Bourquin : Le Canard Enchaîné en remet une couche

Sous le titre « La Septimanie craint la septicémie judiciaire », l’hebdo satyrique du mercredi apporte de biens mauvaises nouvelles à Christian Bourquin.

Le Canard nous apprend que les magistrats de la chambre régionale des comptes ont : « transmis au parquet de Montpellier l’ensemble de leur rapport ainsi que les différentes pièces saisies lors du contrôle. Une enquête préliminaire pourrait être ouverte, notamment pour prise illégale d’intérêt. »

Dur, dur !

Mais ce n’est pas fini !

Une association de contribuables a mandaté maître Taoumi pour déposer une plainte visant les 400 000 euros de frais de bouche pour la seule année 2010. Ce qui a été fait le 28 mai.

Tous ces gens sont bien mal intentionnés.

Comment peuvent-ils s’en prendre à cet homme aux goûts si modestes qui pour son bonheur n’a besoin que d’un verre du lait de son ânesse et dont l’idéal gastronomique est, c’est lui-même qui le disait : « une pomme de terre arrosée d’huile d’olive de Millas » ?

Un lecteur nous fait remarquer, merci à lui, que nous avions omis de vous signaler que Christian Bourquin s’était fait épingler par Le Point, dans le numéro qui consacrait trois pages au couple Ferrand. Secrétaire de la section du PS de Perpignan qu’il contrôle autoritairement, Bourquin siège au Sénat dans le groupe divers gauche. C’est pour économiser les cotisations qu’un parlementaire doit à son parti ? Pas possible. Ce curé de la politique, c’est lui qui le dit, consacre la majorité de ses revenus à son combat politique. Disant cela, Bourquin ne ment pas. Car Christian Bourquin ne mène qu’un seul et unique combat, il se bat pour Christian Bourquin. Ces grands narcissiques sont des personnages trop faciles à décrypter. FT

PS : Reçu ce montage photo qui pourrait être titré, l’arroseur. En référence au titre du premier papier du Canard : « Les rois du Languedoc-Roussillon princes de l’arrosage ».
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Pas de Shoahnanas à Perpignan : Merci monsieur le maire

Le tribunal administratif de Montpellier a sans surprise annulé l’arrêté municipal interdisant à Dieudonné de se produire à Perpignan.

Mais le combat mené par le maire de Perpignan n’aura pas été vain. Le spectacle de Perpignan, dernière date de la tournée, ne s’achèvera pas comme les précédents avec la répugnante chanson Shoananas, véritable hymne antisémite.

Les juges considèrent que l’arrêté du maire : « Est motivé par la personnalité délibérément et notoirement polémiste de M. Dieudonné M’Bala M’Bala, l’atteinte à la personne humaine que véhicule ce spectacle, sa condamnation par le tribunal correctionnel de Paris le 27 septembre 2012 pour provocation à la haine raciale, en raison de la publication du clip d’une chanson “ Shoananas “, qui est reprise à la fin de chacune de ses représentations… »

C’était la motivation principale de l’arrêté du maire de Perpignan. Une argumentation assez solide pour faire reculer Dieudonné.

Voilà ce que dit le jugement sur ce point : « Considérant qu’il ressort d’un constat d’huissier dressé le 16 mai 2013 que la chanson “ Shoananas “ n’a pas disparu du spectacle de M. Dieudonné M’Bala M’Bala et a été chantée à Bordeaux et à Saint-Etienne; qu’ainsi les requérants ne peuvent soutenir que le spectacle n’est pas susceptible de se heurter à des dispositions pénales ; que toutefois il n’est pas établi que cette chanson serait chantée à Perpignan, M. M’Bala M’Bala affirmant, dans son dernier mémoire, qu’il est prêt à ne pas reprendre cette chanson pour éviter de heurter la sensibilité de certains. »

L’action engagée par le maire de Perpignan a fait reculer Dieudonné. F.T.

PS : Voir notre article du 3 mai, « Dieudonné pas de Shoh-ananas » à Perpignan.

Néo-nazis dans les P-O : l’annonce médiatique provoque une psychose à Saint-Jacques

L’annonce du débarquement d’une horde néo-nazie dans le département a semé la panique parmi la population gitane du quartier Saint-Jacques.

La tension a tout le week-end régné à Saint-Jacques et plus particulièrement dans la nuit de samedi à dimanche. Bien décidé à défendre le quartier des centaines d’hommes de tous âges, autour de 500, s’étaient rassemblés place du Puig. Nombre d’entre eux étaient en possession de battes de base-ball, de barres de fer, de bouts de bois et autres ustensiles. Les fusils n’étaient pas visibles, mais ils étaient à portée de main. Ils étaient totalement convaincus que les néo-nazis allaient faire une descente dans le quartier et s’en prendre aux gitans et aux arabes.

Le climat était tendu et il aurait suffit d’un incident pour provoquer un drame.

La mystification à laquelle la presse locale s’est livré rappelle les évènements de 2005. Nourri d’approximations, d’exagérations, de rumeurs, la mise en spectacle de l’information avait largement contribué à enflammer les esprits. Les dérapages étaient allés loin. Le soir des émeutes, le correspondant de l’AFP avait sans aucune vérification fait une dépêche annonçant un deuxième mort. Elle avait aussi tôt été relayée par les médias nationaux avant de se répandre dans les rues de Perpignan comme une trainée de poudre. FT

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Nos meilleurs élus honorés par Le Point et Le Canard Enchaîné

Chers lecteurs réjouissons-nous, nos meilleurs élus, nos meilleurs repris de justice, ont cette semaine les honneurs de la presse nationale.

Il y en a pour la gauche, PS, il y en a pour tout la droite, UMP.

Ca a commencé jeudi dernier avec un sujet de 3 pages titré « Le Barcarès, “ Dallas“ à la française ». Le chapeau met l’eau à la bouche du lecteur : « Roulette. Les Ferrand se transmettent depuis vingt ans les clés d’une mairie des Pyrénées-Orientales…au rythme de leurs condamnations à l’inéligibilité.

Très bon papier sur les 20 ans de frasques de ce couple politique hors-normes. Les deux journalistes se sont notamment intéressés à la PEFACO, société espagnole spécialisée dans les machines à sous et l’hôtellerie dont le terrain de chasse est l’Afrique. Un sujet jamais abordé par la presse locale. Vous n’y pensez pas !

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Bourquin se fait lui durement canarder par le volatile du mercredi (celui de ce matin). L’article est à l’image des titres : « Les rois du Languedoc princes de l’arrosage », « Frais de bouche astronomiques, subventions illégales, marchés publics tronqués, la chambre régionale des comptes se paie la Septimanie ». Excellent article de 5 colonnes signé Didier Hassoux. Une bonne synthèse du rapport de la chambre régionale des comptes sur la gestion calamiteuse du conseil régional du Languedoc-Roussillon.

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Bonne lecture.

Rassemblement néo-nazi dans les P-O : retour sur un énorme dérapage médiatique

Tout est parti d’une info donnée par le site internet fafwatch, mardi 14 mai.

On y apprenait que « Les “Hammerskins” français projettent d’organiser le prochain meeting européen du mouvement Hammerskin Nation à proximité de Perpignan le samedi 18 et dimanche 19 Mai 2013. L’élite des néonazis européens a donc rendez-vous en Languedoc-Roussillon, pour 2 journées de haine. Au programme : réunion des cadres et membres du mouvement, rapport d’activité, concert RAC et ratonnades… »

http://fafwatch.noblogs.org/

Jeudi 16 mai, La Clau publie un article titré : « Perpignan : un meeting néo-nazi alerte les autorités ». Il est très largement inspiré par le site fafwatch qui n’est pourtant pas cité. La Clau a ajouté un peu d’ambiance. Elle indique que ce rassemblement « inquiète au plus haut niveau les services discrets et place en alerte rouge les forces de sécurité. » La Clau a du trouver que le programme de la manifestation n’était pas assez animé, elle l’a donc un peu pimenté : « Ces festivités aryennes doivent s’accompagner de séquences de tir ». C’est totalement invraisemblable. Mais pas pour La Clau.

Le même jour, quelques heures plus tard, France Bleu Roussillon s’empare du sujet dans un papier titré : « Un rassemblement néo-nazi ce week-end près de Perpignan ». Là encore et de toute évidence, toutes les infos sortent de fafwatch, site auquel il n’est toujours pas fait référence. « Tout ce que l’on sait, c’est que plusieurs militants devraient arriver par l’aéroport de Perpignan, depuis toute l’Europe, mais l’heure d’arrivée reste inconnue. » Comment la rédaction de France Bleu peut-elle être aussi certaine que des militants vont arriver à l’aéroport de Perpignan ? Auprès de qui a-t-elle vérifié l’info donnée par fafwatch ?

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Vendredi matin L’Indépendant annonce à la une : « P-O : les néo-nazis d’Europe attendus ». Le quotidien a-t-il plus d’info que ses confrères ? Non, c’est toujours le même refrain : « Des skinheads et néo-nazis venus de plusieurs pays d’Europe doivent se rassembler demain et dimanche dans le département ». Les auteurs de l’article F. Michalak et J.M.S indiquent en conclusion que les rencontres annoncées sont : « Souvent délocalisées, voire annulées, par leurs instigateurs. Il n’en est pour l’instant pas question dans les P-O. » On a le droit de sourire. Le quotidien ignore fafwatch, c’est pourtant sur ce site qu’il a capturé l’affiche du concert qu’il utilise en illustration.

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Samedi, nouvelle une de L’Indép. En page 3, « l’Indépendant se penche sur le programme de ce rassemblement européen et sur les branches françaises et locales de ces groupuscules qui sont attendus ce week-end dans le département. » Une interview documentée de Nicolas Lebourg, universitaire perpignanais, spécialiste de l’extrême-droite, mais pas de nouvelles infos sur le rassemblement néo-nazi.

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Dimanche, le sujet n’est pas à la une, mais il occupe presque toute la page 2 qui titre « Rassemblement néo-nazi, ultra-discret ou délocalisé hors des P-O ? » Comme il ne s’est rien passé dans les P-O, il est temps de commencer à être prudent.

L’Indép a pourtant traqué le néo-nazi. Il publie une photo prise sur un parking où l’on voit deux jeunes hommes de dos qui semblent parler à une ou plusieurs personnes qui sont dans une voiture. Légende : « Hier matin, un petit groupe échangeaient discrètement des informations sur un parking d’Argelès. » Ils échangaient des informations sur quoi ? Sur la meilleure adresse où manger des tapas ? Peut-être sur le lieu du rassemblement néo-nazi. Mais comment le photographe a-t-il pu le savoir ? La réponse est dans l’article : « Les individus vus face à la plage de Canet vendredi soir ou à Argelès-sur-Mer hier matin ne portaient pas la “ panoplie “ du parfait néo-nazi. Logique quand on préfère passer inaperçu. Mais certains signes distinctifs, notamment des codes vestimentaires discrets, permettaient de les lier aux mouvements en question. De quoi accréditer l’hypothèse d’un rassemblement catalan, mais limité aux responsables des différents groupuscules néo-nazis. » Un article qui aurait put être signé « De notre envoyé spécial Jean Saisrien ».

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On suppose que les jeunes hommes photographiés portaient des perruques, car leur coupe de cheveux n’est pas celle en vigueur chez les jeunes néo-nazis. Frédérique Michalak ne donne pas d’indication sur les codes vestimentaires des jeunes photographiés à Argelès. Portaient-ils des vêtements de marques prisées des skins, Lonsdale, Fred Perry… ? Pas mal de jeunes qui savent que ces marques sont connotées les adoptent pour se donner un genre. Il suffit d’ouvrir les yeux pour voir que des jeunes qui s’habillent ainsi, on en croise tous un peu partout. Contrairement à ce qu’écrit F. Michalak, il n’y a pas là : « De quoi accréditer l’hypothèse d’un rassemblement catalan » de néo-nazis. Le résultat auquel abouti cette chasse aux néo-nazis est limite inquiétant.

La rareté de l’information et l’impossibilité de la vérifier aurait du conduire la presse locale à faire preuve de prudence. De beaucoup de prudence. Rien ne permettait d’affirmer qu’un rassemblement de néo-nazis allait avoir lieu dans le département. La course à l’info spectacle a pris le pas sur la nécessité de fournir au lecteur, à l’auditeur, au téléspectateur une information fiable. Nous avons ces derniers jours été en contact avec des confrères qui, comme nous, ont été sidérés par l’emballement de la presse locale. Et surtout par son ampleur.

Plusieurs rédactions ont pris une grande liberté avec les faits. Certaines plus que d’autres. Ce manque de rigueur n’est pas un accident. Il est même habituel. C’est la routine et c’est la maladie chronique de notre presse locale. Ce sont ces mauvaises habitudes qui ont rendu possible cet énorme dérapage médiatique. F.T.

PS : Le rassemblement annoncé dans les P-O s’était déroulé pendant quelques heures, dans la nuit de samedi à dimanche, à Caussiniojouls, à 27 km de Béziers. Dès jeudi, une info invérifiable mais plutôt bien sourcée indiquait que la manif des radicaux de l’extrême-droite se tiendrait du côté de Béziers.

Si les Catalans se laissent plumer…

Comment ne pas rapprocher la décision de réduire la subvention à Visa pour l’image aux propos du président du conseil régional qui, dans un interview au Midi-Libre du 17 décembre 2012, expliquait qu’il déshabillait les autres villes de la région pour donner plus à Montpellier : « L’aéroport, le doublement de l’A 9, la gare Saint-Roch, la future gare TGV, la fédération des universités, la nouvelle fac de médecine, un énorme chantier de 37 M€, le pôle chimie, ma présidence du CHRU… le tout en continuant les projets de Georges Frêche, dont le lycée hôtelier qui porte son nom, le tramway. Il fallait payer 50 M€. Je suis allé collecter de l’impôt partout en région pour cela : à Mende, à Narbonne, à Nîmes… pour payer ces projets à Montpellier. Cela fait 500 M€ d’investissement depuis que je suis là. C’est dire que je suis présent pour la ville. »

Christian Bourquin n’arrête pas de répéter : « Montpellier m’intéresse ». Il a même déclaré : « Mon amour pour Montpellier est très ancien et s’amplifie avec le temps. » Bien sûr !

Bourquin est tout simplement en campagne pour sa réélection à la tête de la région, en 2015.

C’est vrai qu’il soigne Montpellier. Autant que Frêche. Ce qui n’est pas peut dire. Car avec son poids démographique et la forte influence du PS, l’Hérault fait l’élection du président de la région.

En 2010, nous avions calculé les montants des investissements du conseil régional dans les cinq départements de la région lors du premier mandat de G. Frêche. Le résultat par habitant montrait que l’Hérault était le mieux servi et les P-O celui qui avait le moins. Durant cette période, C. Bourquin était premier vice-président chargé des finances.

Après l’annonce de la réduction de la subvention de 18 000 euros à Visa, on n’a pas entendu un politique. Seul le directeur du festival, Jean-François Leroy a réagi :  » Depuis des années, on me dit de renforcer mes actions auprès des jeunes, on a mis en place cette Semaine scolaire où tous les intervenants sont bénévoles et là on nous sucre la subvention qui permet de faire venir les lycéens ? Ça veut dire quoi ? Dès le mois de mai, les scolaires commencent à s’inscrire et on va devoir leur dire qu’on ne rembourse pas leur transport ? On a par exemple un lycée de Montpellier qui avait l’habitude de venir avec quatre cars payés grâce à la subvention de la Région. Comment ils vont faire ? Le fossé entre certains discours et les actes m’attriste beaucoup ». (l’Indépendant du 27 avril).

Puisque les Catalans ne bronchent pas, Bourquin aurait tort de se gêner. F.T.

contact : c.politique@orange.fr

L’autisme de la classe politique

Lors de sa première conférence de presse à l’Elysée, Hollande rassura ceux qui attendaient la loi limitant le cumul des mandats. Elle serait faite avec célérité. Harcelé pendant quelques mois par les gros cumulards du PS, le président de la République a fini par contenter ses amis en renvoyant l’application de ce texte une fois voté à 2017.

Après le scandale Cahuzac et l’annonce d’un train de mesures pour moraliser la vie politique, on pouvait encore croire que François Hollande pourrait être l’homme de la situation, qu’il pourrait prendre des décisions marquantes dans ce domaine. « A situation exceptionnelle, réponse exceptionnelle », écrivait un journaliste du Monde qui annonçait que François Hollande allait bousculer les grands féodaux du PS sur lesquels il s’est toujours appuyé.

Certes, le grand déballage du patrimoine des ministres n’annonçait rien de bon. Cette opération de communication a même été dévastatrice car, dans leur immense majorité, nos concitoyens ont eu la forte et désagréable impression que l’on se moquait d’eux.

Les trois projets de loi de moralisation de la vie politique viennent d’être présentés. Ils ne vont pas très loin. Le grand choc de moralisation et de démocratisation ce n’est pas pour maintenant. Dans un courrier au président de la République, l’association Anticor les qualifie de mesures « partielles et imparfaites. » et elle ajoute : « Nous ne voulons pas que des lois inutiles affaiblissent les lois nécessaires. » Tout est dit !

Hollande comme la plupart de nos grands élus fait l’autruche. La crise politique ? Quelle crise politique ? Semblent-ils nous dire.

Un aveuglement partagé par le président de l’UMP. Dans une longue tribune publié par Le Figaro, La France a besoin d’un 1958, J-F Copé préconise une réforme des institutions : « Assumons le recours aux ordonnances lorsqu’il faut aller vite et le référendum pour les questions de société. Réduisons le nombre d’élus. Fusionnons les départements et les régions. »

Pense-il que c’est avec ces mesurettes que les Français passeront d’une défiance massive à l’égard de la classe politique à un retour à la confiance dans le fonctionnement de notre démocratie représentative ?

Copé est fidèle à lui-même. Plus tenté par la droitisation que par la démocratisation. Moins on parlera de moralisation de la vie politique et moins l’ami du sulfureux Ziad Takieddine, intermédiaire dans des gros contrats d’achats d’armes, se fera de souci pour son avenir politique. Qu’un ministre du budget (2004 à 2007) qui a été couvert de cadeaux par ce milliardaire puisse présider un grand parti et donner des leçons à Cahuzac, en dit long sur l’état de décomposition de notre système politique.

Hollande et Copé utilisent la même recette, changer les hommes pour que rien ne change. Mais combien de temps va-t-elle encore marcher avant que l’inéluctable catastrophe se produise? F.T.

Dieudonné : pas de “ Shoa-ananas “ à Perpignan !

Apprenant que Dieudonné allait se produire à Perpignan, dans une salle municipale, Jean-Marc Pujol a mis le pied sur le frein. Il a demandé au service concerné de revenir sur la réservation de la salle du Palais des expositions dans laquelle Dieudonné devait se produire le 31 mai.

Il a déclaré : Au besoin, je prendrai un arrêté municipal pour risque de trouble à l’ordre public. Je m’y oppose complètement et formellement : il n’y a pas de place à Perpignan pour des propos racistes et antisémites » (L’Indépendant 12 mai)

Ma première réaction, à chaud, a été de considérer que le maire faisait peu de cas de la liberté d’expression. Et que seule la justice pouvait prendre la décision d’interdire à Dieudonné de se produire à Perpignan ou ailleurs.

Je sais qui est Dieudonné. Comment oublier que lors d’un spectacle au Zénith à Paris en 2009 il a fait monter sur scène le négationniste Robert Faurisson pour lui faire remettre le prix de l’infréquentabilité et de l’insolence par un homme habillé de la tenue des déportés ? Cela en présence de Jean-Marie Le Pen et de dirigeants du FN. Comment oublier les propos antisémites de Dieudonné en Iran, un pays qui déroule le tapis rouge devant lui ?

Malgré tout ça, je continuais de penser que c’était à la loi de se prononcer, de condamner et éventuellement d’interdire.

A Bordeaux, la LICRA (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme) n’a pas obtenu l’annulation du spectacle. Le préfet a considéré qu’il n’y avait pas de risque d’atteinte à l’ordre public. Dieudonné s’est, le 4 avril, produit devant 3 500 à 4 000 spectateurs, sans incident. « Humour grinçant, provocations, Dieudonné est sur le fil », lit-on dans le compte-rendu de Sud-Ouest. Mais l’auteur de ce papier et ses confrères n’ont pas du rester jusqu’à la fin du spectacle. Il s’est terminé avec une chanson reprise par toute la salle. Sur l’air de « Chaud cacao » d’Annie Cordy, des milliers de personnes ont chantés :
SHO-AH-nanas,
SHO, SHO, SHO-AHnanas,
non – il ne faut pas – l’ou-blier,
moyennant un – pe-tit billet.
SHOAH-nanas,
SHO, SHO, SHO-AHnanas

En voyant cette vidéo, j’ai eu la nausée. Ce n’est pas un effet de style. J’ai eu une réaction physique.

Que Dieudonné vienne chanter ça à Perpignan, à quelques kilomètres de Rivesaltes, de là où sont partis plusieurs milliers d’hommes, de femmes et d’enfants pour les camps de la mort, ce n’est pas acceptable. Ce ne serait pas supportable. Fabrice Thomas

PS : « L’humoriste français controversé Dieudonné M’Bala M’Bala a été condamné mardi 27 novembre par la justice française à 20 000 euros d’amende pour provocation à la haine dans une chanson et dans des propos diffusés sur Internet. Dans l’une des vidéos, il transformait une chanson de la chanteuse de variétés Annie Cordy, « Chaud cacao », en « Shoah nanas ». Egalement poursuivi pour diffamation, injure et provocation à la discrimination, il avait affirmé que « les gros escrocs de la planète, ce sont des juifs » dans une interview sur un site qui se présente comme ayant pour mission « d’éveiller la conscience des musulmans ». » Le Monde 27 novembre 2012.