Personnel politique : arrêtons de faire passer des vessies pour des lanternes

Reçu une longue réaction d’un fidèle lecteur qui n’a pas apprécié l’article, « Assemblée Nationale, bonnet d’âne pour Jacques Cresta ». Pour lui, cet article « N’est pas digne d’un journaliste ». Pourquoi cela ? Parce qu’il fait passer Jacques Cresta pour « Une personne qui a des moyens intellectuels limités ».

Ce n’est pas nous qui avons placé Jacques Cresta parmi les cancres de l’Assemblée Nationale. C’est le magazine L’Expansion qui l’a classé 536 ième sur 577 députés. Ce qui signifie que ce monsieur participe très peu au travail parlementaire. Et aussi, qu’il ne fait pas le boulot pour lequel il est payé.

Nous avons certes commenté ce classement en écrivant : « Bourquin a mis des galons de général sur les épaules de son fidèle adjudant parce qu’il n’a que faire d’un député qui se ferait remarquer par la qualité de son travail parlementaire. S’entourer de personnages falots est le gage d’un leadership incontesté. » C’est la triste réalité.

Il faut arrêter de se voiler la face. A qui fera- t-on croire qu’il n’y a pas de lien entre la catastrophique situation économique et sociale du département et le niveau moyen de la classe politique locale. Une classe politique en grande partie cooptée par deux systèmes plus préoccupés par la conservation du pouvoir que par le développement des Pyrénées-Orientales.

Le système Bourquin évacue Jacqueline Amiel-Donat pour les mêmes raisons qu’hier il s’était passé de Jean Codognès. Pour ceux qui l’auraient oublié, c’est bien loin, rappelons qu’en 1997 Christian Bourquin et Jean Codognès avaient été élus à l’Assemblée Nationale. En 1998, Christian Bourquin avec l’appui de Jean Codognès est élu président du conseil général. Ce dernier devait être candidat PS à la mairie de Perpignan. Mais Christian Bourquin n’a tout simplement pas supporté qu’à Paris comme à Perpignan, Codognès brille plus que lui. C’est hélas aussi navrant que ça.

En s’appuyant sur le conseil général et sa ressource en emplois ainsi que sur des élus qui lui doivent tout, Bourquin a créé un système clientéliste qui lui permet de contrôler le PS et les investitures. Et le système n’a plus eu d’autres buts que de se perpétuer. Voilà pourquoi il y a peu de lumières autour de Bourquin.

Et gare à celui qui n’approuve pas sans réserve la ligne de Bourquin. Hermeline Malherbe a cru qu’elle pouvait s’émanciper quelque peu de la pesante tutelle de celui qui l’avait faite reine. Elle va en payer le prix. En 2015, elle sera débarquée de la présidence du conseil général. Bourquin va, à sa place, installer sa fidèle Ségolène. Bourquin n’a jamais hésité à couper des têtes. Une façon efficace de faire réfléchir ceux qui supportent mal le joug.

Nous évoquerons le système Alduy dans un article consacré aux 20 ans de “Jean-Paul Alduysme“. Un anniversaire qui a d’ailleurs été dernièrement célébré dans un restaurant du centre ville. Le fils Alduy a, en 1993, succédé à son père qui était maire de Perpignan depuis 1959. F.T.

PS : désolé pour ceux qui n’ont pas encore compris que nous pratiquons un journalisme de rupture avec les habitudes médiatiques locales. Le respect que nous avons pour la réalité et pour les lecteurs n’est pas compatible avec le rôle de relais des pouvoirs locaux.

La Russie de Poutine fait rêver le couple Le Pen-Aliot

Séjournant en Russie avec son compagnon Louis Aliot, Marine Le Pen a fait des déclarations qui devraient faire réfléchir ceux qui se laissent tenter par le vote Front National.

« Elle a catégoriquement rejeté la désinformation véhiculée en France, comme quoi la Russie serait une sorte de dictature, un pays totalement fermé » (communiqué du FN. Mme Le Pen a lors de sa conférence de presse à Moscou, tenu des propos totalement identiques).

En Russie tous les moyens répressifs sont mobilisés pour empêcher l’expression de l’opposition au régime de Poutine et des oligarques. Dire ça c’est faire de la désinformation ?

En Russie, les agressions physiques sur des journalistes sont des faits courants. Dire ça, c’est faire de la désinformation ?

« Reporters Sans Frontière exprime sa profonde émotion à l’annonce de la mort de Mikhaïl Beketov ce 8 avril 2013. Le journaliste avait conservé de lourdes séquelles de l’agression extrêmement violente dont il avait fait l’objet, en novembre 2008. L’organisation adresse ses plus sincères condoléances à sa famille et ses collègues. Rédacteur en chef du journal local Khimkinskaïa Pravda et militant écologiste, Mikhaïl Beketov était une figure de proue du mouvement de protection de la forêt de Khimki (banlieue de Moscou), menacée par la construction d’une autoroute. Laissé pour mort par ses agresseurs le 13 novembre 2008, il avait passé plusieurs mois dans le coma et avait du être amputé d’une jambe et de plusieurs doigts. Les dommages crâniens qu’il avait subis étaient tels que Mikhaïl Beketov avait perdu l’usage de la parole. » (Reporters Sans Frontières 8 avril 2013). Dire ça, c’est faire de la désinformation ?

En Russie, depuis 2000, 28 journalistes ont été assassinés du fait de leur activité professionnelle. Dire ça, c’est faire de la désinformation ?

A un an de l’ouverture des Jeux Olympiques de Sotchi, la “ désinformation “ s’intensifie. Le 1er mars, les militants de Reporters Sans Frontière ont déployé devant l’ambassade de Russie une banderole géante. Les anneaux olympiques ont été transformés en poing américain ensanglanté, rappel de l’impunité dont bénéficient toujours de trop nombreux assassins et agresseurs de journalistes russes.

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Marine Le Pen donne de la Russie une image qui n’existe que dans ses fantasmes. Elle a ainsi déclaré à l’Agence de presse russe Ria Novosti : « Les Russes sont attachés à leur identité, à leur culture, ils refusent de se soumettre au modèle ultralibéral et mondialiste que je combats moi-même en France ». Dire que le régime de Poutine, un des plus corrompus du monde, est au service d’un capitalisme de type mafieux relève sans doute aussi de la désinformation.

Le nationalisme tyrannique de Poutine convient parfaitement à Marine Le Pen et à Louis Aliot. Et il est sans aucun doute le régime qui se rapproche le plus de l’idéal de l’extrême-droite française. Tous ceux qui décernent un peu rapidement des brevets de républicanisme au FN ne devraient pas oublier que la démocratie n’est ni dans ses gènes, ni dans son logiciel politique. F.T.

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Journaux du Midi : Ça va très mal !

Dans un courrier adressé le 23 mai « à tous les personnels des Journaux du Midi », le président du directoire, Alain Plombat, a tiré la sonnette d’alarme en annonçant de nouvelles mesures de rigueur. Deux ans à peine après l’annonce d’un plan de restructuration portant sur 158 postes, le groupe de presse du Languedoc-Roussillon est à nouveau dans la tourmente. Les ventes de journaux, (Midi-Libre, L’Indépendant, Centre-Presse) et les recettes publicitaires continuent de reculer fortement : « Nous avons sous-estimé le nouveau et brutal “dévissage“ de la presse quotidienne après une année pourtant jugée “catastrophique“ par toute la profession. »

Alain Plombat cite un récent rapport sur la presse au ton alarmant : « L’écosystème de la presse écrite est engagé dans une spirale dramatique. Les constats opérés à partir du second semestre 2012 font même ressortir une tendance à l’amplification de ces évolutions – une forme de “rupture“ – qui peut à présent laisser craindre les plus grandes difficultés… »

Quelques chiffres (sources OJD).

Ventes payées semaine………….2007………………….2012

Midi-Libre………………………..146 179……………….130 065

L’Indépendant…………………….63 616………………..55 485

Centre-presse…………………….20 748………………..18 916

La chute des ventes de l’Indépendant a commencé en 1990. A cette époque, pas si lointaine, notre quotidien vendait 70 000 exemplaires par jour. Toujours avec trois éditions sur l’Aude et les P-O. L’érosion continue des ventes est un phénomène qui est apparu avant internet. Qu’il se soit accéléré sous l’effet d’internet ne fait bien sûr aucun doute.

La baisse des ventes de L’Indépendant, est passée de 1 000 exemplaires par an à 2 000 exemplaires en 2010, 2011 et 2012. Et cela alors que la population des P-O et de l’Aude croit fortement. Cette très forte érosion des ventes s’accompagne d’une baisse des recettes publicitaires.

La plupart des quotidiens régionaux connaissent une situation comparable. Notable exception Ouest-France qui est par, son tirage, le plus important quotidien payant français. Ses ventes sont quasiment stables, 769 000 en 2007 et 749 000 en 2012. Et toujours dans l’ouest de la France, le télégramme de Brest ne cesse lui, année après année, de gagner des lecteurs. 200 000 et 2007 et 203 000 en 2012. Pourquoi ces deux titres résistent-ils aussi bien ? C’est une bonne question à laquelle nous n’avons pas la réponse.

Dans la même période, 2007-2012, la presse quotidienne nationale a elle aussi continué à perdre des lecteurs. Gros plongeon pour l’Equipe, 323 184 à 274 828 et pour Le Parisien 336 032 à 274 892. Le Monde, de 316 851 à 288 113. Aujourd’hui en France 187 481 à 179 353. Libération 132 356 à 119 418. Le Figaro n’enregistre qu’une faible baisse, 327 500 à 323 303. Pendant la période 2010-2012, après de fortes chutes, les ventes de plusieurs quotidiens nationaux se sont stabilisées.

Les patrons de la PQR semblent espérer que le même phénomène de stabilisation se produise. Ce ne sera pas pour 2013, année qui pourrait être aussi mauvaise que les précédentes.

Du côté de la presse magazine et toujours dans la même période, le recul des ventes est nettement moins important que celui qu’enregistre la presse quotidienne nationale et régionale, sauf pour Marianne qui est passée de 274 000 en 2007 à 234 000 en 2012 (phénomène particulier. Son anti-sarkozysme militant et agressif lui a fait perdre nombre d’électeurs de droite). L’Express, 451 000 à 433 000. Le Figaro Magazine, 447 000 à 431 000. Faible recul du Nouvel Observateur, 509 935 à 503 371 et du Point, 419 223 à 412 286. Et seul Valeurs Actuelles est en progression, 84 134 et 85 431.

Dans son courrier, Alain Plombat se réfère à plusieurs reprises à la situation économique de la région, à son taux de chômage, 14,3 %, le plus élevé de France. Et il ressort l’idée, vieille lune, que le journal n’est plus un « produit de première nécessité ». Illustration d’une approche du marché de la presse un peu courte.

De nouvelles dépenses ont fait leur apparition dans les budgets des ménages : chaînes de télévision payantes à partir des années 1980, abonnement au téléphone portable à partir des années 1990, abonnements à internet à partir des années 2000. Plus l’acquisition et le renouvellement du matériel informatique et l’achat de consommables. Et oui !

Pour nombre de nos concitoyens ces dépenses apparaissent plus nécessaires que l’achat de la presse.

Face à ça, qu’à fait la presse pour rester attractive ? La presse régionale, pas grand-chose.
Alors que la presse nationale est devenue plus curieuse et plus exigeante, la presse quotidienne régionale reste un relais des institutions et des pouvoirs locaux en particulier de ceux qui sont ses gros annonceurs ce qui crée un déséquilibre politique flagrant. Pour prendre un exemple récent, pourquoi aussi peu de place et un traitement à minima pour le rapport accablant de la chambre régionale des comptes sur la gestion du conseil régional du Languedoc-Roussillon ? Pas une seule une. Mais plusieurs unes et une grosse couverture sur l’affaire du club de basket avec un traitement visant à impliquer la mairie de Perpignan. Ce tableau ne serait pas complet si on n’évoquait pas des défauts chroniques : manque de rigueur, de vérification et d’approfondissement de l’information. Ce manque de qualité de l’information n’échappe pas aux lecteurs, en particulier à tous ceux qui lisent un titre d’information national, quotidien ou hebdomadaire. Imaginons un journal national qui traiterait l’actualité nationale comme l’Indép traite l’info locale. Personne ne le lirait.

Alain Plombat se gargarise avec les chiffres de fréquentation des sites internet du groupe. Mais l’information y est gratuite. Cela constitue certes une audience intéressante pour les annonceurs. Mais parmi les lecteurs qui ne veulent pas dépenser 1 euro par jour pour un journal qui ne les intéressent pas, combien seront prêts à sortir la Carte Bleue quand une partie du contenu sera payante ? Une minorité. Quoi qu’il en soit la PQR ne générera plus jamais le même niveau de recettes.

La prospérité et beaucoup de ses avantages, c’est fini. Une dure réalité à laquelle certains ont du mal à s’adapter. Du côté des ouvriers du livre qui impriment le journal, mais pas seulement. En 2011 les syndicats de journalistes refusaient le regroupement des informations générales (pages France et étranger) en invoquant un risque d’uniformisation de l’information. Mais les infos générales de l’Indépendant, du Midi-Libre, de Sud-Ouest sont réalisées avec les mêmes dépêches de l’AFP. Une seule rédaction infos générales qui alimenterait les journaux du groupe suffirait. Faire des économies est la première solution qui s’impose. « C’est à une gestion drastique à laquelle chacune et chacun, à son poste, doit s’employer dans l’intérêt commun ! », écrit le président du directoire.

Il y a quelques jours de ça, avec un confrère nous évoquions l’époque où L’Indépendant était la référence en matière d’information culturelle locale (années 1980-1990). Il avait des signatures qui faisaient autorité en la matière, Georges-Henri Gourrier, Jacques Quéralt… Pour toutes les personnes branchées culture, ce qui fait du monde, la lecture de l’Indépendant était quasiment indispensable. La culture n’a plus qu’un seul rubricard. Il n’a pas le lustre de ses prédécesseurs et son crédit est érodé par l’obligeance qu’il a affichée pour le théâtre de l’Archipel dont son épouse est directrice adjointe.

A force de vouloir devenir populaire l’Indépendant est devenu un journal qui semble davantage destiné à ceux qui n’achètent pas de journaux qu’aux lecteurs de presse.

L’internet est en train de bousculer le modèle économique de la presse et d’ébranler les forteresses de la presse régionale. A tel point que personne ne peux décrire le paysage médiatique tel qu’il sera dans dix ans. Mais une chose est certaine, la presse payante ne survivra qu’en offrant des contenus de qualité destinés à des publics aux attentes diverses. FT

contact : c.politique@orange.fr

Assemblée Nationale : bonnet d’âne pour Jacques Cresta

On savait que Jacques Cresta n’était pas un aigle. Mais de là à le retrouver classé parmi les « cancres » de l’Assemblée Nationale dans le classement établi par le très sérieux magazine L’Expansion. 536 ième sur 577.

« Député fainéant », un surnom de plus pour Fidèle Cresta qui est aussi appelé « Le porte-clef de Christian Bourquin » et « Christian m’a dit ».

« Jacques Cresta n’est à l’origine qu’un simple employé de bureau aux allocations familiales », plaide un militant socialiste qui reconnait tout de même que le factotum de Bourquin est « Complètement débordé par des responsabilités qui dépassent de beaucoup ses capacités. »

La modestie de l’origine sociale ne peut servir à justifier la nullité. Il y a des personnes qui avec un faible bagage scolaire réussissent de beaux parcours y compris en politique. Mais encore faut-il le vouloir, se donner les moyens d’apprendre et avoir la volonté de progresser.

Est-ce pour ses compétences, ses capacités à faire un bon député que Jacques Cresta a été choisi pour être candidat du PS sur la première circonscription ? Nous connaissons la réponse.

Bourquin a mis des galons de général sur les épaules de son fidèle adjudant parce qu’il n’a que faire d’un député qui se ferait remarquer par la qualité de son travail parlementaire. S’entourer de personnages falots est le gage d’un leadership incontesté.

L’électeur, hélas, ne sait pas pour qui il vote. Il choisit une étiquette.

Et une fois encore la politique échappe à la loi commune. Dans quelle entreprise verserait-on un gros salaire et conserverait-on un employé qui n’en foutrait pas une ramée ? F.T.

PS : Jacques Cresta est également vice-président du conseil régional chargé des lycées et de l’éducation.

L’Expansion numéro de juin 2013.

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Racisme anti-blanc : La une du Petit Journal n’a pas été truquée

Dans l’édition du Petit Journal du 7 octobre 2011, j’avais signé un article qui a fait la une avec le titre : « Racisme anti-blanc : Couteau sous la gorge, ils doivent crier Allah Akbar ». Cette une a beaucoup circulé sur internet et elle fait encore couler de l’encre.

Le site “debunkersdehoax.org“ qui traque les hoax et les rumeurs de la fachosphère l’a découvert en 2013 et lui a consacré trois articles, le 9 février, le 12 mai et le 26 mai. « Très gros trucage » titre le site qui indique : « Les fachos, identitaires ou d’autres obédiences, sont coutumiers de la fabrication de faux. Mais falsifier une page de la presse, fallait oser ! »

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L’auteur de l’article a été induit en erreur par un responsable de l’édition des P-O du Petit Journal qui lui a répondu : « Non cet article n’existe pas !!!! Je vous le confirme … »

Comme mon papier a été considérablement déformé, je souhaite le mettre en ligne tel qu’il a été publié en page 3 du Petit Journal. Cette agression est traitée dans trois articles, le premier relate les faits, le second est un interview de Patrick Lecrocq, responsable du MRAP66 et le troisième, une réaction de Fouzi Bouhadi , conseiller municipal, élu du Bas-Vernet, quartier où l’agression a eu lieu.

Article 1

Racisme anti-blanc

Ignoble agression à la cité Clodion-Torcatis

Dimanche 25 septembre, vers 6h30-7h00, deux étudiants sortent d’une discothèque de la colline des loisirs à Canet. Ils sont à pied. Leurs amis qui avaient des voitures sont déjà repartis. Comme ils ont laissé passer le bus Route 66 qui passe à cinq heures et qu’il n’y a pas de taxi dans le coin, il ne reste qu’à faire du stop. Ils se mettent à la sortie du parking et une Clio ne tarde pas à s’arrêter. Les voilà assis à l’arrière. Une fois sur la route, le jeune homme au volant qui conduit son volant d’une façon agitée, demande à ses deux passagers où ils habitent. Ils répondent au Bas Vernet du côté de Clodion. Et l’embrouille démarre. “tu dis que tu es de Clodion, mais tu n’est pas de Clodion“. Les étudiants expliquent qu’ils n’ont pas dit qu’ils étaient de Clodion. Mais près de Clodion. Le dialogue de sourds se poursuit. Le conducteur s’obstine, monte le ton et tranche “Puisque vous êtes de Clodion, je vous ramène à Clodion“. N’habitant pas très loin, les deux jeunes se résignent. La jeune femme à côté du chauffeur ne dit pas grand-chose.

Couteau sous la gorge

A peine entré dans la cité, le conducteur s’arrête au beau milieu de la chaussée et appelle un homme qui est dans une voiture. Les deux étudiants n’en sont pas certains, mais ils ont cru entendre le nom de Moktar. L’homme s’approche de la voiture. Et le conducteur relance son embrouille, “Tu les connais ? Ils disent qu’ils sont de Clodion-Torcatis“. L’homme ouvre la portière du côté d’un étudiant et lui met un couteau sous la gorge. Ça commence par des invectives du type “Tu manges du porc ça se voit“. Puis, toujours avec le couteau sous la gorge, il demande aux deux jeunes de dire “Allah Akbar“, puis de dire que Ben Laden a eu raison de commettre les attentats du 11 septembre et que c’était une bonne personne. On leur demande s’ils sont juifs. Aucun des agresseurs ne leur donne l’impression d’être alcoolisé. La voiture est une quatre portes. Mais toute fuite semble impossible. Ne serait-ce que parce que l’un des passagers a les jambes coincées par le fauteuil du conducteur anormalement reculé. A tel point que sa conduite était gênée par cette position.

Ben Laden, les juifs

Un nouvel homme qui porte des lunettes noires arrive. Il ouvre la portière du côté de l’autre étudiant. Lui aussi se retrouve avec un couteau sous la gorge. Il y a maintenant trois hommes qui semblent avoir autour de 25 ans, l’âge de leurs victimes, et une femme, peut-être un peu plus jeune. Les hommes contraignent leurs deux victimes à proférer toutes sortes de propos de la même veine que les précédents, Ben Laden, le 11 septembre, les juifs… La fille a sorti un portable et elle filme l’agression. Les deux jeunes sont terrorisés et le comportement de leurs agresseurs leur fait craindre le pire. Que d’autres arrivent, qu’on les tabasse, qu’on les lynche, qu’on les séquestre… Un des hommes attrape un des étudiants par le coup, à deux mains, et serre en l’accusant d’être pro-juif. Ce dernier doit s’en défendre puis il prend une série de violentes baffes sur le visage. Les agresseurs demandent aux étudiants d’héberger l’un des leurs. Comme ce n’est pas possible, les victimes se voient accusées de refuser “parce qu’on est arabe“.

Combien de temps le cauchemar a-t-il duré ? Trois quarts d’heure, une heure ? Ça a été très long. Les agresseurs ont fini par libérer les deux étudiants. Ils sont encore sous le choc. L’un comme l’autre n’auraient jamais imaginé qu’une telle agression puisse se produire. Ils se sont directement dirigés vers le commissariat. Ils n’y ont pas été bien accueillis. Le policier en faction a exprimé de fortes réticences à l’enregistrement de leur plainte. Mais comme ils étaient bien décidés, ils finirent par être reçu par un OPJ (officier de police judiciaire). Fabrice Thomas

PS : Le Petit Journal a procédé à des vérifications afin de s’assurer de la réalité des faits.

Article 2

Le MRAP et le racisme anti-blanc

En avril 2010, suite à la sauvage agression à leur domicile à Perpignan d’un jeune couple avec un bébé, nous avions interrogé Patrick Lecrocq, responsable départemental du MRAP qui avait, dans un communiqué, condamné les faits en utilisant les mots de “racisme anti-blanc“.

LPJ : Si le MRAP a fait un communiqué, c’est qu’il considère qu’il y a un facteur raciste dans l’agression dont une famille a été victime à son domicile ?
Patrick Lecrocq : La famille nous a fait part de propos racistes tenus lors de cette agression.

LPJ : C’est ce qui vous a amené à réagir ?
Patrick Lecrocq : On réagit à toutes formes de racisme et de discrimination.

LPJ : Dans ce communiqué, il est question de racisme anti-blanc, ce n’est pas une terminologie habituelle dans le langage du MRAP, qu’est-ce qui vous a amené à l’utiliser ?
Patrick Lecrocq : On a parlé de racisme anti-blanc pour dire que pour nous toutes les formes de racisme étaient abjectes. Le racisme anti-blanc au même titre que tous les autres. On nous interpelle régulièrement en nous disant vous ne défendez que tel groupe, il faut être de telle origine pour être défendu par le MRAP. Ce qui est totalement faux.

LPJ : Vous considérez donc qu’il y a des racismes ?
Patrick Lecrocq : Il y autant de racismes que de groupes humains. Malheureusement, le racisme est dans notre société la chose la mieux partagée. C’est ce contre quoi on se bat.

LPJ : Dans votre organisation, il y a eu un débat, des critiques sur l’emploi de cette notion de racisme anti-blanc qui est assez controversée ?
Patrick Lecrocq : Pas au niveau du MRAP66, nous avons une vision très universaliste, très large, on est un des seuls MRAP à lutter contre toutes les formes de discrimination, sur les 18 critères de l’article 225-1 du code pénal.

Article 3

Réaction : Fouzi Bouhadi, conseiller municipal de Perpignan, élu du Bas-Vernet

Quand il se produit un acte discriminatoire, peu importe l’origine des personnes. C’est un acte inacceptable, ignoble et condamnable. Ça me donne froid dans le dos. Il faut réagir avec fermeté à ce genre d’actes ignobles.
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J’ai, aujourd’hui, peu de choses à ajouter aux propos de Patrick Lecrocq et de Fouzi Bouhadi. Car comme eux je pense qu’il faut combattre toutes les formes de racisme. J’ajouterai juste que reconnaître l’existence du racisme anti-blanc ou anti-français est important pour les victimes. Entendre dire que c’est un fantasme de l’extrême droite est, pour elles, insupportable. Admettre que le racisme anti-blanc est aussi réel que le racisme anti-maghrébin est la meilleure façon d’empêcher l’extrême-droite d’en faire un fond de commerce. F.T.

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Toujours dire non à la haine

La crise économique, sociale, politique porte les discours et les comportements haineux comme les nuées portent l’orage. Et la haine trouve toujours son débouché naturel dans la violence. C’est pourquoi il faut toujours s’opposer à tous les porteurs de haine, quels qu’ils soient et d’où qu’ils viennent.

Il était normal de discuter la décision qu’a pris le maire de Perpignan et normal aussi de considérer qu’il pouvait y avoir une autre réponse que l’interdiction du spectacle de ce marchand de haine qu’est Dieudonné. Mais le plus important était de réagir. Et lui seul l’a fait. Un seul aussi, Louis Aliot, a défendu Dieudonné, au nom de la liberté d’expression. La liberté de pouvoir chanter Shoananas, un texte antisémite et négationniste.

Rappelons une nouvelle fois que les juges du tribunal administratif ont considéré que l’arrêté d’interdiction du maire : « Est motivé par la personnalité délibérément et notoirement polémiste de M. Dieudonné M’Bala M’Bala, l’atteinte à la personne humaine que véhicule ce spectacle, sa condamnation par le tribunal correctionnel de Paris le 27 septembre 2012 pour provocation à la haine raciale, en raison de la publication du clip d’une chanson “ Shoananas “, qui est reprise à la fin de chacune de ses représentations… »

Et la suite du jugement : « Considérant qu’il ressort d’un constat d’huissier dressé le 16 mai 2013 que la chanson “ Shoananas “ n’a pas disparu du spectacle de M. Dieudonné M’Bala M’Bala et a été chantée à Bordeaux et à Saint-Etienne; qu’ainsi les requérants ne peuvent soutenir que le spectacle n’est pas susceptible de se heurter à des dispositions pénales ; que toutefois il n’est pas établi que cette chanson serait chantée à Perpignan, M. M’Bala M’Bala affirmant, dans son dernier mémoire, qu’il est prêt à ne pas reprendre cette chanson pour éviter de heurter la sensibilité de certains. »

Dieudonné a trompé la justice, il a chanté Shoananas en expliquant aux spectateurs que Perpignan ne pouvait pas être la seule ville où il ne l’interprèterait pas.

Le clip vidéo Shoananas a certes valu à Dieudonné une condamnation à 20 000 euros d’amende pour incitation à la haine raciale. Mais M. M’bala M’bala a fait appel. Espérons que les magistrats qui jugeront de nouveau Dieudonné dans cette affaire tiendront compte de son comportement et prononceront une peine qui le prive de la possibilité de continuer à entonner cette ignoble chanson. L’état de droit qui est l’état démocratique doit se faire respecter, surtout de ses ennemis.

Dieudonné vient, sur son compte facebook, de couvrir le maire de Perpignan d’injures et de menaces. Ici comme ailleurs il faut poursuivre Dieudonné quand il injurie, diffame, menace.

Une fois de plus la presse locale n’a pas joué son rôle. Pourtant si prompte à annoncer sans le moindre début de preuve l’arrivée d’une horde de néos-nazis à Perpignan, elle n’a pas fait son travail d’information pour montrer le vrai visage de Dieudonné. Les sources ne manquaient pas, en particulier les déclarations de soutien de Dieudonné au régime iranien de Mahmoud Ahmadinejad. Pour mémoire, voici ce qu’écrit Reporters Sans Frontières sur l’état de la liberté de la presse en Iran : « Au cours de ses deux mandats à la présidence de la République islamique, la situation des droits de l’homme en Iran s’est considérablement détériorée. Pendant huit ans, plus de 200 journaux ont été suspendus ; plus de 300 journalistes et net-citoyens ont été arbitrairement arrêtés, torturés et condamnés à des très lourdes peines de prison. » Mais il y a tant à dire sur ses relations avec les personnalités et les groupes les plus infréquentables, les négationnistes de tous poils, de Robert Faurisson qui nie l’existence des chambres à gaz à Thierry Meyssan pour qui les attentats du 11 septembre sont l’œuvre des services américains. Et combien d’autres illuminés et fanatiques.

La presse n’est pas seule responsable. Où étaient nos beaux esprits ? Aux abonnés absents. A gauche, à droite, tout le monde s’est tu.

Qu’un pourvoyeur de haine comme Dieudonné ait fait salle comble tout au long de sa tournée qui s’est achevée à Perpignan et que le succès qu’il a rencontré ait suscité aussi peu de réactions est vraiment inquiétant. FT

Basket : grandeur, décadence et polémique

Gros trou dans la caisse du club de basket de Perpignan. L’information est presque banale. Dépenser l’argent qu’ils n’ont pas est la maladie chronique des clubs sportifs professionnels. Et quand à force de creuser ils atteignent le fond, c’est à chaque fois la même histoire, les clubs en difficulté se tournent vers les collectivités territoriales. Et bien souvent les mairies, les agglos, les conseils généraux et les conseils régionaux sont placés devant l’obligation de cracher au bassinet. «Il faut absolument sauver le club ». Et les élus qui ne voleraient pas au secours du club en péril seraient à coup sûr accusé d’être ses fossoyeurs.

Ça devient presque normal. On a pour ça recours à des tas d’artifices. La ville du Mans a récemment sorti 2 millions pour racheter les biens immobiliers du club de foot afin de l’aider à combler son déficit.

Au regard des chiffres rendus publics, pas par le club qui en est avare, les dirigeants de l’équipe féminine de basket ont manifestement pété plus haut que le panier. Dur à reconnaître ? Dans un contexte général de course à l’armement il est sans aucun doute difficile de résister au recrutement de joueuses avec lesquelles le club pouvait espérer jouer dans la cour des grandes.

L’affaire a rapidement pris une tournure politique. Se sentant bien seul dans le marigot des affaires, Christian Bourquin cherche à y entraîner le maire de Perpignan qu’il accuse d’être responsable de l’omerta du club sur ses comptes. Que l’opacité du club éveille les soupçons et parfois les pires se conçoit facilement, mais de là à voir la main de Pujol dans la gestion du club…

On peut, sans prendre beaucoup de risques, annoncer que Bourquin va se casser les dents. Car l’homme qui, depuis plus de quinze ans, gèrent les finances de la ville est carré, rigoureux et en plus très prudent.

La lettre du maire engageant la ville de Perpignan à hauteur de 350 000 euros de subventions exceptionnelles est manifestement un gros bobard. Pujol a, devant la presse, été catégorique en déclarant que le courrier qu’il avait signé « envisageait » le versement d’une subvention exceptionnelle de 50 000 euros, cela pour conforter un club qui a enregistré de bons résultats. Malherbe a, pour le conseil général fait une lettre dont les termes sont très proches. Et le maire a ajouté qu’il ne prendrait pas d’engagement si le club de basket ne faisait pas preuve d’une totale transparence dans la fourniture de ses comptes.

Grâce à son « fusil à deux coups », conseil général et conseil régional, Bourquin avait obtenu que le club féminin auréolé d’un titre de champion de France et d’une place dans l’élite prenne à partir de la prochaine saison le nom de « Perpignan basket 66 l’accent Catalan du basket féminin ». Si le club plonge, ça la fout mal. D’où également, l’ire d’un Bourquin toujours prompt a régler les problèmes en accusant à tort et à travers.

Les dirigeants du club de basket “manquent de chance“ car l’affaire des rifles qui avait éclaté en 2012 et conduit Patrick Esteban, le manager du club, en garde à vue à la PJ devait être jugée le 31 mai. Ce dernier devait comparaitre devant le tribunal correctionnel en compagnie de Camille Morales président du club, Daniel Tur et Mekki Abdelmalek. La justice leur reproche une série de délits liée à l’organisation de rifles à grande échelle, plus près d’une organisation professionnelle du jeu que de l’activité ponctuelle d’une association. Maître Capsié, l’avocat de Patrick Esteban a bataillé dur pour obtenir un renvoi auquel le procureur de la République, Achille Kiriakides, qui était venu en personne, était férocement opposé. Le procès est fixé au 17 septembre à 14 h. F.T.