Sur 16 députés PS du Languedoc-Roussillon, ils n’ont été que trois à suivre Bourquin dans son combat contre la fusion des régions, Kléber Mesquida et Christian Assaf, députés de l’Hérault et le catalan Robert Olive.
Le vote de Robert Olive, maire de Saint-Feliu-d’Amont qui siège à l’Assemblée Nationale depuis que Ségolène Neuville est devenue secrétaire d’état dans le gouvernement de Manuel Valls est assez étonnant. « Incroyable », commente Henri Sicre, bon connaisseur des pratiques de l’hémicycle, dont nous avons pris l’avis. L’ancien député (élu quatre fois) se demande même si l’on a déjà vu un député voter contre le gouvernement où siège le ministre qu’il remplace. Il y a habituellement, selon Henri Sicre, une proximité et une solidarité naturelle entre le ministre et celui qui siège tant qu’il est au gouvernement.
Dans la sphère gouvernementale, il sera certainement reproché à la ministre de ne pas “ contrôler “ son suppléant.
Neuf députés PS du Languedoc-Roussillon ont voté pour la réforme.
Jacques Cresta, signataire de l’appel de Bourquin contre la fusion avec Midi-Pyrénénes, s’est abstenu. Il est vrai qu’il avait signé en indiquant son seul mandat de conseiller régional. Ce qui laissait penser que le conseiller régional avait une position et le député une autre. Il s’est abstenu, tout comme Pierre Aylagas qui, lui, n’avait pas signé l’appel contre la fusion. Bourquin doit mal vivre d’être ainsi lâché par deux obligés, deux hommes dont il a fait des députés.
Etre aussi peu suivi ne fera pourtant pas bouger Bourquin d’un iota. Il va mener ce combat jusqu’au bout. Et lorsqu’il quittera la présidence de la région il pourra dire qu’il s’est battu comme un lion pour que le Languedoc-Roussillon reste tel qu’il est et ne fusionne pas avec une autre région. Il partira vaincu, mais il aura sauver la face. Ce projet de fusion tombe finalement bien pour lui car ses chances de conserver la présidence de la région étaient très faibles. La majorité des grands élus socialistes du Gard, de l’Hérault et de l’Aude l’auraient laché et auraient soutenu un autre candidat.
A son habitude Bourquin utilise ses pouvoirs pour sanctionner ceux qui ne se soumettent pas. Comme les Audois qui sont très favorables à la fusion avec Midi-Pyrénées. Un comportement que les grands élus PS de ce département ont dénoncé dans une lettre ouverte qui, bien qu’elle utilise des termes prudents, n’en accuse pas moins le président de la région de boycotter l’Aude.
Monsieur le Président,
« Depuis plusieurs semaines, une rumeur bruisse sur le retrait systématique de la Région du financement de la quasi-totalité des dossiers audois et de l’absence volontaire d’élus ou de l’administration régionale à un nombre considérable de réunions auxquelles votre institution devait participer.
Cette situation avait conduit un conseiller régional audois à vous interpeler le 27 juin dernier lors de la session du Conseil Régional. Votre démenti exprimé en session ou oralement à certains d’entre nous se voulait rassurant.
Pourtant, quelques jours après, force est de constater que des faits concrets, concernant tout autant les collectivités territoriales que d’autres organismes, confortent la rumeur :
– Votre absence à la réunion du Plan de prévention des risques technologiques de Port-la-Nouvelle le 9 juillet - Le report de l’enquête publique sur l’extension du grand port de Port-la-Nouvelle qui devait démarrer en août.
– Votre absence de réponse sur l’avenir de l’aéroport de Carcassonne Sud de France dans un contexte fragilisé par la position de la Commission européenne.
– Votre absence de réponse à une demande insistante d’une réunion avec Carcassonne Agglo au sujet du Parc régional d’activité économique de Béragne.
– Le retrait du dossier concernant le lycée de Lézignan-Corbières de la Commission d’appel d’offres qui devait attribuer les marchés de construction de l’établissement.
– L’absence de relation avec le Conseil général pour avancer conjointement sur le « protocole Région – Département », alors qu’à la même période les années précédentes vos services avaient déjà largement avancé sur la rédaction de ce document.
– Votre absence au dernier comité de pilotage du programme « Très Haut Débit », dont la Région est l’un des partenaires et l’un des potentiels financeurs.
– L’absence d’inscription des dossiers audois sollicitant des fonds européens agricoles (FEADER) lors de la session du 27 juin 2014. De plus, si ceux-ci devraient être délibérés le 25 juillet en commission permanente régionale, ce n’est que sous la pression de la Préfecture de Région qui vous a rappelé à vos obligations légales.
– Le retrait d’un nombre important de dossiers déposés par des communes mais aussi des associations culturelles et sportives de l’Aude de la dite session, alors même que vos services avaient préalablement informés les différents porteurs de projet de leur inscription. - L’attente d’actes concrets, toujours annoncés, jamais réalisés, concernant l’Opération Grand Site de la Cité de Carcassonne et l’engagement de la réalisation du musée de la romanité de Narbonne.
Cette liste non exhaustive révèle-t-elle une stratégie d’ostracisme ? La différence de position entre de nombreux élus et forces vives de l’Aude et vous-même quant à la fusion des régions Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées en est-elle la cause ?
Nous n’osons pas imaginer que votre gestion des affaires publiques s’appuie sur de telles pratiques, contraires à vos propos.
Pourtant, aujourd’hui, nous sommes obligés de vous dire que de nombreux Audois s’interrogent et sont dans l’expectative. La pérennité de leurs projets est remise en cause par votre nouveau positionnement.
Les milieux économiques s’inquiètent du ralentissement des chantiers et des conséquences pour l’emploi, qui y sont liées.
Ne souhaitant pas alimenter la polémique mais soucieux de défendre les intérêts des Audois, nous vous adressons cette lettre ouverte, Monsieur le Président, afin que vous clarifiez les relations entre l’institution que vous présidez et l’ensemble des acteurs institutionnels,socioprofessionnels et associatifs de notre département.»
Sectarisme et despotisme, la méthode avait permis à Bourquin d’asseoir son pouvoir dans les P-O. Au niveau régional, elle s’est heurtée à de fortes résistances. Mais comme ce courrier le montre, cette façon d’exercer le pouvoir pénalise fortement le développement des territoires.