Les pieds dans la glaise !

Comme son seigneur et maître Christian Bourquin, Jacques Cresta défend le cumul d’un mandat parlementaire avec un mandat exécutif (maire, président de communauté de communes, président de conseil général ou régional). Il utilise pour cela une formule haute en couleur, « Il faut avoir les pieds dans la glaise et la tête dans les étoiles ». Phrase qu’il attribue à Georges Frêche. Elle est, en fait, de José Frèches. Celui qui n’était pas encore le romancier qui fabrique des best-sellers ayant pour cadre de la Chine Impériale, occupait alors la place de pdg de Midi-Libre. Sa saillie avait, en 2000, suscité quelques commentaires ironiques. Les propos du très hautain patron du groupe de presse régional pouvaient laisser penser que, pour lui, quitter Paris pour s’installer à Montpellier s’était aller mettre les pieds dans la boue.

Jacques Cresta est content de sa trouvaille. Il faut l’entendre la sortir avec son accent un rien ouvrier des faubourgs. Faute de pouvoir publier une photo du député les deux pieds dans la boue, le site internet qui sert la soupe aux socialistes nous montre Jacques Cresta en discussion avec un artisan mécanicien du Bas-Vernet en tenue de travail. Style, Jacques Cresta met les mains dans le cambouis. Mettre les mains dans le cambouis, voilà une autre formule que nos politiques affectionnent.

Tout ça, direz-vous, c’est du populisme ! C’est de la démagogie !

Le quotidien du député et son chèque de fin de mois n’ont rien à voir avec ceux des personnes qui mettent les pieds dans la boue et qui font des métiers où l’on se salit les mains. Toute la journée. Ils ne font pas semblant le temps d’une photo. Alors un peu de respect pour eux ! Fabrice Thomas

Hôtel du département : Les Gitans sont-ils indésirables ?

Jean-Louis Chambon, conseiller général PS du canton Saint-Jacques centre ville a installé, il a quelques semaines de cela, sa permanence à la Maison de la catalanité du conseil général. Il y a une belle coquille sur le bristol largement diffusé aux habitants du canton par voie postale, on y lit, Maison de la catalinité. Ça fera sourire les Catalins et les Catalines.

Pourquoi à la Maison de la Catalanité et pas à l’hôtel du département ? Il est pourtant  situé à la lisière du canton. Et Jean-Louis Chambon y a un bureau.

La Maison de la Catalanité étant une coquille vide, il n’y manque certes pas de place. Mais hors l’hôtel du département, aucun conseiller général PS de Perpignan n’utilise des locaux de la collectivité territoriale départementale. Curieux !

Autre fait inédit, le logo du PS sur l’invitation. En invitant les administrés dans des locaux du conseil général, Jean-Louis Chambon est censé agir en tant qu’élu. Elu de tous les habitants du canton. Il ne faut pas confondre permanence d’élu et permanence politique. Une différence que le maire de Canohès ne sait pas faire.

Jean-Louis Chambon, le roi des Gitans.

Maison de la Catalanité ou Maison du clientélisme ?

Nous avons donc interrogé, ici et là. Et nous n’avons pas été déçu du voyage.

Un premier interlocuteur nous a dit que Jean-Louis Chambon ne voulait pas recevoir les Gitans au conseil général. Même son de cloche auprès d’une seconde personne.

Interrogé sur cette utilisation du poing et de la rose, un élu du PS a simplement commenté, « Jean-Louis Chambon fait n’importe quoi ».

Et pour tout vous dire, aucun de nos interlocuteurs ne s’est fait prier.

Ce monsieur Chambon n’est manifestement pas apprécié à sa juste valeur. Aussi bien parmi le personnel que dans le groupe des élus socialistes du conseil général. Mêmes échos du côté de Canohès. Bref, ça parle mal !

Pour ce qui est des relations avec les membres de la communauté Gitane, nous avons du mal à croire ce qui nous a été dit. On n’avait, en effet, jamais vu quelqu’un d’aussi attentionné avec les Gitans. Comment oublier ce monsieur qui abordait si gentiment les électeurs devant le bureau de vote situé à l’angle de la place Cassanyes, oui, devant le bureau de vote, le jour du scrutin des cantonales ? Il passait pour le bienfaiteur de la communauté Gitane. Jamais les Gitans n’avaient voté en si grand nombre. La preuve. Dans les bureaux 10 et 11, la participation dépassa tout ce que l’on avait vu depuis trente ans. Chiffres à l’appui. Et ce serait le même, un an plus tard, qui ne voudrait pas que les Gitans mettent les pieds à l’hôtel du département ? On n’arrive pas à le croire.

Lors de la dernière session du conseil général, Véronique Vial, conseillère générale UMP de Perpignan a demandé à Hermeline Malherbe, de lui donner des explications sur l’installation de J-L Chambon à la Maison de la Catalanité. La présidente du  conseil général a répondu qu’elle n’était pas au courant. Bonne porte de sortie pour éviter le débat sur un sujet embarrassant. Fabrice Thomas

Pierre Becque : « Dans cinq ans la Catalogne peut être la Suisse du sud de l’Europe ! »

Interview de Pierre Becque, co-fondateur de l’association Les amis de la Catalogne.

Vous étiez à Barcelone à la grande manifestation du 11 septembre où une foule immense a défilé derrière une banderole unique, « Catalogne, nouvel état d’Europe ».

Pierre Becque : J’étais à cette manifestation où il y avait une masse de gens impressionnante. Un million et demi de participants d’après la police. La police catalane d’accord, mais quand même d’après la police. Le Passeig de Gracia était plein de bas en haut, il fait 3 kilomètres. C’est considérable, ça représente à peu près 20% de la population de la Catalogne qui est de 7,5 millions et demi de personnes. Autre élément remarquable, c’est la sérénité de la manifestation. Pas un incident. Ce qui est un signe de maturité démocratique.

Comment expliquez-vous l’évolution de l’opinion catalane ?

Pierre Becque : Il est important de souligner que désormais les milieux économiques de Catalogne sont déterminés. Ils considèrent qu’ils sont en Espagne la région moteur de l’Europe. Ils se plaignent d’un défaut d’investissement public de l’Espagne qui cause un grave préjudice. Pour citer quelques exemples significatifs. Il y a le TGV qui n’est toujours pas raccordé à la France. Les lignes aériennes transatlantiques qui sont pour l’Espagne très importantes ne peuvent pas se poser directement à Barcelone. Autre exemple, les chinois ont créé un terminal de containers à Barcelone, c’est un investissement colossal de plusieurs milliards. Le raccordement entre ce terminal et la voie ferrée n’est toujours pas fait. La ministre de l’écologie espagnole vient d’annoncer qu’il fallait recommencer l’enquête publique parce qu’elle datait de plus de cinq ans. Je passe sur toutes les infrastructures où il y a des problèmes. Des freins qui ne dénotent pas une volonté de permettre le développement économique de la Catalogne. Le monde économique considère que la Catalogne risque de perdre son rang dans l’économie européenne et dans l’économie mondiale. Les chambres de commerce, les fédérations professionnelles, beaucoup de structure ont basculé du côté de l’indépendantisme.

Et sur le plan politique la situation a-t-elle aussi évolué ?

Pierre Becque : Le parti au pouvoir a été réélu sur la renégociation du pacte fiscal avec Madrid. Mais comme il s’est heurté à une fin de non recevoir, Artur Mas adopte une position qui me semble courageuse. A mi-mandat, il provoque des élections anticipées. Même si les sondages lui permettent d’envisager une issue favorable, c’est quand même courageux. Et le débat pour les élections du 25 novembre porte sur la question pour ou contre une démarche d’autodétermination au sein de l’Europe.

En quoi sommes-nous concernés par ce processus ?

Pierre Becque : Nous allons forcément en ressentir les conséquences. Je ne sais pas si elles ne seront que positives. Partons d’un constant géographique simple. La Catalogne, si elle est indépendante, aura une frontière au sud et à l’ouest, qui sera une frontière peut-être pas hostile, mais réticente dans un premier temps. Et la seule autre frontière qu’elle ait, c’est avec nous. La Catalogne va davantage se tourner vers nous. Et je crains qu’ici on n’y soit pas préparé.

C’est donc pour que l’on se prépare à ce changement que vous et vos amis vous allez créer une association ?

Pierre Becque : Pour nous, c’est-à-dire au départ un groupe de personnes qui sont impliquées dans le monde économique et qui sont attachés à ces notions catalanes, l’idée c’est de constituer une association pour faire, je n’aime pas le terme de lobbying, de l’explication, de l’information et de mener une réflexion afin de savoir comment on va aborder cette nouvelle situation. Si ce pays se crée, en tant que pays, on a déjà un certain nombre de liens privilégiés, on sera directement concerné.

Pensez-vous que l’indépendance de la Catalogne puisse sur le plan économique présenter de l’intérêt pour nous ?

Pierre Becque : Quand Saint-Charles a été créé, c’était le point d’accès pour les produits espagnols à la Communauté Européenne. C’était un passage obligé, pour dédouaner, il fallait passer par ici. Quand l’Espagne est rentrée dans le Marché Commun on aurait pu imaginer que Saint-Charles disparaitrait puisque on n’avait plus besoin de cet accès douanier. Hors Saint-Charles est resté parce qu’il avait acqui un savoir-faire. La transposition de cet exemple peut se faire dans d’autres domaines. Dans mon domaine professionnel, je vends de la proximité et du savoir faire français qui m’amène à intervenir partout en France pour des entreprises espagnoles. Ce qui existe dans le domaine du conseil, comptable, juridique ou para juridique, on peut le faire dans d’autres secteurs.

Il y a des domaines où nous avons un désavantage concurrentiel, comme dans le bâtiment ?

Pierre Becque : Il n’est pas du tout certain que ce soit totalement négatif. Les entreprises de bâtiment espagnoles ne vont pas se contenter d’avoir une activité dans le département des Pyrénées-Orientales, on peut être des interfaces dans des partenariats pour accompagner des entreprises catalanes sur le marché français. Il y a longtemps que je pense que l’on devrait être des interfaces utiles pour aborder les marchés d’Afrique du nord. Là aussi il y a une question de culture et de langue française qui peuvent nous permettre d’apporter un plus à des entreprises catalanes qui auraient des ambitions dans ces pays.

Vous constituez donc une association ouverte à tous ceux qui veulent débattre de ces sujets ?

Pierre Becque : C’est une association loi 1901 dans laquelle tout le monde sera le bienvenu. Ça n’est pas un parti politique et, pour s’assurer d’une relative autonomie, nous avons décidé d’inscrire dans les statuts que des élus politiques en cours de mandat ne pourraient pas faire partie du bureau de l’association.

Comment s’appellera cette association ?

Pierre Becque : Elle s’appellera Les amis de la Catalogne, en sous titre en catalan, Els amics de Catalunya. Première étape mercredi 24 octobre à 18h30 pour une réunion avec les membres fondateurs, Raymond Brunet de l’UPE, Fabien Cantagrill, commerçant dans les produits identitaires et d’autres. La réunion se tiendra dans les locaux du stade aimé Giral, où il y a une grande salle. Je dis bien du stade Aimé Giral et pas de l’USAP. Je tiens à ce qu’on le dise. Ce n’est pas l’USAP qui s’engage. Notre volonté est que vienne le plus de monde possible pour expliquer le sens de la démarche et que s’y exprime toutes les réflexions y compris celles qui pourraient être critiques. Je ne serais pas du tout hostile à ce que Jean-Jacques Planes (président de la fédération du bâtiment des P-O.) vienne nous dire ce qu’il en pense. S’il vient je sais ce que je pourrais lui répondre. Dans la lutte contre la THT il a su trouver les relais au sud. Il peut y avoir des synergies, même si parfois il y a des concurrences.

Revenons à l’éventualité d’une indépendance de la Catalogne, les obstacles institutionnels et politiques ne manqueront pas ?

Pierre Becque : Il y a, selon les sondages, une estimation de 65% de votes favorables. C’est beaucoup, surtout que l’échéance du référendum n’est pas là. Même si un tel référendum peut être organisé, il y aura ensuite l’étape européenne avec deux écueils. Le premier est institutionnel. Pour créer un nouvel état au sein de l’Union Européenne il faut l’unanimité des pays membres. Ce n’est pas gagné du côté espagnol, ce n’est pas gagné du côté français et de son jacobinisme. M. Valls, né à Barcelone, ministre de l’intérieur de la France, quand il est venu ici il n’a pas voulu parler catalan alors qu’il est né à Barcelone et qu’il le parle couramment, j’en suis sûr. Dans ce débat, notre association peut servir à expliquer le sens réel de la démarche et à sensibiliser les élus politiques ici, en Midi-Pyrénées et ailleurs. Au Sud, ils ont des relais à Bruxelles à Strasbourg, ils ont des parlementaires européens.

Le deuxième obstacle c’est que l’indépendance de la Catalogne affaiblirait fortement l’économie de l’Espagne ?

Pierre Becque : Cette deuxième difficulté est la plus lourde. Même si l’on peut imaginer qu’il y ait dans un premier temps des péréquations financières, l’économie espagnole s’en ressentira assez fortement. On peut craindre que l’Union Européenne se montre réticente à appauvrir un état du sud de l’Europe aux confins du Maghreb. On a déjà bien du souci avec la Grèce, la perspective d’un problème équivalent avec l’Espagne va, j’en suis certain, beaucoup préoccuper l’Union Européenne.

Vous êtes quand même optimiste ?

Pierre Becque : Je suis persuadé que l’on vit là une étape fondamentale et sans retour de la création réelle d’une union européenne. C’est un des premiers exemples de démarche totalement pacifique en vue de la création d’un état qui corresponde à une identité culturelle s’appuyant sur un territoire, sur une économie, sur une langue dans un cadre européen. Si cet exemple tendait à se multiplier ça peut être un pas décisif pour la constitution de l’Europe car l’on sortirait du schéma des états nations qui se sont constitués sur une base militaire.

Un autre type d’état nation car la Catalogne reste dans l’idée d’un état nation.

Pierre Becque : C’est sur une identité, une communauté culturelle au sein de l’Europe. Et je pense que ça peut faire prendre un virage à l’Union européenne parce que chaque fois qu’il y a une crise les états ont tendance à se replier sur eux-mêmes.

L’action de votre association se situe donc clairement dans la perspective d’une Catalogne indépendante ?

Pierre Becque : Si la Catalogne obtient son indépendance sous une forme ou sous une autre son développement économique et par voie de conséquence son développement culturel et social va être important et dans cinq ans la Catalogne peut être la Suisse du sud l’Europe. Elle a un excellent réseau de communication maritime, aérien et terrestre. Il y aura une stabilité démocratique qui permettra de rassurer les investisseurs. Et puis surtout il y a une tradition industrielle qui remonte au moyen-âge. Le fait que les Japonais, il y a quinze ou vingt ans et maintenant les Chinois aient choisi cet endroit pour investir en Europe, c’est quand même tout à fait significatif de la confiance que les grands investisseurs mondiaux peuvent avoir dans ce pays. Pour nous ici, habiter à côté de quelque chose qui ressemblera à la Suisse me parait positif. Les Français qui vivent près de la frontière Suisse ne s’en plaignent pas. C’est à nous d’essayer d’imaginer des solutions qui puissent nous intégrer d’une façon ou d’une autre. Je ne rêve pas, je ne dis pas que demain il faut que l’on devienne catalan. Mais au moins qu’on soit préparé à jouer un rôle d’interface pour absorber les bénéfices de cette opération.

Fièvre politicienne

Vous ne comprenez pas grand-chose à ce qui se passe à droite ?

Rassurez-vous, vous n’êtes pas seul.

On aimerait bien voir ce qu’il y a derrière la façade. Car les discours, qui ne sont le plus souvent que des postures, ne nous renseignent pas beaucoup.

Pourquoi Alduy, Calvet et Mach semblent ils s’être ligués contre Jean-Marc Pujol et préférer la candidature de Romain Grau à la mairie de Perpignan en 2014 ?

La lutte des places, vous connaissez ?

Bien sûr !

Une lutte qui porte rarement son nom. Nos hommes politiques habillent toujours des plus nobles idées leurs plus triviales ambitions. L’un annonce un grand projet pour Perpignan, l’autre dit que sa seule ambition est de passer le relais à une nouvelle génération. N’oublions pas celui qui se présente en gardien du temple UMP…

Mais quels sont précisément les véritables desseins des uns et des autres ?

Ne connaissant pas la réponse à cette question, nous allons formuler quelques hypothèses dont nous disons tout de suite qu’elles sont purement fantaisistes.

Jean-Paul Alduy  est président de l’agglo Perpignan-Méditerranée et il aimerait bien conserver ce poste très convoité par ses “amis“ de l’UMP. Il se doit donc d’être présent dans le jeu politique. Il l’est en poussant  sur la scène celui qui se présente comme son fils en politique.

François Calvet rêve de la présidence de l’agglo. Lui aussi, pas seulement en se rasant. Et pourquoi pas  aussi de la mairie de Perpignan ? Il se défend bien sûr de vouloir jouer les premiers rôles.  Mais le plus futé de nos hommes politiques est en embuscade. La candidature de Romain Grau à la mairie de Perpignan lui va très bien. Elle pourrait semer la zizanie, la division et affaiblir Jean-Marc Pujol. Et une fois qu’il y aura, excusez-nous du terme, le gros bordel, super Calvet pourra venir siffler la fin des hostilités et apparaître comme le sauveur de la droite et se présenter en nouveau boss avec les alliés qu’il aura choisi pour diriger la mairie et l’agglo.

Daniel Mach apporte publiquement à Romain Grau le soutien d’un poids lourd de l’UMP, un soutien que François Calvet ne peut bien sûr pas lui donner. Battu aux législatives, Mach ne se satisfait pas de ses mandats de maire et de vice-président de l’agglo. Jean-Marc Pujol est resté sourd à ses demandes et en plus de cela le maire de Perpignan est,  afin de protéger le commerce de Perpignan, hostile à un projet de zone commerciale à Pollestres. Voilà pour celui qui fait souvent tandem avec François Calvet de bonnes raisons de continuer à pédaler avec lui. Et Daniel Mach se voit bien, lui aussi, dans le fauteuil de président de l’agglo.

Romain Grau, ce n’est plus à prouver, est un jeune homme pressé. Il est fort du soutien d’Alduy, de Calvet et de Mach. Mais pour combien de temps ? JPA va vite se rendre compte que ses “amis“ Calvet et Mach tirent un bon profit de l’opération Grau et que la déstabilisation de Jean-Marc Pujol entrainerait la sienne. S’il persiste dans sa candidature à la mairie de Perpignan, Romain Grau qui est, rappelons-le, conseiller municipal et membre de la majorité, apparaîtra de plus en plus comme un fauteur de trouble, un diviseur. Et ses alliés d’aujourd’hui ne seront pas les derniers à lui dire qu’il n’est pas celui qui peut le mieux rassembler la droite et le centre droit afin d’empêcher les bourquinistes de prendre la ville.

Romain Grau, Nathalie Beaufils et Daniel Mach lors de la campagne des élections législatives.

Mais tout ça, répétons-le, n’est que vue de l’esprit !

Ce qui est certain, c’est que cette poussée de fièvre politicienne est mal accueillie par les électeurs, les militants et les élus de droite. La grande majorité d’entre eux considérant que si le maire en place souhaite faire un nouveau mandat, sa légitimité est totale et incontestable. Fabrice Thomas

Aliot retourne dans ton château !

Louis Aliot quitte le bureau qu’il louait dans le cabinet de maître Large, boulevard Wilson. Le clodoaldien s’installe à Saint-Charles, dans les locaux de Spain Fruits. Un choix qu’explique un de ses proches, Jean-Claude Pinget, en invoquant les problèmes pour se garer dans le centre ville. Puis l’avocat Belge ajoute que les nouveaux locaux offriront plus de discrétion pour recevoir certaines personnes.

Selon d’autres sources, l’activité d’avocat d’Aliot est insignifiante et il occupait rarement le bureau qu’il louait dans un immeuble cossu du boulevard Wilson. Un voisin retraité dit même qu’il n’a jamais vu le leader d’extrême-droite. Louis Aliot payait-il un loyer uniquement pour avoir une plaque d’avocat à son nom ?

Du côté du palais de justice, Louis Aliot est considéré comme un avocat fantôme. Et la seule fois où un journaliste l’a vu plaider, c’est dans une affaire de diffamation dans laquelle il poursuivait l’hebdo du PCF, Le Travailleur Catalan. Manque de chance, le novice est dans sa première affaire arrivant devant le tribunal correctionnel tombé sur un os. Un gros os nommé Codognès.  L’avocat de gauche a fait des confettis avec l’assignation de Louis Aliot. La leçon a été si sévère que ce dernier a préféré battre en retraite. Il s’est  finalement désisté. Il a annoncé la fin des poursuites en bafouillant une explication dans laquelle il était question de la santé de ses clients. Grand moment. La salle jubilait en écoutant maître Codognès, le sourire aux lèvres et le regard plein de malice, l’argument pointu et le verbe moqueur prendre manifestement beaucoup de plaisir à donner la leçon au dirigeant du FN.

Revêtu de sa robe d’avocat toute neuve, Aliot c’est fait laminer par Codo.

A Perpignan, il n’y travaille pas plus qu’il n’habite à Millas. Comme Marine le Pen à Hénin-Beaumont. Ils sont tous les deux clodoaldiens.

Ça passe son temps à dénoncer les nantis. Ça ne jure que par le peuple.  Mais ça réside dans une sorte de Beverly Hills, à Saint-Cloud. Dans un château au milieu d’un parc. Ça prend l’avion pour venir à Perpignan expliquer à la presse qu’il devient insupportable de vivre dans cette ville où règne tant d’insécurité. Et puis après avoir attisé les peurs, ça reprend l’avion pour retourner dans les beaux quartiers où n’habitent que… des nantis.

Monsieur Aliot n’est pas comme les autres hommes politiques. Il est pire qu’eux.

Avant, il était anti-alduyste. Mais ça c’était avant !

Transmis par un lecteur, un tract de la campagne des élections municipales de 2008 que Romain Grau, numéro 3 sur la liste conduite par Jean Codognès distribuait sur les marchés et dans les boîtes à lettres de Perpignan.

Mais ça c’était avant !

Maintenant il est fan de Jean-Paul Alduy qu’il considère comme son père en politique.

Romain Grau : un pas de plus vers la candidature à la mairie de Perpignan

Dans une interview donnée à La Clau, le site qui a récemment fait son coming-out en déclarant sa flamme alduyste, Romain Grau a répondu à la question, « Une candidature à la mairie, vous y pensez en vous rasant ? », « Selon la formule, “ pas seulement en me rasant “ !

Longue interview tout en circonvolutions, en finesses. Romain Grau excelle dans le style, dire une chose et pas tout à fait son contraire. Une rhétorique talentueuse. Une anguille diront certains pour aller vite.

Au moins on ne pourra jamais dire de celui-là qu’il est bête. Grau respire l’intelligence. Cette intelligence qui lui donne tant d’habileté et qui fait déjà de lui un expert en manœuvres politiques. On sent que ce n’est pas un enfant de chœur, même s’il en a parfois l’air.

De finesse, Grau en manque en revanche quand il sculpte la statue de son maître, celui dont il dit : « Jean-Paul Alduy fait figure de père en politique pour moi. » Faisant le panégyrique de JPA, l’avocat lâche les chevaux. Mais plutôt des chevaux de labour que des purs-sang.

Voici quelques morceaux choisi de l’ode à Jean-Paul Alduy.

« Il est aussi un exemple dans une conduite de politique municipale réussie. Il a su moderniser notre territoire sans jamais rompre avec notre histoire. Ce réflexe de synthèse, il me l’a transmis, il me l’a appris.»

« Jean-Paul Alduy est devenu maire de Perpignan lorsque j’ai atteint la majorité. Je sortais du Lycée Arago. Perpignan était une ville grise et triste qui vivait dans le marasme des affaires, des combats politiques stériles au cours desquels les électeurs étaient d’abord des « clients ». Jean-Paul a à la fois réussi à opérer la mue architecturale et urbaine de la ville et amener de la fraîcheur, de la compétence, de la jeunesse dans cette vie politique qui sentait la naphtaline. Le bilan me semble donc flatteur et réussi. »

«Et surtout, nous finirons par avoir le TGV qui s’arrêtera à Perpignan d’ici quelques mois. Quelle révolution : nous serons à moins d’une heure de Barcelone, promise à devenir la capitale d’un Etat indépendant. Jean-Paul a su nous préparer à cette révolution, mais c’est nous qui allons la vivre et conduire le vaisseau dans ces nouveaux temps. Nous avons aussi la réussite du Théâtre de l’archipel : cette salle force le respect par son succès, et les affirmations adverses ne sont que mauvaise foi. Jean-Paul Alduy, c’est aussi le quai Vauban sur lequel il fait tellement bon vivre, la rénovation des Dames de France, l’aménagement réussi du boulevard Wilson. »

« Dominique Baudis, Pasqual Maragall ou Jean-Paul Alduy ont été d’excellents maires pour leur ville. »

Et dire que c’est le même qui, en 2008, numéro trois sur la liste conduite par Jean Codognès, expliquait qu’il fallait « Mettre fin au système Alduy » ! Ce qui fut le grand thème de campagne de l’équipe, “Perpignan la confiance retrouvée“ ».

Fidèle à son grand style, Romain Grau brosse tout le monde dans le sens du poil. Sauf, bien sûr, Jean-Marc Pujol. Là, il joue son air de ne pas y toucher sur le ton de « Mon cher Jean-Marc vous reprendrez bien un petit coup de poignard », « Dans le haut ou dans le bas du dos. C’est comme il vous plaira mon cher Jean-Marc. »

Mais passées les amuses-bouches, on attendait Romain Grau sur le fond. Et là rien. Ce n’est qu’en caricaturant, en dénaturant le discours de J-M Pujol qu’il fait entendre sa différence : «Sur le plan politique, je partage avec lui (Jean-Marc Pujol) un socle de valeurs communes, mais j’ai une autre hiérarchie d’inquiétudes pour notre ville : on ne peut nier que la sécurité est un des droits fondamentaux dans une république solide. Toutefois, je suis partisan de résoudre ces questions de sécurité, sans les ériger en projet politique. La sécurité est un préalable incompressible dont nous devons faire une grande cause municipale, sans en faire une fin en soi. Par ailleurs, il s’agit d’un sujet où il vaut mieux faire que dire. Mais tout ne s’arrête pas à la sécurité. Il faut que nous parlions aussi des écoles, de la culture, du commerce de centre-ville, de l’économie, du développement durable, de l’aménagement… »

Il est certain que Romain Grau est taillé pour  jouer un rôle politique de premier plan. Mais Romain Grau, on l’a déjà vu, est pressé. Quelques semaines après avoir été élu sur la liste de Jean Codognès, il passait dans l’équipe d’en face, dans la majorité municipale de droite. Et comme on l’a déjà vécu avec un autre jeune énarque, le regretté Olivier Ferrand, Romain Grau se repose trop sur son seul brio pour arriver.

Toujours dans l’interview à La Clau, Romain Grau déclare : « Clairement, en politique, les choses doivent se prendre dans l’ordre : c’est une question de professionnalisme mais aussi de respect des électeurs. Avant de savoir qui se présente, il faut construire et partager un programme. Il faut ensuite faire émerger des candidats qui aient envie de porter ce programme…  »

Romain Grau donne des leçons qu’il commence par ne pas s’appliquer à lui-même.

Le nouveau fils spirituel de Jean-Paul Alduy, le successeur à ce poste de Fabrice Villard, fait même le contraire.

Le brio, l’habileté et les belles paroles font le politicien, mais pas l’élu avant tout déterminé à répondre aux attentes des citoyens et à faire avancer son pays. Des politiciens, il n’y en a déjà que trop dans notre beau département.

Les sympathisants de l’UMP plébiscitent l’interdiction du cumul des mandats

Dans un sondage réalisé par Opinion Way pour Le Figaro (4 octobre), il a été demandé à des sympathisants de l’UMP s’ils étaient « D’accord » ou « Pas d’accord » avec un certain nombre de propositions. 88 % d’entre eux se sont déclarés d’accord avec la proposition, « Il faut interdire le cumul des mandats. »

C’est certainement la seule proposition sur laquelle on arrive à un tel niveau d’accord entre les électeurs de gauche et de droite. De leur côté, les grands élus de gauche et de droite se retrouvent unit dans leur commune opposition.

Voilà une nouvelle illustration du divorce entre les Français et la classe politique.

Localement, il n’y a que deux politiques à s’être clairement prononcés contre le cumul. A droite, Jean-Marc Pujol et à gauche Jacqueline Amiel-Donat qui écrit sur son blog : « Le non-cumul des mandats, c’est remettre la politique et le politique dans son sens premier : un contrat établi avec le citoyen où l’élu s’engage à s’investir pleinement et totalement pendant la durée de son mandat pour défendre et mettre en œuvre les mesures qu’il a soumises à leur suffrage. C’est aussi la déprofessionnalisation du personnel politique, le renouvellement des visions, des approches, des idées. C’est enfin un moyen de lutte contre les clientélismes locaux et les réseaux qui biaisent la vie politique locale et ternissent la démocratie, quand ils ne la bafouent pas. Oui, le non-cumul est une nécessité et une urgence ! Le non-cumul, ce doit être maintenant ! Et c’est l’honneur du Parti Socialiste de l’avoir porté avec force. Et ce sera son honneur et la fierté de ses militants et de ses élus de l’avoir voté et de l’appliquer ! » Un message destiné à des centaines de gros cumulards du PS, dont Pierre Aylagas et Christian Bourquin.

Publié dans UMP

Ségolène Neuville : c’est dans la poche !

Ségolène Neuville : c’est dans la poche !

A l’ordre du jour de la prochaine commission permanente (sans public et sans journaliste) du conseil général, la location de deux bureaux à Ségolène Neuville à l’hôtel du département, « Pour les besoins de sa nouvelle fonction… »

Ségolène Neuville ne peut-elle pas, comme de nombreux parlementaires, louer des locaux pour y installer sa permanence ?

Ségolène Neuville va payer 3 300 euros de loyer par an, soit 275 euros par mois. Elle devra également s’acquitter de 1 630 euros par an soit 135 euros par mois pour les frais d’entretien des locaux, l’électricité, le téléphone, les prestations administratives, l’informatique etc….

Allez trouver, qui plus est en centre ville, un local de deux pièces avec toutes ces prestations pour 410 euros par mois. Tarif imbattable. Un prix d’ami !

Précisons que le manque de locaux à l’hôtel du département oblige le conseil général à louer des bureaux. Et à un autre tarif que celui consenti à Ségolène Neuville !!

Ce cadeau se justifie d’autant moins que  Ségolène Neuville reçoit chaque mois 6 412 euros de frais de mandat pour faire fonctionner sa permanence. Une enveloppe qui s’ajoute aux 7 100 euros de rémunération, aux 9 138 euros pour payer les collaborateurs du député et au remboursement des billets d’avion.

Cette situation pose un vrai problème éthique. Un député ou un sénateur n’a en effet pas à justifier l’utilisation de l’IRFM (l’indemnité représentative de frais de mandat). S’il ne la dépense pas, elle va dans sa poche. Et cet argent indûment perçu n’est évidemment pas imposable.

Ségolène Neuville illustre magnifiquement l’expression, « En mettre à gauche ».

C’est ça « La République exemplaire » ? 

Répondez madame Neuville !

PS : Elue depuis le mois de juin, Ségolène Neuville n’a toujours pas installé son cabinet parlementaire et le contrat avec le conseil général ne prendra effet que le 1 janvier 2013. Deux questions. Pourquoi la nouvelle députée a-t-elle autant attendu pour installer son cabinet parlementaire ? Quel usage fait-elle des 6 412 euros mensuels de l’IRFM ?

Non cumul des mandats : Bourquin s’y oppose farouchement

 Christian Bourquin est depuis quelques semaines parti  en croisade contre la limitation du cumul des mandats à laquelle les parlementaires du PS doivent à présent se soumettre.

A la mi-septembre, il a tiré la sonnette d’alarme en dénonçant « Le risque de défaire le lien parlementaire élu local ». Bourquin agite le spectre d’un parlement qui ne serait plus composé que d’énarques.

La dénonciation des élites est une vieille recette.

Bourquin est, comme toujours, dans la caricature. Dans le texte massivement approuvé par les militants du PS, il n’est pas question de priver les parlementaires de l’exercice d’un mandat local, il est uniquement prévu de les empêcher de cumuler un mandat de parlementaire avec un exécutif : maire, président de communauté de communes, président de conseil général ou régional.

Bourquin serait bien incapable d’expliquer comment l’application de cette mesure pourrait défaire le lien élu local/parlementaire et favoriser l’élection d’énarques.

Lors d’une seconde offensive, fin septembre, Bourquin a tiré à boulets rouges sur Martine Aubry. Il accuse l’ancienne patronne du PS d’avoir déclenché «un antiparlementarisme ambiant phénoménal » et aussi, « Par vengeance de vouloir déglinguer la gauche ». Rien que ça ! Il est vrai que Martine Aubry est sa bête noire.

Le procureur de la république du tribunal correctionnel d’Aix-en-Provence qui a dit de Bourquin qu’il était un camelot de foire avait très bien cerné le personnage.

Les élus qui cumulent plusieurs mandats, surtout les plus puissants, les néo-féodaux qui, comme Bourquin, sont à la tête d’un système construit sur le clientélisme, ne veulent rien lâcher. C’était prévisible. Particulièrement de la part de Bourquin qui, depuis longtemps, justifie le cumul des mandats. S’il pouvait, il serait maire de Perpignan, président du conseil général, président de la région et parlementaire. Et il nous expliquerait qu’avec tous ses leviers en main il est plus efficace. Car c’est toujours au nom de l’efficacité qu’il a justifié le cumul.

L’élu qui se consacre totalement à son mandat de sénateur et l’élu qui n’a pas d’autre mandat que celui de président de région est bien plus efficace que ne l’est le cumulard Bourquin. Et pour ne pas être trop désagréable avec le génie de Millas, nous éviterons d’évoquer son efficacité personnelle. De même que sa moralité.

A droite la situation est plus simple car il n’y a pas l’équivalent d’une Martine Aubry et d’un Montebourg. Le non cumul n’est pas à l’ordre du jour.

Mais alors que la quasi-totalité de la classe politique veut continuer de cumuler, les Français sont de plus en plus nombreux à vouloir une loi qui limite le cumul. Moins de 50% il y a dix ans, 90% à présent selon un récent sondage. La démocratie est la seule bonne réponse à la crise politique, l’unique solution pour combler le profond fossé qui sépare les Français de leurs élus.

Ce débat reviendra avec force au début du mois de novembre, quand Lionel Jospin  rendra le rapport de la commission de moralisation de la vie publique.