L’obsédé du logo a frappé en Cerdagne

Après une jolie ballade jusqu’à la chapelle de Belloc, au dessus de Dorre, où vous êtes restés un bon moment planté devant un superbe panorama qui offre une vue sur toute la Cerdagne, vous reprenez la route direction Font-Romeu. Vous admirez le chaos de Targasonne et là d’un seul coup, brutalement, vous recevez ça en pleine figure. C’est monstrueux autant qu’incongru.

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Habillant trois côtés de la tour du four solaire Thémis, les logos sont visibles à plusieurs kilomètres.

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N’y a-t-il pas des lois pour protéger le paysage des pollutions publicitaires ? Surtout quand il est aussi beau.

Celui qui préside aussi le Parc Naturel des Pyrénées-Catalanes nous explique pourtant : « Qu’il faut requalifier les paysages, optimiser l’intégration des bâtiments aux paysages… ». Pipeaux et tambourins.

Que vaut le paysage par rapport au désir de puissance d’un homme qui, avec ses logos, cherche depuis 15 ans à nous imposer son image ? Fabrice Thomas.

contact : c.politique@orange.fr

Site classé des Bouillouses : une gestion calamiteuse !

Vous n’avez pas pu échapper aux discours et articles d’autosatisfaction du conseil général sur sa gestion du site classé des Bouillouses. Petit rappel pour ceux à qui ce serait rentré dans une oreille et sorti par l’autre. Depuis 2000, en juillet et août, la route (10 km) qui va du Pla de Barrès au barrage des Bouillouses est fermée à la circulation à partir de 7 h du matin. Après, on accède au site en empruntant la navette (un bus). Mesures, nous dit-on, prises pour faire face à la sur-fréquentation du site et aux importantes dégradations du milieu naturel qu’elle entrainait.

Petit extrait du texte de présentation signé Hermeline Malherbe que l’on trouve dans la brochure massivement diffusé dans les offices de tourisme et les sites touristiques des P-O : « Le conseil général des Pyrénées-Orientales vous invite à découvrir ce site extraordinaire des lacs des Bouillouses. Nous nous efforçons de préserver les diverses richesses de notre patrimoine catalan et ceci dans le cadre du plan de régulation de la fréquentation touristiques des sites classés. Ce projet innovant de protection de l’environnement, initié par Christian Bourquin et aujourd’hui reconnu par l’ensemble des usagers, est reconnu nationalement. »

Ca c’est le discours.

Qu’en est-il dans la réalité ?

Dans la première navette à qui part à 7 h du Pla de Barrès, il n’y a que quelques personnes, des randonneurs qui savent qu’il faut démarrer tôt, surtout en été. Même chose dans celle qui part 15 minutes plus tard. La foule arrive à partir de 10 h. Il y a tant de monde que plusieurs bus partent en même temps. Ce sont des centaines et des centaines de personnes qui vont, en quelques heures, débarquer aux Bouillouses. La fréquentation quotidienne de la navette (5 euros l’A-R) tourne autour de 1 000 personnes et va jusqu’à 1 500. Tout ces touristes déboulent en même temps sur les sentiers de randonnée. On assiste à un effet troupeau. Les gens marchent en dehors des chemins et piétinent la flore. Il y a manifestement sur-fréquentation. Et une sur-fréquentation recherchée.

Tout ce monde, en grande majorité des touristes, est en effet attiré par l’importante campagne de publicité estivale du conseil général : prospectus, affiches, annonces publicitaires dans la presse.

Où est la « régulation » ?

Où est la « gestion durable » ?

Sans compter toutes les voitures qui montent avant la fermeture de la route. Résultat, là-haut, il n’y en a jamais moins d’une centaine.

Depuis dix ans, Christian Bourquin emploie toujours la même formule ronflante pour définir l’opération mise en place aux Bouillouses,  «c’est de l’écologie républicaine ». L’association de la protection de l’environnement et de l’ouverture au plus grand nombre. 

C’est en fait du tourisme de masse qui se pare de discours environnementaux.

La protection de ce site exceptionnel et sensible n’est pas forcément incompatible avec une fréquentation importante (mais moins qu’elle ne l’est).

Ne faudrait-il pas sensibiliser et associer les visiteurs à la protection du site ?

Par exemple au moyen d’un enregistrement sonore diffusé pendant le voyage en bus.

En installant des panneaux qui donnent des informations sur la faune, sur la flore, le paysage. Cela inciterait les visiteurs à avoir une conduite respectueuse de l’environnement et donnerait de l’intérêt à leur promenade. En aménageant un ou plusieurs sentiers de découverte.

Il faudrait aussi que l’information du conseil général prépare les touristes à ce séjour à 2 000 mètres d’altitude. On croise des personnes qui marchent en plein soleil, parfois avec des bébés et des enfants en bas-âge qui souffrent manifestement de la grande chaleur, sans un chapeau sur la tête, qui marchent en direction de l’orage, qui n’ont pas d’eau ou une bouteille pour plusieurs personnes, qui n’ont pas de vêtements chaud alors qu’à cette altitude la température peut rapidement chuter de 10 ou 20 degrés… Une jeune femme qui a fait la saison dans le bureau d’information du conseil général nous a dit qu’elle voyait chaque jour des dizaines de personnes imprudentes qui n’avaient pas le minimum d’équipement.

Le pire, si on peut dire, c’est que dans un site autant fréquenté, il n’y ait pas de gardes.

Si il y en avait eu, ils auraient peut être vu la fumée du barbecue du couple de campeurs de Lyon et ils seraient intervenus avant l’incendie qui a mobilisé une centaine de pompiers, une douzaine de canadairs et qui a détruit 80 hectares.

Baixas : l’article censuré

Suite aux pressions de Gilles Foxonet, maire de Baixas, l’article ci-dessous n’a pas été publié dans Le Petit Journal en vente depuis ce matin vendredi 10 février. Ce sujet prêt à paraître et qui était maquetté devait faire la une. Mais devant les menaces du maire de Baixas, le directeur du Petit Journal a préféré renoncer. Ce que je regrette vivement.

Baixas en colère: des conteneurs à ordures  sous les remparts du moyen-âge

En collaboration avec l’agglomération Perpignan-Méditerranée qui a la charge du ramassage des déchets, la ville de Baixas a opté pour la conteneurisation enterrée dans le centre ancien. Une option que la mairie présente comme « une solution environnementale adaptée qui a fait ses preuves ». Quelques jours après le début des travaux et alors que les cinq installations sont en cours d’achèvement, de nombreux Baixanencs s’opposent à ces installations qui défigurent un ensemble architectural exceptionnel constitué de remparts et de tours remontant au 14 ième siècle.

Sur la place du Marché aux Bestiaux, en regardant les avaloirs des conteneurs enterrés au pied d’une tour médiévale, on comprend tout de suite la colère des habitants et le succès remporté par la pétition du Collectif pour la protection du patrimoine de Baixas. 150 signatures. La propriétaire de la tour, Mme Brito a rebaptisé l’endroit place du marché aux ordures. Le 9 janvier, alors que les travaux démarraient le lendemain, le maire a réuni, par petits groupes, les personnes directement concernées par l’implantation des conteneurs. Lors de cette réunion, Mme Brito a interrogé Gilles Foxonet sur le choix de l’emplacement. Ce dernier a expliqué que c’était celui qui convenait le mieux. Mme Brito a suggéré d’enfouir le container à une quinzaine de mètres de là sur un emplacement plus neutre. Le maire lui a répondu que ce n’était pas possible, car il y avait une place de parking. Cette hiérarchisation des priorités n’est évidemment pas du goût des défenseurs du patrimoine. Pour Mme Brito, « Les choses ont été faites de façon à mettre les habitants devant le fait accompli. »

Le 10 janvier

La propriétaire de la tour historique a demandé au maire s’il avait l’autorisation des Bâtiments de France. Il lui a répondu qu’il avait toutes les autorisations. Mais le lendemain, le 10 janvier, plusieurs habitants de la commune téléphonaient à l’administration où exerce l’architecte de bâtiments de France, au Service Territorial de l’Architecture et du Patrimoine (STAP) pour s’en assurer. Toutes ont reçu la même réponse. La mairie avait, le jour même, le 10 janvier au matin, fait déposer  une demande d’autorisation de travaux dans la ZPPAUP (Zone de Protection du Patrimoine Architectural et Urbain). Faisant preuve d’une diligence exceptionnelle, le STAP n’a pris que quelques heures pour donner l’autorisation. Pendant ce temps, à Baixas, les travaux avaient démarré. Robert Thomas, un des animateurs du Collectif pour la protection du patrimoine de Baixas constatait que les arrêtés et autorisations relatifs à ces chantiers n’étaient affichés nulle part. Ni à la mairie, ni aux cinq emplacements d’implantation des conteneurs.

Le rôle primordial de l’expert

Le collectif s’est fait assister par un expert, Pierre Tronchon. Ancien directeur de l’Ecole d’Architecture de Montpellier, ce spécialiste en urbanisme est l’auteur de plusieurs ouvrages sur la question. Très actif sur le dossier, il a rapidement rencontré toutes les parties. Il ne souhaite pas communiquer avec la presse, il considère que c’est à l’association de le faire. Il déclare  juste : « Mon seul souci est de contribuer à ce que l’on trouve une solution qui préserve le patrimoine, cela dans un cadre amiable afin d’éviter que le conflit passe sur le terrain judiciaire. »

Alertés de toutes parts, les fonctionnaires du STAP se sont rendus à Baixas. Ils ont ainsi pu constater les anomalies par rapport aux textes d’urbanisme. Plusieurs installations, particulièrement inélégantes, s’élèvent à quelques dizaines de centimètres au dessus du sol alors qu’elles devraient être au niveau du sol. La couleur du revêtement n’est pas conforme. Problème également avec la distance par rapport au patrimoine protégé.

Le maire accuse l’agglo

Dans cette situation, le maire avait le choix. Soit il continuait à vouloir passer en force et il risquait de se retrouver avec un référé de demande d’arrêt des travaux déposé au tribunal administratif. Soit il ordonnait l’arrêt des travaux et, de ce fait, reconsidérait le projet. Interrogé sur ce point, Gilles Foxonet nous a déclaré : « Je n’ai pas accepté les travaux faits par l’agglo, ils ne correspondaient pas à ce qui était prévu ». Et bottant à nouveau du côté de l’agglo, il ajoute : « Je ferai démolir s‘il le faut car je n’accepterai pas que l’on enlaidisse mon village ». « J’ai voulu faire la conteneurisation enterrée pour débarrasser le village de tous les bacs poubelles, pas pour l’enlaidir. ». Du côté de l’agglomération personne ne souhaite répondre à nos questions. On peut comprendre un certain embarras du au fait que Gilles Foxonet est vice-président de l’agglo. Mais on regrette surtout que l’agglo qui aurait fait le forcing pour installer les containers autour des remparts sans que le maire y trouve à redire n’assume pas ses responsabilités. C’est l’agglo qui a commandé le bureau d’études et l’entreprise qui a fait les travaux. Elle a, de ce fait, une part de responsabilité.

Opacité à la mairie

Le Petit Journal a demandé à consulter le dossier de l’opération. Le maire nous a répondu que ce serait possible la semaine prochaine (13 au 19/2). Refus déguisé ? Nous verrons. Le collectif de Défense du Patrimoine de Baixas se plaint d’une absence de réponse à deux demandes de consultation de ce dossier. Toutes deux faites par courrier.

Au regard des informations dont on dispose, c’est un peu la chronique d’un accident inévitable. La mairie avait fait distribuer un document de quatre pages qui, à l’aide d’images de synthèse, présentait les 5 installations de conteneurs enterrés. Le caractère inesthétique du projet sautait aux yeux. Voir le site internet de la mairie http://baixas.fr/interface/index.php?post/2012/01/10/c

Défaut de concertation

Parmi ses principaux griefs, le Collectif pour la protection du patrimoine de Baixas reproche au maire d’avoir monté l’opération sans concertation avec les riverains. A la différence de ce qui a été fait dans les communes voisines. Le nouveau projet pourra difficilement faire l’impasse sur cette  nécessité.

« Au final, les choses seront bien faites », affirme Gilles Foxonet en annonçant une réunion avec l’architecte des Bâtiments de France afin d’apporter à l’opération toutes les modifications qui s’imposent et pour qu’elle préserve, voire qu’elle « valorise le patrimoine historique ». Il ne reste plus qu’à le faire ! Fabrice THOMAS

PS : L’auteur de l’article tient à préciser qu’il n’a aucun lien de parenté avec Robert Thomas qu’il n’avait d’ailleurs jamais rencontré avant de s’intéresser à ce sujet.