Fernand Siré continue son combat pour la probité

Seuls 24 des 577 députés ont voté pour l’amendement de Charles de Courson qui proposait de soumettre à la fiscalité la part de l’indemnité représentative de frais de mandat (IRFM) non utilisées par les parlementaires. Parmi eux, un député des P-O, Fernand Siré.

La presse nationale a largement traité ce sujet. S’ils font facilement leurs gros titres sur la corruption, sur les privilèges, les médias accordent habituellement assez peu de place aux propositions pour lutter contre ces dérives et pour améliorer la transparence et la confiance.

Souhaitons que la presse continue de s’intéresser à cette enveloppe mensuelle de 6 412 euros que perçoivent nos parlementaires sans avoir à justifier de son utilisation auprès de l’Assemblée Nationale, du Sénat ou du fisc et dont la partie non dépensée va directement dans la poche de nos députés. Les députés se sont massivement opposés à cette modification de la loi en pensant, sans doute, que dans huit jours on n’en parlerait plus.

En demandant la fiscalisation de la partie non utilisée de l’IRFM, la proposition de Charles de Courson souligne qu’elle constitue un gain non fiscalisé. Une bonne partie de nos parlementaires gruge ainsi le fisc. Les représentants de la nation donnent le bon exemple.

Bruno Le Roux, président du groupe PS à l’Assemblée Nationale a déclaré au Monde, « Nous ne pouvions pas la voter car il est injuste de fiscaliser l’IRFM non utilisée. Cela reviendrait à légaliser une anomalie. » Pourquoi le groupe PS n’a-t-il pas proposé un meilleur texte ?

La commission Jospin pourra difficilement faire l’impasse sur la question de l’IRFM.

Nombreux sont les observateurs de la vie politique française à dire que nous avons atteint un niveau de défiance qui met en péril la cohésion de notre pays. Déjà bien fragilisé, le pacte républicain ne tient plus que par quelques fils.

Face à cette situation il n’y a que deux choix. Laisser la situation se dégrader. C’est ce que feront ceux pour qui aucun péril ne justifie jamais la perte de leurs privilèges. Ou remettre la démocratie au cœur de notre société, d’abord dans un combat pour qu’elle s’impose enfin à ceux à qui les citoyens délèguent leur souveraineté.

Louis Aliot perd sa place de numéro 2 du FN

Dans un communiqué de presse diffusé le 12 juillet, le Front National annonce la nouvelle composition de son bureau exécutif. Florian Philippot y fait son entrée en devenant vice-président chargé de la stratégie et de la communication. Et Louis Aliot qui était depuis le dernier congrès, en 2011, vice-président chargé du projet, devient vice-président chargé de la formation et des manifestations.

La stratégie et la communication sont deux secteurs d’activité qui ont bien plus de poids et de prestige que la formation et les manifestations.

Qu’un parti qui rejette l’élite avec tant de virulence place un énarque à de si hautes responsabilités n’est qu’une incohérence de plus. Avec le FN on est habitué.

Enarque et Gaulliste. Dans le livre de Marine le Pen, Pour que vive la France, la tête pensante du FN qui est l’auteur de ce bouquin, expose la nouvelle doctrine du FN en faisant de nombreuses fois et tout au long du livre, référence à de Gaulle. Louis Aliot, qui comme tous les militants d’extrême-droite a été formé dans la haine du général de Gaulle a du s’étrangler en le lisant. Et c’est ce gaulliste qui lui prend sa place de numéro 2. Ce doit être dur à digérer.

Il en va ainsi dans les directions de tous les partis. Les luttes d’influence y  sont incessantes et sans pitié. Qui le sait mieux que Louis Aliot qui est surnommé Loulou la purge ? Et à ce niveau là de pouvoir, il y a peu de place pour les sentiments.

Les patrons de l’entreprise FN, les Le Pen père et fille, ont de plus bien compris que Philippot avait un profil qui crédibilisait davantage leur parti.

Durant la campagne des élections législatives, Florian Philippot et Louis Aliot étaient les portes paroles du FN. Celui qui a rejoint le parti d’extrême-droite au cours de l’année 2011 s’en est beaucoup mieux sorti. Il a le verbe plus alerte que le compagnon de Marine le Pen qui a une forte tendance à rabâcher des propos trop souvent entendus quand Philippot lui, argumente solidement.

Florian Philippot a manifestement gagné le duel politique et médiatique. Ce n’est pas une bonne nouvelle pour la droite. Avec Marine Le Pen et dans un contexte économique qui leur sera favorable, ils peuvent réussir à installer solidement leur vision dans le paysage politique. Ils considèrent que l’état nation est le seul cadre qui puisse résister à l’ultra-libéralisme et à sa domination qui, à l’UMP et au PS, sont considérés comme une fatalité.

Avec cette stratégie, le FN à un boulevard devant lui. Et la droite ne pourra le contrer qu’en revenant à ses valeurs historiques, en se droitisant, pas en s’extrême-droitisant.

Redonner de la crédibilité aux élus de la République

Ils sont nombreux, très nombreux les électeurs qui vont avant tout voter pour accomplir leur devoir civique en se souvenant que leurs aïeux se sont battus pour conquérir le droit de vote. Et malgré cela, l’abstention a, lors des dernières élections législatives, atteint un nouveau record dans ce type d’élection. 42,7 % des électeurs ne se sont pas déplacés pour mettre un bulletin dans l’urne. L’élection des députés est pourtant un scrutin de première importance.

Nous savons tous, électeurs et élus, que l’image de la politique et de ceux qui la font se dégrade à chaque élection un peu plus. Nous n’avons peut-être pas atteint le fond, mais il n’est pas loin.

Plusieurs fois par an, la presse publie des études d’opinion qui montrent que la défiance à encore progressé et que jamais le fossé n’a été aussi grand entre les citoyens et la classe politique.

Une nette majorité de Français pensent que les politiques sont corrompus. Il y a ces fameuses affaires qui du niveau local au niveau national défraient en permanence la chronique. Il y a ces récurrentes révélations sur le train de vie des élus. Spectacle si permanent qu’il ne fait même plus scandale. C’est la routine. La révélation de nouvelles affaires et de nouveaux abus ne sert qu’à entretenir l’opinion dans l’idée, aujourd’hui dominante, que la classe politique se préoccupe avant tout d’elle-même, de ses revenus et de ses avantages.

« Aujourd’hui, en France, la jouissance du pouvoir semble souvent plus importante que le responsabilité et l’exercice du pouvoir. Nous préférons encore les hochets et les postures du pouvoir à l’œuvre qu’il permet d’accomplir. ». L’auteur de ce terrible constat est un homme du sérail. Et de haut rang. Il a été maire, député, ministre… C’est Michel Delevoye dans son livre Reprenons nous ! Et dans la même veine, il écrit aussi, « J’en conclus, qu’au sein même du champ politique, l’enjeu du pouvoir est si puissant qu’il tend à phagocyter tous les autres. »

Alors que le corps des élus devrait être celui qui suscite le plus la confiance des Français, c’est, avec les journalistes, celui qui en recueille le moins.

Tout cela met à mal l’idée de démocratie et l’adhésion à ses valeurs qui devrait être un des éléments clefs de la cohésion sociale de notre pays.

Faute de suffisamment de valeurs partagées, notre pays se fragmente, s’émiette en groupes d’intérêts, en corporatismes, en communautés, en  visions égoïstes… Faute de liens suffisamment forts, la France a de plus en plus de mal à faire société.

Pour rétablir la confiance, il faut que les élus satisfassent au besoin d’exemplarité qu’exige une démocratie en bonne santé.

Il faudrait pour cela, limiter plus strictement le cumul des mandats électifs.

Il faudrait également et cela doit aller de pair, instaurer une totale transparence sur les indemnités et les frais des élus. Il faut par exemple savoir que lorsque les indemnités d’un élu dépassent le plafond autorisé par la loi, l’argent ne reste pas dans les caisses du Trésor Public. L’élu concerné fait attribuer la somme à un autre élu. A qui Christian Bourquin qui est président de la région, sénateur et président d’organismes qui lui versent des indemnités, fait il bénéficier de son dépassement ? Impossible de le savoir, c’est une information nominative et donc non communicable. L’application de l’écrêtement n’étant pas contrôlée, il n’est pas certain que tous les élus concernés s’y soumettent. Le plafond est fixé à 8 200 euros mais il peut être dépassé avec des indemnités qui n’entrent pas dans le calcul, comme celles versées par les communautés de commune. Il faut en finir avec ce genre de pratiques.

Face à quelques milliers d’élus cumulards qui ne veulent pas voir leurs privilèges remis en cause, il y a des millions et des millions de Français qui ne supportent plus que des hommes et des femmes qui ne respectent pas le code moral commun leur dictent la conduite à tenir.

C’est l’avenir de notre démocratie, c’est l’avenir de notre pays qui sont en jeu !

Olivier Ferrand, homme politique (1969-2012)

Nos relations avec Olivier Ferrand n’ont jamais été simples. Avec les hommes politiques c’est toujours compliqué si l’on considère que son rôle de journaliste n’est pas d’être porte micro ou porte stylo, ne se limite pas à recueillir leurs propos sans regarder ce qu’il y a derrière.

Nous n’avions pas été convaincu par le discours qu’Olivier Ferrand avait servi à la presse sous les platanes de Céret, une belle fin d’après-midi d’été de 2006. Il disait revenir dans les P-O parce qu’il en était tombé amoureux en 1995. Un territoire qu’il avait découvert en venant faire son stage de l’ENA auprès de Bernard Bonnet, alors préfet des Pyrénées-Orientales. Nous n’attendions pas d’Olivier Ferrand qu’il nous dise la vérité toute crue et que ce jour-là, il explique à la presse qu’il ne serait jamais revenu dans les P-O si Paris ne lui avait pas donné l’investiture du PS dans cette circonscription depuis des décennies acquise à la gauche. On aurait apprécié que le jeune haut fonctionnaire justifie sa candidature avec des arguments à la hauteur de sa très grande intelligence.

Interrogé par le magazine La Catalane, il répondait : « Vous savez, j’étais élu à Paris et je pouvais continuer ma carrière tranquillement. Je m’entends très bien avec Bertrand Delanoë, ma carrière élective, je l’avais. Mais j’ai choisi volontairement de revenir dans le sud. » Il revenait dans le sud, mais sans quitter Paris. Avait-t-il démissionné de son mandat de maire adjoint du troisième arrondissement qu’il négligeait à présent ? Non. Mais il promettait de venir s’installer ici avec femme et enfant.

A partir de juillet 2006 et pendant un an, Olivier Ferrand a, sourire aux lèvres, labouré la vallée du Tech du jeudi au dimanche soir. Les autres jours, il était à Paris au siège du P.S. où à son travail à l’inspection des finances à Bercy, qui lui laissait pas mal de temps libre. Le parachuté essaya d’amadouer le tout puissant leader du PS avec des déclarations flatteuses. « Christian Bourquin est le grand homme du département », déclara-t-il lors de sa première conférence de presse. Bourquin le désigna plus d’une fois comme un intrus qu’il fallait chasser et il se faisait fort de faire partir « le coucou avant Noël ». A un journaliste qui l’interrogeait sur le comportement hostile de Christian Bourquin, le Parisien répondait, « Que voulez-vous ? Ce n’est pas très agréable pour moi, mais Christian Bourquin est dans son rôle. C’est le chef des socialistes du département. Il a défendu avec l’énergie qu’on lui connaît le candidat de la fédération, son ami, son vice-président du conseil général, Pierre Aylagas. »

Avec Georges Frêche à Visa pour l’image : « Ici les parachutés on les tire en plein vol ». Au second plan, les deux complices d’Olivier Ferrand dans les P-O, Michel Cavallier et Jean Bigorre.

Ses supporters, comme Brigitte Chemarin, qui n’était pas encartée, mettaient l’accent sur sa compétence. « Sa candidature est une alternative à l’immobilisme, au clientélisme. Il a une connaissance des institutions, des circuits de décision que personne n’a ici. Il n’est pas d’ici, bon, Léon Blum n’était pas de Narbonne. C’est une chance pour notre département qu’il se présente chez nous. » René Ala, ambassadeur de France, maire d’Arles-sur-Tech, appuyait sa candidature : « C’est un excellent candidat, jeune, sympathique, dynamique, intelligent. Il se passionne pour l’arrière-pays. Il est prêt à s’investir à prendre nos dossiers, à les monter et à les défendre à Paris où il a beaucoup de relations et de réseaux. »

Olivier Ferrand a, dès le départ, mis en avant son cursus, ses relations comme pouvant être des atouts pour la circonscription. Il se proposait de multiplier les rencontres avec tous les acteurs afin d’élaborer des propositions pour la circonscription et cela dans tous les domaines. Un an plus tard, sur son site internet, toutes les rubriques de son projet législatif étaient, sauf une, la catalanité, totalement et désespérément vides. Qu’avait-il fait de cette « matière grise » qu’il avait tout au long de la campagne présentée comme étant sa « plus-value » ?

N’est-ce pas là que le jeune énarque a manqué son rendez-vous avec les électeurs ? Porteuse de projets, en particulier en matière économique, domaine dans lequel il soulignait en permanence, chiffres à l’appui, le sous développement des territoires de la quatrième circonscription, sa candidature aurait certainement rencontré un meilleur accueil. Lors de sa dernière apparition devant la presse, quelques jours avant le premier tour, il sortit de son chapeau le projet de réaliser au large de Port-Vendres, la première installation de production d’énergie marémotrice de la Méditerranée. Ce n’était qu’une idée dont la faisabilité n’avait pas été étudiée par des spécialistes. Il a, pendant un an, plusieurs jours par semaine, parcouru la circonscription dans tous les sens, uniquement pour serrer des mains. Les Catalans n’avaient pas besoin de lui pour faire ça. Il a aussi surestimé l’impact des visites de soutien de Michel Rocard, de Dominique Strauss-Khan, de Lionel Jospin… Les P-O n’avaient pas vu autant d’éléphants depuis le passage d’Hannibal !

A Céret, à la fête de la cerise avec Lionel Jospin et Jean Codognès.

« Vous m’avez sur le dos pour trente ans », avait-il déclaré lors d’une conférence de presse. Mais son comportement et son manque d’investissement contredisaient ses belles paroles. Il a récolté ce qu’il a semé. Le 10 juin, au soir du premier tour, il était terriblement  déçu. Le candidat investi par le PS ne rassemblait que 15,25% des suffrages et il était devancé par Pierre Aylagas, 17,92%. Eliminé, Olivier Ferrand était très amer. Les jours suivants, le ton de ses déclarations n’était plus du tout le même. Il dénonçait le clan Bourquin et son système « dont on voit tous les méfaits d’abord en terme de moralité publique. » Il dénoncera « les méthodes de basse fosse » des socialistes locaux qui se sont opposés à sa candidature. Rappelant qu’il venait de Marseille, il déclarera : « Le système clientéliste a ici été porté à un niveau d’intensité, d’agressivité que je ne connaissais pas ailleurs. »

Si l’on en juge sur les capacités et le potentiel à porter et défendre les dossiers et projets de la circonscription à Paris, Olivier Ferrand était incontestablement, et de loin, le meilleur candidat. Le travail et les relations d’Henri Sicre avaient été décisifs pour obtenir les crédits et les collections pour ce musée d’art moderne sans lequel Céret n’aurait pas son rayonnement.

Grosse pointure, Olivier Ferrand avait fait HEC et l’ENA. Il avait étudié le monde de l’entreprise et il évoluait dans la haute administration. Il avait une carte de visite et un carnet d’adresses bien rempli. Evoluant depuis plusieurs années dans les allées du pouvoir et les plus hautes sphères de l’Etat, il connaissait les circuits et il aurait su se faire ouvrir les portes. S’il  s’était durant l’année précédant le scrutin complètement investi pour faire sortir des projets de développement, il aurait fait une démonstration de sa capacité, ce qui lui aurait permis de devancer Pierre Aylagas. Olivier Ferrand a été desservi pas son sentiment de supériorité et la conviction que pour gagner, il suffisait de passer de la pommade à tout le monde. Mais il aurait été élu député de la quatrième circonscription si Christian Bourquin qui éprouve le besoin maladif de contrôler son monde en installant des affidés aux postes de responsabilité ne lui avait pas fait barrage en soutenant la candidature d’un dissident, celle de son ami Pierre Aylagas.

Délaissant les P-O, Olivier Ferrand laissera courir les rumeurs sur une éventuelle candidature aux élections municipales. La presse locale en profitera pour lancer toutes sortes d’infos non vérifiées. Un jour, on l’annonçait sur la liste d’Amiel-Donat, un autre sur celle d’Alduy. Il sera finalement candidat aux côtés de celui qui avait été son suppléant, René Olive, à Thuir. Il se retrouvera troisième maire adjoint chargé de l’urbanisme et de l’économie et vice-président de la Communauté de communes des Aspres présidée par René Olive.

Elu fantôme, Olivier Ferrand n’a siégé que trois fois au conseil municipal de Thuir. Il a été présent à la première réunion du conseil, le 27 mars 2008, puis à la suivante le 24 avril. Le 25 juin et le 29 juillet, il n’était pas là. Il fait son retour le 8 octobre et on ne l’a jamais revu. Lors de la réunion du 20 octobre 2010, René Olive informa le conseil municipal, qu’à la demande de l’intéressé, on retirait ses indemnités de maire-adjoint à Olivier Ferrand. Elles s’élevaient à 513 euros et à 1 200 euros par mois à la communauté de communes. Une élue de l’opposition, Marie-Hélène Razes, demanda au maire si l’élu, tout le temps absent, ne pourrait pas être remplacé. René Olive lui répondit que le retrait des indemnités n’avait rien à voir avec une démission et qu’Olivier Ferrand conserverait son poste d’adjoint. Le maire a ajouté qu’il s’entretenait régulièrement avec Olivier Ferrand. René Olive et d’autres sources nous ont précisé qu’Olivier Ferrand avait, grâce à ses relations, rendu des services à la commune.

On ne peut que profondément regretter cette rencontre manquée entre notre département et Olivier Ferrand.

Si sa trajectoire ne s’était pas brutalement interrompue le 30 juin 2012, Olivier Ferrand aurait sans doute poursuivi sa carrière en devenant ministre et il aurait pu penser à la plus haute fonction. C’était un homme d’une intelligence et d’un talent exceptionnels.