La gauche devait s’effondrer, comme à Perpignan aux élections municipales. Et au second tour les duels FN-droite auraient été remportés par les binômes UMP-UDI. Dans ces conditions le conseil départemental ne pouvait que basculer à droite. Ce scénario est depuis plusieurs mois relayé par la presse qui le considérait comme certain. Il n’était pas laissé la plus petite part au doute.
A quelques jours du scrutin L’Indép publiait un sondage de l’IFOP qui était commenté par Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion de l’institut de sondages : « Ici le PS est lesté par d’autres candidatures de gauche. Résultats il y a huit points d’écart entre l’UMP et le PS et comme l’enjeu vital était de se classer dans les deux premiers, donc avoir 30%, donc c’est mission impossible pour le PS… »… « Il y aura un basculement à droite du conseil général… »
Puisque ronostics et sondages allaient dans le même sens. La messe était dite ! Sans d’ailleurs tenir compte d’un redécoupage cantonal dont personne ne peut nier qu’il a été fait sur mesures, pour la gauche.
Mais le premier tour des élections départementales a accouché de résultats différents de ceux qui étaient attendus.
Si c’était la première fois ! Mais non ! Il ne faut pas avoir beaucoup de mémoire pour se souvenir que les sondeurs se plantent souvent. En particulier dans les scrutins locaux. Comme aux municipales de Perpignan en 2014. A quelques semaines du premier tour, l’IFOP donne Pujol en tête avec 33% et Aliot second avec 29%. Mais après le dépouillement c’est Aliot qui est en tête avec 34% et Pujol est derrière avec 30% des suffrages. Cresta était annoncé à 19%, il n’en fera que 12%. Codo à 10, il en fera 6%. Et Ripoull annoncé à 4%, fera plus du double. Au second tour un autre institut CSA donne Aliot à 41% et Pujol à 59%. 18% d’écart. A l’arrivée c’est 55% et 44%.
Cestpolitique s’est bien gardé de faire des pronostics. Nous avons seulement, à plusieurs reprises, souligné que la droite ne faisait pas une campagne gagnante. Ce que montrent les résultats. Sauf à Prades, les candidats de l’UMP et de l’UDI ont fait dans tout le département, des scores moyens quand ils ne sont pas médiocres. Et au final, les candidats de la majorité sortante sont présents au second tour dans 12 des 17 cantons. Et il y a sept triangulaires alors qu’il ne devait pas y en avoir.
Si les candidats de droite n’avaient pas vendu la peau de l’ours socialiste-communiste avant de l’avoir tué, nombre d’entre eux auraient fait une campagne plus offensive. De l’autre côté, l’annonce du basculement du conseil départemental à droite a mobilisé l’électorat de gauche.
Ni-Ni
La position de Jean-Marc Pujol fait des vagues. A cela s’ajoute la venue à Perpignan de Nicolas Sarkozy, homme politique très clivant. Leur ni-ni risque de dissuader nombre d’électeurs de gauche d’aller voter pour un binôme UMP-UDI. Comme on peu le voir sur les réseaux sociaux, les électeurs de gauche qui ont l’an passé voté Pujol afin d’empêcher la ville de tomber aux mains de l’extrême-droite ont du mal à comprendre qu’il refuse un front républicain sans lequel il aurait perdu sa place de maire.
Mais il n’y a pas qu’à gauche que le ni-ni du maire de Perpignan a du mal à passer. Sa position est loin d’être partagé par toute la majorité municipale. Une majorité qui comporte toutes les sensibilités de la droite et du centre. Plusieurs élus regrettent que lundi dernier, lors de la réunion de la majorité, il n’y ait pas eu de débat. Laurent Gauze, conseiller municipal, vice-président de l’agglo et président de l’agence de développement économique pense qu’il aurait été normal de laisser à chaque élu la liberté de prendre position. Lui-même qui est non encarté mais qui se sent proche d’Alain Juppé est favorable à un front républicain. Tout comme le premier adjoint, Romain Grau, qui lui, est adhérent à l’UDI.
Il y a en effet à droite, par rapport au FN, une diversité de positions qu’il est impossible de nier. Et cela en local comme en national. En n’admettant pas cette diversité de positions Jean-Marc Pujol s’expose à avoir des problèmes au sein de sa majorité.
Le FN n’a pas fini de diviser la droite en trois, les ni-ni, les adeptes du front républicain et les partisans de rapprochements avec le FN.
A gauche c’est clair, les représentants départementaux du PS et du PC appellent à faire barrage au Front national.
L’Olivier se positionne à droite
Au soir du premier tour tous les candidats de L’Olivier délivraient le même message, pas de consigne de vote. Changement de cap à l’approche du second tour. Bruno Delmas et Christine Espert appellent à voter pour les binômes de l’UMP et de l’UDI. L’Indépendant du 27 mars publie une déclaration de Bruno Delmas dans laquelle on lit : « Je suis et reste un homme de droite et du centre ». Nous n’avions pas compris ça. Bruno Delmas n’est-il pas le patron des Progressistes un rassemblement d’hommes et de femmes de gauche qui soutiennent Sarkozy ? La politique c’est compliqué.
Fabrice Thomas
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PS : plus de 1 000 partages sur facebook de l’article Les méthodes de voyou du maire de Canohès.