Les Sarkozystes volent au secours de la victoire de François Fillon

Il y a de nombreux enseignements à tirer de cette première primaire de la droite. Une primaire réclamée par Balladur, Fillon et Juppé dont Nicolas Sarkozy ne voulait pas et sans laquelle il serait parvenu à s’imposer.

Avec la victoire de Fillon, l’appareil du parti qui, à 90% était derrière Sarkozy subit une lourde défaite. Un cuisant désaveu que les grands élus et professionnels de la politique tentent d’effacer en volant au secours de la victoire de celui qui est arrivé largement en tête du premier tour de la primaire.

Comme Jean-Marc Pujol qui dans un interview donné à l’Indépendant (23/11) ne tarit pas d’éloges sur Fillon et exprime ses réserves à l’égard de Sarkozy : « J’étais pour une rupture plus forte je lui avais dit pendant la campagne et je constate que François Fillon qui était sur cette ligne a remporté le premier tour. » On se demande pourquoi le maire de Perpignan ne soutenait pas Fillon.

Pas moyen d’arracher un mot à Calvet, Mach et Pujol sur la défaite et le puissant mouvement de rejet de leur candidat. Le maire de Pollestres préfère s’en prendre aux médias et aux sondeurs en déclarant que « Les gens en ont marre qu’on leur dise ce qu’ils doivent faire. »

Pujol tente de limiter la casse en disant : « Nicolas Sarkozy réalise à Perpignan son meilleur score dans une ville de plus de 100 000 habitants. » Sans avoir fait le tour des résultats de ces villes on constate juste qu’à Nice Sarkozy recueille 35,3% des voix. Plus que les 31,8% de Perpignan.

Comment ne pas s’interroger sur les scores pharamineux de Sarkozy dans les trois bureaux du Vernet ? 48,9 %, 56,7% et 66,1%. Il y a une anomalie que le développement du clientélisme parmi les habitants d’origine maghrébine et de religion musulmane pourrait peut-être expliquer. Lors des élections internes des Républicains, des militants avaient été frappés par le nombre de personnes originaires du Maghreb qui étaient venus voter. Cela n’avait pas échappé à l’Indépendant qui avait publié une photo où devant l’urne on voyait une femme voilée et un barbu. Comment toutes ces personnes étaient elles devenues adhérentes des Républicains ?

Mais au final, seul un électeur de droite sur quatre a voté Sarkozy. Une sacrée déculottée pour les indéboulonnables professionnels de la politique qui, dans leur immense majorité, soutenaient la candidature de l’ancien président de la République.

François Lietta, président départemental de l’UMP a analysé sur son blog cette première primaire de la droite. Pour lui «  C’est la fin de la traditionnelle culture du chef. Aujourd’hui, les électeurs de droite veulent exprimer un choix et non plus voir leur candidat imposé par Paris. J’en suis persuadé c’est valable pour l’ensemble des élections où ils veulent, à présent, pouvoir choisir librement et sans être influencés par les sondages ou par des personnalités influentes… Ce soir, nous avons une réponse encourageante sur le besoin de rénover la droite pour qu’elle soit attractive. Une rénovation de méthode avant tout. » Les « personnalités influentes » ont du apprécier.

Cette primaire constitue une belle avancée démocratique. Mais un bourgeon ne fait pas le printemps. La rénovation de la droite, comme la rénovation de la vie politique ne sont pas à l’ordre du jour. La rénovation est bloquée par une caste d’élus qui ont fait de la politique un métier et qui à gauche comme à droite ne veulent pas entendre parler de limitation du cumul des mandats en nombre et dans la durée. Quel que soit le candidat de la droite qui sortira des urnes dimanche, la crise politique, qui est aussi profonde que la crise économique, continuera de s’aggraver.

Rénover et en finir avec les vieilles méthodes et les vielles combines électoralistes sera d’autant plus difficile qu’après la défaite de Sarkozy, les élus en place vont resserrer les boulons. Ils ne voulaient pas de la primaire et ils voudront encore moins d’une rénovation qui les menacerait. Et pour eux peu importe que la crise politique nourrisse la progression du FN, l’essentiel est de rester en place.

Fabrice Thomas

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