On dit Jean-Paul Alduy assez critique à l’égard de l’action de Jean-Marc Pujol. Normal. Jean-Paul Alduy est tellement meilleur que les autres, tellement au dessus du lot. Maintenant en retraite il entretient cette image de lui-même en distillant les petites phrases sur son successeur. Il fait comme son père avait fait avec lui. Paul Alduy avait empoisonné les premières années de mandat de son fils à la mairie en lui distribuant publiquement des mauvaises notes et des blâmes. Pour celui qui a quitté les responsabilités, celui qui arrive après fera toujours moins bien. Jean-Paul Alduy est trop familier du pouvoir et de ses histoires d’égo pour ne pas connaître tout ça par coeur. Il devrait donc résister à la tentation.
L’ancien maire, sénateur et président de l’agglo, s’est fendu d’un communiqué pour se réjouir de l’élection de Laurent Hénart à la présidence du Parti Radical. Il succède à Jean-Louis Borloo. Alduy souligne qu’il : « a toujours refusé de cumuler les fonctions de maire et de président de la communauté du Grand Nancy. » Pas besoin de lire entre les lignes pour comprendre que Pujol est visé.
Avec beaucoup de bon sens, certains réagiront avec l’envie de demander à Jean-Paul Alduy pourquoi il n’a pas lui-même été aussi exemplaire que Laurent Hénart.
Dès qu’il a pris sa retraite politique, quasiment du jour au lendemain, Jean-Paul Alduy est devenu un partisan acharné de la limitation du cumul des mandats. Il y revient en analysant les succès électoraux de l’extrême-droite : « le vote pour l’extrême droite est moins un vote d’adhésion à son idéologie et à son programme, qu´une dénonciation de la classe politique dominante (droite et gauche), de ses élites et de ses partis politiques. Il faut donc des têtes nouvelles, du sang neuf et des pratiques fondées sur une autre idée de la politique, exigeante sur les valeurs (honnêteté, respect des engagements) et le refus des cumuls de mandats cause majeure de la dégénérescence de la démocratie française.
Rien à redire. C’est parfait. Sauf que dans ces propos on ne reconnaît pas le Jean-Paul Alduy que l’on a connu aux responsabilités.
Sur les valeurs : Jean-Paul Alduy a toujours déroulé le tapis rouge devant les Ferrand. Son successeur a écarté Alain Ferrand du bureau de l’agglo. Jean-Paul Alduy n’a pas, aux municipales de 2008, ni à celles de 2009, signé la charte d’Anticor. Son successeur l’a fait. Il faut certes maintenant voir s’il va l’appliquer en totalité.
A la différence de beaucoup d’acteurs politiques, actifs ou en retraite, nous préférons des actes à des paroles. Surtout quand elles sont tardives. Mais en même temps, comment ne pas se réjouir de l’évolution de l’ancien maire de Perpignan. Il a le grand mérite de dire que nous ne sortirons de la crise politique et que nous n’écarterons les tentations et les risques extrémistes ou plus certains, de déliquescence démocratique, qu’en modernisant notre système politique. C’est pourquoi nous préférons, de loin, la lucidité d’un Alduy à l’aveuglement de certains barons locaux, de droite et de gauche. Un aveuglement qui nous mène à la catastrophe. Fabrice Thomas
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Numéro 1, août, septembre,octobre; bientôt chez les marchands de journaux des P.-O.