samedi 21 mars.

Fabrice Thomas

Contact : c.politique@orange.fr

L’ivresse du pire ou le renouvellement des pratiques politiques

Que le Front National donne de la ville de Perpignan une image sinistre est dans l’ordre des choses. C’est conforme à son idéologie mortifère. Il faut que ça aille mal, toujours plus mal pour qu’il parvienne à imposer ses solutions radicales. Mais on comprend mal qu’autant de candidats lui aient emboité le pas.

21 mars 2014 028

Légende : La réalité : au centre ville de Perpignan, moins de 5% des commerces sont fermés.

La liste des jeunes engagés, dont l’initiative est pourtant des plus intéressantes, s’est, elle aussi laisser happer par le tourbillon de la dépression ambiante.

Par contre nous comprenons très bien ce que disent ces jeunes quand ils écrivent : « Faire un programme ? Comme les candidats traditionnels ? Ce n’est pas notre truc ! Ces programmes ne sont qu’une compilation de mensonges : d’ailleurs rien de ce qui a été promis en 2008 et 2009 n’a été tenu par les élus en place… »(profession de foi )

Les jeunes engagés ne sont pas les seuls à penser que les promesses sont faites pour ne pas être tenues. Cette opinion est largement partagée.

Hannah Arendt écrit : « Il n’a jamais fait de doute pour personne que la vérité et la politique sont en assez mauvais termes, et nul autant que je sache, n’a jamais compté la bonne foi au nombre des vertus politiques. Les mensonges ont toujours été considérés comme des outils nécessaires et légitimes, non seulement du métier de politicien ou de démagogue, mais aussi celui d’homme d’Etat.» Ensuite elle pose une question : « Est-il de l’essence même de la vérité d’être impuissante et de l’essence même du pouvoir d’être trompeur ? » Essai Vérité et politique. Volume La crise de la culture.

La politique est en crise, mais c’est une bonne crise, une crise utile. La parole et les pratiques politiques sont rejetées parce qu’elles sont trompeuses et mensongères.

Il faut donc proposer des solutions pour remédier à cette grave crise de confiance.

C’est ce que font les listes conduites par Jean Codognès, Jean-Marc Pujol et Clotilde Ripoull. Aux municipales de 2008 et de 2009, Codognès et Ripoull dénonçaient diverses dérives. Même si en 2014 ils continuent à pointer du doigt un certains nombres de travers, comme le clientélisme, leur programme met en avant des propositions pour faire évoluer les pratiques politiques. Ils ont, ainsi que Jean-Marc Pujol signé la charte municipale d’Anticor. La mise en pratique de ses engagements exigeants représenterait une avancée très importante en matière de : Non cumul des mandats et des fonctions exécutives, de transparence, de reconnaissance de l’opposition, de participation citoyenne, de publicité des informations, de traitement des atteintes à la probité, de prévention du trafic d’influence, de choix des organismes financiers prêteurs.

Mais si les listes Codognès, Pujol et Ripoull ont fait un grand pas qui va vers une évolution des pratiques politiques, elles gardent un pied dans le passé. Ne serait-ce qu’au niveau du discours.

Pour que la parole politique retrouve de la crédibilité il faut aussi que les candidats apprennent à respecter les électeurs. Clotilde Ripoull annonce qu’élue, elle investirait 300 millions en six ans dans le développement économique, qu’elle créerait 4 pôles de compétitivité et que ça créerait 10 000 emplois privés. Ce n’est pas raisonnable. Ça défie la réalité économique.

Jacques Cresta est lui d’une totale mauvaise foi. Il promet un service public de l’eau dès 2014 alors que le marché avec Véolia vient d’être reconduit pour 12 ans. Sans d’ailleurs que les élus socialistes de l’agglo s’y soient opposés. Mieux ! ils l’ont approuvé. Et rompre le contrat avec Véolia aurait un coût phénoménal. Dans son tract sur l’eau, Jacques Cresta déclare : « Non à un maire et à un conseil municipal qui par leurs décisions enrichissent une multinationale ». C’est pourtant lui, qui est conseiller régional et Christian Bourquin qui ont fait le forcing pour que la gestion de plusieurs aéroports, dont celui de Perpignan, soit confiée à Véolia.

C’est formidable le bus gratuit. Mais ça coûte combien ? Il n’y a pas le début d’une étude financière. C’est juste un attrape électeurs. C’est vrai que c’est séduisant. Comme le train à 1 euro promis en 2010. Les usagers de la ligne Perpignan-Villefranche sont contents. Mais ceux des autres lignes nettement moins. Il n’est pas possible de continuer à traiter les électeurs ainsi, sauf à vouloir en faire des abstentionnistes ou à vouloir gonfler les rangs de ceux qui vont voter pour la dynastie Le Pen.

Jean Codognès a fait un effort pour crédibiliser son grand projet. Il a fait appel à un spécialiste du Tramway, Marc Le Tourneur, expert mobilité et déplacements urbains, ancien directeur des réseaux bus-tram de Strasbourg et de Montpellier. Sur la base des éléments qu’il donne, le projet semble convaincant, mais il manque une étude approfondie qui réponde aux questions que l’électeur pourrait se poser sur son coût et sa faisabilité. Il s’agit là d’un projet de grande ampleur, une ligne de 10 km reliant l’hôpital à l’université, pour lequel on ne peut pas se prononcer favorablement uniquement parce que c’est un moyen de transport séduisant et que les vieux Perpignanais ont la nostalgie du tramway. Un tramway dont Claude Simon a fait l’élément central du plus court et du plus accessible de ses romans, Le tramway. Le diable se loge dans les détails. Sur son site de campagne Jean Codognès, on voit une photo d’un tramway ainsi légendé : « Remplacer le bitume par un espace vert, c’est possible ! » Oui mais dans une ville où il pleut tout au long de l’année. A Perpignan la pelouse est une aberration car son arrosage nécessite une quantité d’eau beaucoup trop importante.

21 mars 2014 026

(Un lecteur nous signale que c’est une photo du tram de Mulhouse. Merci à lui.)

La liste Pujol promet 300 places de parking place de Catalogne. Comme en 2008 et 2009. Il a d’ailleurs été considéré urgent de fermer les Parcoville pour construire ce nouveau parking. Plus de 200 places de parking gelées depuis 2010. Pour rien. Et pour combien de temps encore ? Cela aurait mérité quelques explications.

Nous pourrions dresser une assez longue liste des trompes électeurs. C’est Cresta dont les mandats de conseiller régional et de député n’apparaissent sur aucun tract. Aliot a fait la même chose avec le logo du FN.

Et oui, plus grand monde n’est dupe, cette façon de faire de la politique fonctionne de moins en moins. Et dans ces conditions, il ne faut pas s’étonner que ces municipales ne captivent pas les foules.

En reprenant l’idée d’Arendt, on peut affirmer qu’il n’est pas dans l’essence de la vérité d’être impuissante et du pouvoir d’être trompeur. A nous électeurs de ne pas nous résigner. Surtout si nous mesurons l’ampleur des risques.

Mais comme l’écrivait Montesquieu : « On va au mal par une pente insensible, et on ne la remonte au bien que par un effort. »

Fabrice Thomas
contact :c.politique@orange.fr

Impressions de campagne (8)

Une réac sur la liste de Jacques Cresta

On a beaucoup parlé de l’arrivée d’Olivier Amiel sur la liste de Jean-Marc Pujol, mais celle de Christine Gonzalez sur la liste de Jacques Cresta est presque passée inaperçue. Elle a été conseillère municipale dans la majorité Alduyste de 1993 à 2008. Alduyste mais pas dans la mouvance centre droit. C’était la droite dure.

Elle était au MPF de Philippe de Villiers et de Charles Pasqua. Mouvement dont elle a été candidate aux élections législatives de 2007. Dans sa profession de foi on lisait : « S’opposer à l’adoption d’enfants par les homosexuels et soutenir le mariage fondé sur l’union d’un homme et d’une femme. », autre engagement : « A l’assemblée nationale, j’exercerai une mission vigilante pour éviter tout recul en cas de bras de fer avec la gauche, la rue ou les syndicats qui bloquent les réformes dont notre pays à besoin. » On pouvait aussi lire dans l’encadré signé Philippe de Villiers : « Le candidat que je présente dans votre circonscription est animé de la même fidélité aux convictions de la droite. Je sais pour le connaître personnellement qu’il saura vous représenter. Vous pouvez lui faire confiance et lui accorder votre suffrage. »

Aliot : pas de subvention pour le MRAP

Jacqueline Amiel-Donat a récemment rappelé que lorsqu’il était conseiller municipal de Perpignan, en 2008-2009, Louis Aliot avait voté contre l’attribution d’une subvention au MRAP (Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples). Pour le FN cette question n’est pas un détail. C’est l’un des dix points de la charte des municipales qu’a adopté son bureau national : « Refuser toute subvention et toute aide à des organisations ou des projets communautaires. » Car pour le parti d’extrême-droite, le MRAP est considéré comme une organisation communautarisme. Mais qu’est-ce qui est communautaire et qu’est-ce qui ne l’est pas ? Quand Louis Aliot drague la communauté gitane ce n’est pas du communautarisme. Quand ce sont ses adversaires qui le font, c’est du communautarisme.

Communautariste le MRAP ? Louis Aliot ignore sans doute que le MRAP des P-O s’est exprimé sur le racisme anti-blanc. Il considère qu’il est condamnable, comme toute forme de racisme.

Dans la proposition du FN on voit revenir l’arbitraire qu’il avait appliqué dans les villes qu’il a géré dans les années 1990. Un sectarisme qui avait largement contribué au rejet des Lepénistes. A Toulon, ville gagnée par le FN avec 37% des voix en 1995, à la fin du mandat les Toulonnais n’étaient plus que 8% à vouloir garder un maire d’extrême-droite.

Canohès encore

Les colistiers de Marti Cama, candidat divers droite avaient collé sur les panneaux électoraux une affichette indiquant la date de la réunion publique, le mercredi 19 mars. Des mains anonymes l’ont recouverte d’une affichette portant la date du 20 mars.

20 mars 2014 019

Une excellente note pour la mairie de Perpignan

Le trésorier principal a autorisé la mairie de Perpignan à nous communiquer copie de son courrier relatif à la note attribuée à la qualité comptable de la mairie. La ville de Perpignan a bien obtenu la note de 19,50 sur 20. Une seule ville de plus de 100 000 habitants sur 42 fait mieux que Perpignan. De son côté le trésorier principal, M. Cabau, nous a transmis la liste des items de l’indice de la qualité des comptes locaux.

Nous avons montré ces documents à un bon connaisseur des finances locales politiquement neutre pour qu’il nous donne son avis. Il souligne l’intérêt de cette note. Selon lui, « La qualité comptable témoigne d’une rigueur exemplaire du service financier de la ville qui établit des comptes sincères qui sont la marque d’une bonne gestion ».

Désolé de réécrire la même chose, mais la réalité n’est ni noire, ni blanche. Il y a des domaines où la ville n’est pas bonne et d’autres où elle s’en sort plutôt bien.

Fichier ethnique

Marine le Pen a tweeté en s’étonnant que la presse ne s’intéresse pas au fichier ethnique de la mairie de Perpignan. Le problème de cette affaire c’est qu’elle gravite beaucoup autour du FN. C’est M. Belkiri, colistier de Louis Aliot qui l’a rendue publique après que M. Bellebou, autre colistier de Louis Aliot ait porté plainte. Ce dernier nous a déclaré avoir, vers le 10-12 janvier, trouvé dans sa boîte à lettres, un fichier de 5 pages ne comportant que des noms de personnes d’origine maghrébine, toutes employées à la mairie. Des faits qui sont antérieurs au vol d’un fichier au service du personnel de la mairie. Il ne reste plus qu’à espérer que l’enquête de la police permette de faire la lumière sur ces histoires de fichiers. En attendant, la plus grande prudence s’impose.

Supplément de L’Express

Du temps ou L’Express confiait ses suppléments P-O à Jacques Molénat, nous lisions la prose d’un journaliste qui connaissait bien le département. Ce n’est pas le cas avec le dossier que le magazine consacre à l’élection municipale de Perpignan. Dès la troisième ligne, on apprend que Jean-Paul Alduy était maire UMP. Clotilde Ripoull a « un discours résolument à droite ». Cette dernière n’a pas rencontré de journaliste de L’Express. Et si l’envoyé de l’hebdo avait pris le temps de lire les journaux de campagne de la liste Perpignan Equilibre, il aurait pu constater que son positionnement politique est nettement centriste. Le journaliste rapporte que Jean Codognès est surnommé « la girouette ». Par qui ? Nous n’avons jamais entendu ça à Perpignan. Surtout qu’il est plutôt d’une grande constance dans ses valeurs et ses idées. Il n’a d’ailleurs, contrairement à ce qui est écrit, jamais été au Modem. Plus grave encore, Jean-Marc Pujol est qualifié « d’ancien militant du groupe d’extrême-droite Occident ». Le maire de Perpignan a toujours nié l’appartenance que la rumeur lui attribue. Sylvain Rolland à t-il des preuves ? Passons sur les analyses qui pour la plupart révèlent une bien faible connaissance de la scène politique locale.

Budget de campagne et remboursements par l’Etat

Quel est le budget de campagne des listes qui sollicitent les suffrages des Perpignanais ? L’Echo du Roussillon a eu la bonne idée de le demander aux candidats. Voici leurs réponses : Jacques Cresta 85 à 90 000 euros. Louis Aliot : 80 000 euros. Jean Codognès : 60 000 euros. Clotilde Ripoull : 60 000 euros. Le maire sortant, Jean-Marc Pujol n’a pas donné suite aux sollicitations du quotidien départemental.

Pour compléter ajoutons que l’Etat rembourse une grande partie des dépenses électorales des candidats. Il y a, bien sûr, des conditions. La première est d’atteindre la barre de 5% des suffrages exprimés. Le mandataire du candidat doit tenir des comptes de campagne selon des normes précises puis déposer ses comptes à la commission nationale des comptes de campagne. Et c’est après contrôle et validation que le candidat pourra être remboursé.
Les fournisseurs ne peuvent pas attendre les remboursements de l’Etat pour être payés. La plupart des candidats, en fait la tête de liste, financent donc les dépenses en contractant un prêt auprès d’une banque.

Pour une liste présente au premier tour à Perpignan le plafond des dépenses est de 0,93 euro x 118 000 habitants = 109 740 euros. Sur ce montant l’Etat rembourse au maximum 50%, soit 54 870 euros
Pour une liste présente aux deux tours, le plafond sera de 1,31 x 118 000 habitants = 154 580 euros. Remboursé par l’Etat, au maximum, 77 290 euros.

Une liste qui n’aura pas dépensé plus de 50% du plafond pourra donc être remboursée de la totalité de ses dépenses.

Ajoutons que les dépenses de campagne ne doivent pas dépasser le plafond. C’est un motif de rejet des comptes de campagne et de non remboursement par l’Etat. Et ça peut même constituer une infraction.
L’Etat rembourse également, avec des modalités différentes, les frais du matériel de propagande, profession de foi envoyé aux électeurs, affiches collées sur les panneaux officiels et les bulletins de vote. Mais toujours à la condition d’avoir obtenu au moins 5% des suffrages exprimés.

L’élection municipale de Perpignan coûtera chère, quelques centaines de milliers d’euros au contribuable. Un coût dont personne (ou presque) ne contestera l’utilité.

PS : Dans L’Indépendant du 20 mars la liste Pujol indique un budget de 120 000 euros.

Les corbeaux sortent de préférence en période électorale

Elle arrive par La Poste et par centaines d’exemplaires la fausse lettre de l’Amicale des Algériens en Europe. Et même dans la boîte aux lettres de personnes d’origine marocaine. Ce qui prouve que les expéditeurs n’utilisent pas un fichier de l’Amicale ou du consulat pour envoyer cette « lettre ouverte à nos compatriotes Algériens ». Petit extrait de cette prose assez misérable : « Ce traître et espion (Pujol) ne doit pas être soutenu d’aucune manière, cet imposteur démasqué par nos hauts dirigeants politiques, a trahi ses engagements vis-à-vis de notre belle ville de Mostaganem, faisant notamment échouer le jumelage. » Et ça se conclut par un appel : « Votez et faîtes voter contre ce traître à la Nation Algériennne. »

Saint-Cyprien : nouvelle affaire de camping

A Saint-Cyprien, on tourne un nouvel épisode de la série « Camping ». Mais un épisode sombre. Jean Jouandet alias Pugnace qui a fait des conditions de la vente d’un camping municipal son cheval de bataille se retrouve en position d’accusé dans la tragédie du Grand-Bornand. En 1987, la crue subite d’un torrent gonflé par des chutes de pluie considérables avait emporté une partie d’un camping privé et fait 23 victimes. Jean Jouandet était alors préfet de Haute-Savoie.

Dix ans après la commune et l’Etat ont été reconnus responsables et condamné à indemniser les victimes. Cela implique t-il la responsabilité du préfet en poste à l’époque du drame ? Non, répond Jean Jouandet qui dénonce une méprisable calomnie venant du camp Del Poso et il apporte des précisions sur son rôle : « Le préfet qui a autorisé la création du camping et qui, pour cela, est visé dans le jugement de 1997 est le préfet en fonction à Annecy en 1973 » et Pugnace poursuit « Le préfet de 1987, Jean Jouandet, qui a géré les conséquences du drame n’est nullement visé dans le jugement et n’a jamais été recherché en responsabilité. » M. Jouandet joint la copie d’un jugement dont les termes sont sans équivoque. Le préfet mis en cause est celui qui quinze ans plus tôt, en 1973, avait autorisé l’ouverture du camping.

L’histoire du camping du Grand-Bornand a été déterrée par le site Saint-Cyprien. Un Catalan déçu par son opposition. Une publication anonyme. Profitons-en pour regretter que dans son livre Le mairisme, une lecture très intéressante, Jean Jouandet ne nomme pas les personnes qu’il met en cause. Elles se reconnaissent et sont reconnues, mais elles se trouvent privées de la possibilité de poursuivre l’auteur si elles se considèrent diffamées. Un procédé d’autant plus regrettable que son auteur prétend incarner le droit et la droiture.

Dépenses de campagnes (précisions)

Le staff de Jean-Marc Pujol nous avait assuré que l’agence de publicité perpignanaise traitait obligatoirement avec un imprimeur local, sans nous donner de nom. Nous avions donc écrit : « A vérifier ! ». C’est fait. Tous les travaux sont confiés à l’Imprimerie du Mas à Cabestany. Par contre, le retard de livraison du matériel électoral (profession de foi et bulletins de vote) de la liste Cresta a permis d’apprendre que le camion venait de l’Hérault.

Dernier de la liste

Plusieurs listes perpignanaises ont offert la 55 ième et dernière place de la liste à des célébrités locales : André Bonet, président du CML sur la liste Pujol. Alex Fonbernat, « Perpignanais de toujours » sur la liste de Jean Codognès. Nicolas Caudeville, journaliste (larchipelcontreattaque.com) et surtout agitateur culturel et politique sur la liste Belliard Amiel-Donat. Le dernier de la liste de Louis Aliot, Jean Dominois est un militaire en retraite. Ce lieutenant-colonel s’est particulièrement illustré comme pilote d’hélicoptère dans la Sécurité Civile. Il a sauvé de nombreuses vies, souvent au péril de la sienne. Ce qui lui vaut d’avoir le grade de Commandeur de la Légion d’Honneur. Il est lui aussi bien connu dans les P-O.

Tromperie

Philippe Saintlos, colistier de Jacques Cresta est sur le journal de campagne présenté comme « Porte-parole des Verts dans les P-O ». Ce qu’il a été, il y a déjà quelques années de ça.

Fabrice Thomas
Contact : c.politique@orange.fr

Canohès : chronique d’une dérive anti-démocratique

Vincent Legroux, tête de liste divers droite, nous a informés, en janvier, que la mairie de Canohès n’avait pas donné suite à sa demande de consultation du compte administratif de la commune. Les obstacles de ce genre ne sont hélas pas rares. Nous lui avons conseillé de saisir la CADA (Commission d’accès aux documents administratifs). Dans les semaines suivantes, il nous a de nouveau alertés sur une succession d’entraves. Nous lui avons demandé de bien vouloir rédiger une petite note précisant les faits. Aussitôt dit aussitôt fait. Le résumé des évènements montrait que le maire de Canohès avait mis des bâtons dans les roues à toutes ses demandes. Afin de vérifier et de creuser le sujet nous sommes allés rencontrer Vincent Legroux et une douzaine de ses colistiers. Courriers, documents et témoignages à l’appui, nous avons examiné chaque problème.

Compte administratif :
faute d’y avoir accès et d’en obtenir copie à la la mairie, M. Legroux, a adressé, le 13 janvier, un courrier en recommandé au maire de Canohès, Jean-Louis Chambon. Ne voyant rien venir, il a téléphoné à la mairie où on lui a répondu que le courrier avec les documents était en attente de signature du maire. Le délai légal de 30 jours écoulé, le candidat a, le 17 février, saisi la CADA. Cette dernière a, le 27 février, rendu un avis positif qui a été transmis au demandeur et à la mairie. Au final, V. Legroux a attendu le 10 mars pour rentrer en possession des documents demandés. Il faut savoir que le compte administratif qui est une photographie de la situation financière de la commune est un document que tout citoyen doit pouvoir consulter en mairie sans demande préalable et qu’il doit pouvoir, s’il le souhaite, obtenir des photocopies. La mairie a facturé les 211 pages de photocopie 52 euros. Ce qui n’est pas critiquable, mais il y a des mairies qui fournissent gratuitement les copies des documents demandés.

Attestation d’inscription sur les listes électorales : ce document individuel est indispensable pour déposer la liste des candidats à la préfecture. La personne qui le demande l’obtient généralement sur place à la mairie, sans délai. Pas à Canohès. Les services municipaux ont fait trainer plusieurs jours. Une colistière, Mme Poillon dit l’avoir attendue douze jours et ne l’avoir obtenue que la veille de la date de clôture du dépôt des candidatures en préfecture. Le tête de liste a informé la préfecture des difficultés rencontrées et déclare que celle-ci serait intervenue auprès de la mairie afin qu’elle délivre les attestations en attente.

Demande de copie de la liste électorale : Elle est généralement fournie sans délai ou très rapidement aux candidats qui en font la demande : M. Legroux explique qu’il a fait sa première demande le 3 février et qu’il lui a été demandé d’attendre le 10, la liste électorale n’était pas encore à jour. Puis il a demandé qu’on lui communique la liste en l’état. Il lui a été répondu que ce n’était pas possible. Puis on a fini par lui promettre, toujours oralement, de la lui fournir à la fin du mois de février. Il n’a finalement rien obtenu.

Réservation de salles : En général, surtout dans un village ou une petite ville comme Canohès on se renseigne à la mairie sur les disponibilités, on met une option de réservation orale sur des dates que l’on confirme par écrit. A Canohès c’est très différent. En tous cas pour la liste de M. Legroux. Impossible d’avoir connaissance du planning de réservation. Il faut faire un courrier. Puis en mairie on vous dit qu’il faudra attendre huit jours pour instruire votre demande et vous faire une réponse. Le courrier a été déposé en mairie le 21 février. M. Legroux a reçu une réponse datée du 27 février. Elle est signée du maire qui écrit : « Je vous indique que cette salle n’est pas disponible aux dates demandées. » Retour à la case départ. Nouveau courrier au maire avec une demande de salles pour les 21 et 27 mars. Réponse écrite du maire une semaine plus tard, le 10 mars : « Je vous informe qu’aucune salle n’est disponible aux dates demandées…»

Devant l’accumulation des obstacles, Vincent Legroux a adressé un courrier au préfet pour l’informer des obstructions et excès de pouvoir du maire de Canohès. Hasard ou résultat de l’intervention du préfet, les réservations de salles de réunion ont abouti cette fois. Avec tout de même une particularité canouharde inhabituelle en période électorale. Il a été demandé une attestation d’assurance pour chacune des réunions et un chèque de caution qui pour les deux dates s’est élevé à 2 300 euros. Nous avons téléphoné dans plusieurs mairies et interrogé quelques candidats, aucun ne s’est vu demander d’assurer la réunion et de faire un chèque de caution.

Pressions et menaces : Les membres de la liste de M. Legroux déclarent d’une seule voix que le maire a instauré un climat de crainte et que les pressions sont nombreuses. Ils racontent plusieurs cas sans nous autoriser à citer de noms afin d’éviter de créer ou d’aggraver les difficulties de certaines personnes.

La convocation de Gérard Bled à la gendarmerie illustre les méthodes et le climat qui règne. Numéro 3 sur la liste, c’est une personnalité très honorablement connu dans notre département. Ce chef d’entreprise qui a présidé le Conseil des Prud’hommes exerce des responsabilités dans diverses structures. Il a, le 5 mars, à la demande du maire, été convoqué à la gendarmerie du Soler suite à une altercation à la mairie le jour- même. M. Bled a répondu au gendarme (PV du copie d’audition) : « J’ai effectivement haussé le ton, mais à aucun moment je n’ai été insultant ou menaçant. Comme elle ne voulait pas me remettre les attestations de la liste électorale, j’ai quitté les lieux. La police municipale était présente, mais l’agent n’est pas intervenu. » Et il ajoute : « Ce n’était pas la première fois que je venais à la mairie. Je me suis présenté à trois reprises. » Cet exemple illustre également la difficulté que les candidats ont eu à obtenir l’attestation d’inscription sur les listes lectorales.

Marti Cama, tête d’une autre liste divers droite, déclare que ses colistiers ont rencontré les mêmes difficultés pour obtenir l’attestation d’inscription sur les listes électorales. A tel point qu’à quelques jours de la date de clôture du dépôt des listes, il a demandé à quatre de ses colistiers de rester à la mairie et d’y demeurer tant que les attestations ne leur seraient pas délivrées. Cette détermination a été productive. Il n’a pas manqué d’alerter le préfet sur la situation.

M. Cama a, lui aussi, demandé la liste des électeurs, et cela par courrier recommandé. Divers prétextes lui ont été donnés pour remettre à plus tard la réponse à sa demande et il n’a finalement pas obtenu satisfaction. La réservation de salles, a pour lui aussi, été très compliquée. Elu dans l’équipe du précédent maire, il tient à préciser que jamais un candidat n’avait eu à fournir une attestation d’assurance et un chèque de caution. Afin de s’assurer que tous les candidats étaient logés à la même enseigne, une de ses colistières s’est rendue à la mairie où elle a demandé à voir l’attestation d’assurance et le chèque de caution de M. Chambon. Ce sont des pièces consultables. Cette demande a suscité un grand embarras et elle s’est conclue par un refus. Plus grave, M. Cama dénonce des pressions visant à dissuader des personnes d’être candidates.

En prenant bien des précautions (qui sont anormales dans un pays libre) nous avons pu nous entretenir avec un employé de la mairie de Canohès. Afin de ne pas permettre son identification, nous ne rapporterons aucun fait précis, juste quelques mots qui en disent long : “ Nous sommes condamnés à nous taire et à obéir, nous sommes bien involontairement les complices de pratiques qui sont contraires à l’éthique du service public, mais nous sommes des victimes et il y a des personnes qui vivent une souffrance psychologique “.

A Canohès, la campagne avait curieusement débuté. Au mois de janvier, M. Chambon avait fait distribuer un tract titré : “ Attention, nos opposants dépassent les bornes ! “. Il portait de vives accusations contre eux : “ Ils fabriquent de fausses pétitions, n’hésitant pas à faire signer des feuilles vierges… Ils propagent des rumeurs de nature à vous inquiéter… Ils n’hésitent pas à attaquer l’intégrité professionnelle de certains d’entre nous….” Et il concluait par un appel : “ Restez vigilants, ne vous laissez pas intrumentaliser par ces individus avides de pouvoir…”. Au regard des faits, le contenu de ce tract laisse penser que M.Chambon voulait, dès le début de la campagne, discréditer, sans discernement, l’ensemble de ses opposants en leur prêtant les plus noires pratiques et les plus noirs desseins. De là à penser que le maire sortant accusait les autres de ses propres turpitudes…

M. Chambon n’a pas donné suite à notre demande d’entretien. Mais nous sommes prêts à le rencontrer s’il est d’accord pour répondre à nos questions sur chacun des griefs qui lui sont faits.

Bien que dans la majorité des communes la campagne électorale se déroule normalement, il n’est tout de même pas rare que des maires s’illustrent par des abus de pouvoir qui visent à nuire à des candidats adverses. Mais à Canohès, la situation a atteint un niveau probablement jamais vu dans le département.

Fabrice Thomas

Contact : c.politique@orange.fr

Fichier communautaire : des accusations qui sentent vraiment mauvais !

Aliot a réussi son coup, la presse locale a largement repris ses attaques contre la mairie de Perpignan qu’il accuse d’avoir constitué un fichier des fonctionnaires territoriaux par ethnie ou origine. Relayer des accusations aussi graves sans procéder à des vérifications sur la réalité des faits ne fait-il pas un peu facilement le jeu du FN ?

A la manœuvre, Roger Belkiri, colistier de Louis Aliot qui écrit : « J’apprends ce jour qu’une enquête a été diligenté par le parquet suite à la saisine d’un représentant d’une association harkie, concernant l’existence d’un fichier municipal classant les fonctionnaires territoriaux par ethnie ou origine. »

Quel représentant, quelle association ? Pourquoi ne se sont-ils pas nommés ? Pourquoi ne se sont-ils pas fait connaitre ? Comment M. Belkiri en est-il informé ? Au regard du flou qui entoure ses accusations on peut se demander si le représentant de cette association de harkis n’est pas un proche du FN.

Louis Aliot appuie ses accusations sur un interview de Jean-Paul Alduy publié par L’Indépendant il y a près de dix ans, le 29 juin 2005, quelques semaines après les émeutes du 23 mai… Thomas Hirsch demandait au maire : « Soyons clairs : pour des raisons politiques, favorisez-vous la population gitane de Saint-Jacques, notamment en terme d’emplois municipaux ? Réponse de JPA : « On n’a pas le droit en France de distinguer dans l’embauche l’origine ethnique ou les opinions politiques des gens. Heureusement d’ailleurs. Pour couper court aux rumeurs je tiens à communiquer quelques chiffres : l’ordre de grandeur des fonctionnaires municipaux français d’origine Gitane employés doit être de 80. L’ordre de grandeur des fonctionnaires municipaux français d’origine maghrébine employés doit être de 200. Soit un total de 2 500 employés ; on est loin des fantasmes évoqués ici et là ! »

Louis Aliot tire de la lecture de cet interview, la certitude de l’existence d’un fichier communautaire : « Comment le maire peut-il ignorer ce fichier puisque son prédécesseur était très précis dans ses affirmations chiffrées ? »… « Cet article du journal L’Indépendant du 23 juin 2005 prouve la réalité d’un fichier précis. »

A l’époque où le maire de Perpignan a fait cette réponse à L’Indep, des tas de rumeurs faisaient régner un climat délétère. Selon la plus répandue : des centaines de gitans travaillaient à la mairie de Perpignan et pratiquement personne d’origine Maghrébine. Sérieusement, n’importe quel maire qui connait sa mairie est en mesure de donner des indications sur la composition du personnel de sa commune sans avoir besoin de constituer un fichier ethnique. Il a également des directeurs de service qui peuvent le renseigner. Et dans le contexte des évènements de 2005, où les dégâts provoqués par la rumeur dépassaient les dommages matériels, il était indispensable que le maire apporte des éléments de réponse.

En l’état actuel, les accusations de constitution d’un fichier ethnique des personnels municipaux de la ville de Perpignan évoque principalement l’hypothèse d’une provocation du FN se situant dans la bonne tradition de l’extrême-droite.

 » Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose  »

Fabrice Thomas

Contact : c.politique@orange.fr

Dépenses de campagne : une petite enquête instructive

L’impression des tracts et journaux est de loin la première ligne des budgets de campagne, autour de 70%. Et comme nos candidats se targuent tous de vouloir défendre l’activité locale. Nous avons eu la curiosité de regarder de près les tracts de quelques candidats de Perpignan, afin de savoir où ils étaient imprimés.

Sur l’ensemble des tracts de la liste Pujol figure un numéro de registre du commerce. C’est celui de l’agence de publicité perpignanaise Serbacan. Un bon point car ce n’est pas l’agence de publicité qui a le marché de communication de la ville. Ce n’était pas le cas en 2008. L’impression est faite localement, nous a-t-on catégoriquement assuré au QG de campagne. D’accord mais où ? On nous a expliqué que l’agence de pub qui s’occupe des marchés et du suivi de l’impression traite obligatoirement avec des imprimeurs locaux. A vérifier !

Aucun des tracts et journaux de campagne de Clotilde Ripoull ne porte les références d’un imprimeur. A 750 euros d’amende par tract, son budget de campagne pourrait exploser. Elle nous a répondu que l’impression de ses tracts était confiée à Sinthe (Perpignan) et son matériel électoral (profession de foi et bulletin de vote) à L’Imprimerie du Mas (Cabestany). Son journal de campagne l’Indépendante est imprimé à Girona. Elle déclare qu’elle n’avait pas le choix car il est imprimé sur du papier presse en rotative. Type d’impression que l’on ne trouve pas dans les P-O. Mais on en trouve en Languedoc-Roussillon

Du côté de la liste Aliot, c’est un peu compliqué. Il y a des tracts qui ont été imprimés par NPC, une imprimerie de l’Yonne. D’autres sur lesquels il n’y a pas de numéro de registre du commerce. Quand à l’imprimé le plus important, le journal de campagne il porte un numéro de registre du commerce. C’est celui de Eve Juan. Une « designer » à l’activité discrète. Pas de trace dans l’annuaire et dans google. Une discrétion inhabituelle dans le monde de la communication. Que cela cache t-il ?

Les documents de Jean Codognès sont en conformité avec la loi car on y trouve toujours le numéro de registre du commerce de son imprimeur, Encre Verte, une entreprise Perpignanaise installée au Bas-Vernet. Le candidat du tramway est conseillé par l’agence de pub Montpelliéraine Wonderful. Son patron, Laurent Blondiau était dir com de la région sous Georges Frêche.

Aucun imprimé de la liste Cresta ne comporte la moindre référence légale. Ça va lui coûter cher ! Et Marc Lagae, le directeur de campagne ne veut pas répondre à nos questions. Nous n’apprendrons pas à ce professionnel de la défense des consommateurs que les mentions obligatoires sont obligatoires. Sans réponse, il a fallu chercher. Jacques Cresta a fait appel à une agence de publicité de Montpellier, Ouvert au Public. Son patron Frédéric Tubiana a ses entrées à la Région. Il y fait des prestations mais il n’a pas accès aux grands marchés qui restent la chasse gardée de Pascal Provencel. Jacques Cresta a-t-il fait imprimer tout son matériel de campagne hors des P-O et plus précisément en Espagne ? C’est ce qui nous a été dit. Mais si Marc Lagae souhaite compléter l’information des lecteurs de cestPolitique, il nous passera un petit coup de fil.

De ce petit tour d’horizon se dégage la nette impression que les imprimeurs espagnols ont fait leur beurre. D’accord c’est moins cher. Mais que se passerait t-il si on achetait tout la-bas ? D’autant plus qu’au final c’est le contribuable français qui va payer les factures d’imprimerie car l’Etat Français va rembourser les dépenses de campagne des candidats qui auront atteint la barre des 5%.

Fabrice Thomas
Contact : c.politique@orange.fr

Municipales : trop de caricature

Le discours politique est comme la caricature, il exagère toujours le trait.

Le premier tract de Jacques Cresta commençait pas ces mots : « Depuis trop longtemps, Perpignan est à l’abandon… ». Dans le journal de campagne de la liste Perpignan Equilibre on pouvait lire un entretien avec la tête de liste : « Vous dressez un bilan inquiétant de l’état de Perpignan, de ses finances, de son commerce… ». Réponse de Clotilde Ripoull : « Il faut être réaliste. Perpignan n’a jamais été dans une telle situation depuis au moins 50 ans. Tous les indicateurs sont au rouge. »

Louis Aliot est le plus sombre, le plus négatif, le plus désespérant de tous les candidats. Il est vrai que c’est son fonds de commerce et que c’est le code génétique de l’extrême-droite. Elle prospère toujours en noircissant la réalité pour attiser les angoisses et les peurs. Plus que tout autre force politique, elle joue et prospère sur l’irrationnel et sur les émotions.

L’équipe sortante nous propose une vision évidemment plus positive et même presque idyllique de la ville. Comme dans son clip de campagne signé Cyril Tricot. Ça commence par un écran sur lequel on lit : « Dans un environnement exceptionnel ». Puis sur une musique apaisante défile quelques beaux paysages des P-O : le Canigou, le Cap-Béart… pendant 30 secondes. Puis un nouvel écran texte apparait : « Perpignan une destination au cœur de l’Europe » : on arrive en ville par la voie des airs. Une musique de blockbuster survitaminé accompagne un bombardement d’images : feu d’artifice au Castillet, théâtre de l’Archipel, Visa pour l’image, Le quai Vauban, le TGV , l’USAP, les Dragons… alternent avec des photos de Jean-Marc Pujol. Une vingtaine. Et le clip de 2,15 m se termine sur quelques mots du maire sortant : « Vous avez aimé. Perpignan pour tous, c’est ça, pour vous, avec vous. »

Les discours catastrophistes tout comme les discours glorifiants ne sont pas représentatifs de la réalité. Celle-ci est plus complexe, plus nuancée et aussi pleine de contrastes. Ecrire cela, c’est comme vouloir défoncer une porte ouverte tant c’est évident. Mais finalement pas si évident que ça.

Une campagne électorale lors de laquelle les sortants avoueraient qu’ils sont en échec face à tel ou tel problème et des opposants qui reconnaîtraient que dans tel domaine l’équipe qui a été aux affaires a fait du bon travail est inimaginable. Mais il nous semble pourtant que nombreux, très nombreux sont les électeurs lassés par des discours politiques manichéens, des discours trop coupés de la réalité.

Fabrice Thomas

contact : c.politique@orange.fr

Jacques est-il le nom de l’âne de Bourquin ?

En juin 2013, le magazine L’Expansion avait classé les députés d’après leur assiduité et leur activité. En 536 ième position sur 577, Jacques Cresta s’était retrouvé parmi les cancres.

Au moment où ce magazine sortait en kiosque, Jacques Cresta annonçait qu’il était membre de la commission d’enquête parlementaire sur l’affaire Cahuzac. Le député PS des P-O avait là l’occasion de redorer son blason.

Composée de 30 députés, la commission d’enquête a fait un travail important. Elle a procédé à des dizaines d’auditions durant l’été et l’automne 2013. Dans le rapport final, les comptes-rendus d’audition occupent 600 des 817 pages. On peut apprécier l’implication des membres de la commission au nombre et à la qualité de leurs interventions. Il y a des députés, tant de l’opposition que de la majorité, qui se sont beaucoup investis. Leurs interventions se comptent par centaines. Il y a des députés qui ne sont intervenus que quelques dizaines de fois, mais toujours avec un discours d’un bon niveau, comme deux élus du Languedoc-Roussillon : Christian Assaf, PS (Hérault) et Pierre MorelA-L’Huissier, UMP, (Lozère). Puis il y ceux, les moins nombreux, qui ont rarement pris la parole. Parmi ces derniers, il y en à un, le moins actif, vous devinez son nom, qui ne s’est exprimé que deux fois. Il a lors d’une audition posé deux petites questions.

Pourquoi Jacques Cresta est-il aussi peu investi dans l’exercice de son mandat de député ?

Ca ne l’intéresse pas ?

Il est dépassé par les exigences de cette mission ?

Il semble répondre à cette question en se fabriquant une image d’élu de terrain qui va en permanence à la rencontre des uns et des autres. Qu’un député soit à l’écoute est une bonne chose. Mais si ce n’est pas suivi d’un travail parlementaire, ça ne sert qu’a avoir sa photo dans le journal ou sur un blog complaisant.

Et voilà que celui qui prend racine parmi les élus les moins actifs de l’Assemblée Nationale demande aux électeurs de l’installer dans le fauteuil de maire, mais aussi dans celui de président de l’agglomération.

Comment est-ce possible ?

Il faut regarder la vérité en face. Si demain, il est maire et président de l’agglo comme il est député, ce sera tout simplement catastrophique pour la ville et pour l’agglomération.

Il y a un autre sujet important dont on s’étonne qu’à quinze jours du scrutin il n’ait pas été abordé.

S’il est élu, combien de temps Jacques Cresta restera-t-il maire ? La loi sur le cumul des mandats s’appliquera en 2017, à mi-mandat municipal. Quel mandat conservera-t-il ? S’il veux rester maire il devra démissionner de son mandat de député et sa suppléante lui succèdera. S’il souhaite conserver son mandat de député, il devra démissionner de son poste de maire et le conseil municipal élira un nouveau maire.

Le candidat PS aurait du, dès l’annonce de sa candidature aux municipales, exprimer clairement ses intentions. A défaut, la presse locale aurait du l’interroger jusqu’à ce qu’il donne une réponse suffisamment claire. Jacques Cresta n’a bien sûr pas envie que la presse aborde un sujet qui l’embarasse au plus haut point. Sans aucun doute. Mais les électeurs doivent savoir.

Fabrice Thomas

c.politique@orange.fr

Impressions de campagne (7)

Voter pour Saint-François

S’il est réélu maire du Soler, François Calvet fera don de ses indemnités. Leur montant annuel de 18 000 euros alimentera une bourse destinée à deux étudiants méritants résidant au Soler. Le choix des bénéficiaires, deux par an pendant six ans sera fait par l’université de Perpignan. Le sénateur maire déclare mettre en pratique la position qu’il a défendu au Palais du Luxembourg. Il est pour le cumul des mandats mais hostile au cumul des indemnités.

La décision de François Calvet à l’intérêt d’attirer l’attention sur ce cumul des indemnités qu’il considère comme une anomalie. Rappelons que les indemnités sont plafonnées à 8272 euros. Somme à laquelle s’ajoute, pour un parlementaire, l’indemnité mensuelle de représentation des frais de mandat (6 000 euros net pour un sénateur, 6 500 pour un député). En l’absence de justification de son utilisation, cette somme va en partie dans la poche des parlementaires. Un bonus qui n’est pas imposable.

Même si cette la décision du président de l’UMP des P-O est loin de valoir une bonne loi qui mettrait de l’ordre dans les privilèges des grands élus, on espère quand même qu’il sera imité par les autres parlementaires. A l’exception bien sûr de Bourquin dont on sait que les fins de mois sont difficiles. C’est fou ce que ça coûte d’entretenir une ânesse.

Bourquin se porte comme un charme

Christian Bourquin va très bien. Il l’a déclaré à L’Indépendant. Ce dernier n’a pas trop insisté. Il n’a pas demandé au génie de Millas pourquoi il apparaissait si souvent fatigué et parfois très affaibli. C’est peut-être à cause du cumul des mandats. Président de région et sénateur, ça fait du boulot pour deux personnes et lui fait ça tout seul. Il est donc normal qu’il soit épuisé. Et nous, peuple ingrat, nous cherchons des poux à cet homme qui se sacrifie pour nous.

A ce sujet, nous devons présenter nos excuses à La Semaine du Roussillon. Nous avons en effet écrit qu’elle avait pompé L’agglorieuse, l’hebdo satyrique de Montpellier. Pas du tout. Si l’info du site internet de La Semaine était pratiquement un copié collé de celle publiée une heure plus tôt par celui de L’agglorieuse, c’est tout simplement parce que les deux rédactions avaient travaillé de concert. Et d’un côté comme de l’autre, on précise que l’info sur la brève hospitalisation de Bourquin est une info qui a été vérifiée.

Louis Aliot : vraie ou fausse adresse ?

Louis Aliot a du mal à réunir ses colistiers. Ils n’étaient que 35 (sur 55) sur les marches du grand escalier de la place Molière (photo publié par L’Indép). Les mauvaises langues disent que certains ne veulent pas montrer leur tête et que d’autres ne sont pas montrables. Nous sommes certains que ce n’est pas vrai. Si on écoutait Louis Aliot, les gens se battaient presque pour être sur la liste du parti d’extrême-droite.

Il est tout de même étonnant que sur les 10 premiers de la liste, 5 n’habitent pas Perpignan. Sur les listes électorales, que chacun peut consulter au bureau des élections, nous avons eu la grande surprise de découvrir que Louis Aliot était domicilié dans le quartier Saint-Assiscle. Renseignements pris sur place, à l’adresse indiquée, une toute petite maison (tout l’opposé du château de Montretout), Louis Aliot n’habite pas là. Les deux résidents de la rue que nous avons interrogé ne l’ont jamais vu. Mystère !!!! Imaginons que Louis Aliot ne soit pas en règle, ça ferait du foin. On aurait encore toutes les télés à Perpignan. Et Marine Le Pen hurlerait au complot. Faisons confiance aux services préfectoraux, ils ont du vérifier tous les justificatifs.

Classements des villes : ça tombe comme à Gravelote

Il sort des classements de tous les côtés ! C’est comme les sondages, ça fait vendre du papier. Ils sont plus ou moins sérieusement faits.

Le magazine Le Point a publié un palmarès de l’absentéisme dans les mairies. A la première place et de loin, Montpellier avec un taux de 17,48%. Et en quatrième position, Perpignan, 13,18%. Le soleil, la plage ??? A Strasbourg, où il n’ont pas tous ça, la réputation des alsaciens d’être de gros bosseurs en prend un sacré coup, la ville occupe la troisième place avec un taux de 14,27%. La deuxième revient à Grenoble. Et Bordeaux la ville de Juppé est juste derrière Perpignan avec 13,09% d’absentéisme. L’article du Point a été fait d’après une étude réalisée par l’IFRAP, une fondation composée de chercheurs.

Comme c’est bientôt l’anniversaire de Pujol, le 4 avril, nous suggérons à ces colistiers de lui offrir Lutter contre l’absentiéisme , un bouquin consacré aux collectivités territoriales. Petite mise en bouche : « L’absentéisme a un fort impact sur le fonctionnement des collectivités territoriales, la Cour des comptes s’en est fait récemment l’écho. C’est donc une problématique majeure de la politique des ressources humaines. Lutter contre l’absentéisme est d’autant plus nécessaire que ce phénomène influe tant sur la masse salariale que sur la qualité du service public rendu. Cette action représente en outre une opportunité d’améliorer le climat social et les conditions de travail des agents, et de renouer un dialogue social de qualité entre les décideurs, les acteurs RH, les encadrants, les organisations syndicales et les agents, autour de nouveaux outils de gestion des ressources humaines. »

Si on devait classer les classements de la presse magazine, celui que vient de publier L’Express mériterait la mention spéciale « Pas du tout sérieux ». Le palmarès du meilleur maire des 34 grandes villes de France a établi par « 18 grands connaisseurs des collectivités locales ». Combien d’entre eux connaissent Perpignan qui arrive bonne dernière ? On doute que Jean-Pierre Raffarin et d’autres connaissent suffisamment ces 34 villes. Est-il bien sérieux de comparer, sans critères bien établis, des villes qui ont 500 000 habitants comme Lyon, avec des villes comme Perpignan qui dépassent tout juste les 100 000. Dans les différentes catégories, culture, environnement, économie, notoriété…Il y a chaque fois une dizaine de villes qui se retrouvent dernière ex-aequo. Ce qui montre bien le peu de sérieux de l’opération. L’Express n’est plus que l’ombre du grand magazine d’actualité qu’il a été. Ce qui faisait récemment dire à Jean-François Kahn, que son directeur, Christophe Barbier devrait passer un peu moins de temps sur les plateaux télé et un peu plus dans son journal.

Le siège de L’Indép aux couleurs du conseil général

Ça surprend et c’est plutôt gênant de voir la frise aux couleurs du conseil général sur la façade du siège de L’Indépendant, juste en dessous du nom du journal. Notre quotidien local a loué son rez-de-chaussée au Comité départemental du tourisme. Un satellite du conseil général présidé par Hermeline Malherbe. Certes les temps sont durs pour tout le monde et pour la presse plus durs encore. L’argent public est donc le bienvenu. Mais on ne va pas se raconter des histoires, plus une collectivité territoriale met d’argent dans un journal et plus elle attend de retour rédactionnel.

1 mars 2014 017

Fabrice Thomas

Contact : c.politique@orange.fr