La moralisation de la vie publique ne fait pas partie des sujets sur lesquels nos politiques locaux se ruent sur les micros et les caméras. Les propositions des conseillers municipaux de gauche de Perpignan « sur la nécessaire refondation de la démocratie locale » n’en seront que plus appréciées.
Face à la presse locale, cinq membres du groupe « Nouvelle Union avec la Gauche » : Olivier Amiel et Robert Folcher (MRC), Jacqueline Amiel-Donat (PS), Jean Codognès (EELV) et Nicole Gaspon (PC et FdG).
Jacqueline Amiel-Donat et Jean Codognès ont présenté les mesures qu’ils appliqueraient si, en 2014, les électeurs leurs confiaient les clefs de la mairie.
Premier point évoqué le mandat unique : « Seule garantie de l’engagement total des élus au mandat qui leur a été confié : un exécutif, c’est un travail à temps plein. »
Propositions précises en matière de cumul des mandats et des indemnités : « Un adjoint au maire ne pourra pas être vice-président de l’Agglo, à l’exception du président de l’agglo qui devra être adjoint au maire et du maire qui devra être vice-président de l’agglo. Mais une seule indemnité de fonction . »
« Un adjoint au maire qui serait conseiller communautaire ne percevra qu’une indemnité d’adjoint de maire. »
A propos du mandat unique de maire et de mandat unique de président de l’agglo, Jacqueline Amiel-Donat a déclaré : « Ça m’est d’autant plus facile de le dire aujourd’hui que si vous le vérifiez, déjà dans le programme de 2008 et 2009, moi, je l’avais écrit. » La prenant au mot, nous avons vérifié et nous n’avons pas trouvé trace de cet engagement.
Jacqueline Amiel-Donat a déclaré que les statuts de l’agglo seraient mis en conformité avec la loi, de sorte que le nombre de vice-présidents de l’agglo serait ramené de 42 à 15 ce qui représenterait une économie annuelle de 560 000 euros par an.
La prévention des conflits d’intérêts
Mise en œuvre de règles strictes d’incompatibilité professionnelle. « On parle beaucoup au niveau national des avocats d’affaires… A titre personnel, moi , j’étais avocate de chefs d’entreprises. Depuis le 1 mars 2012 je ne suis plus avocate. Quand je le dis à mes clients, ça les fait rire, mais comme je pense qu’en 2014 je serais maire, je préfère anticiper et ne pas avoir de lien avec des chefs d’entreprise. Il y a des incompatibilités flagrantes. On ne peut pas être avocat conseil de certaines entreprises et retrouver ces entreprises dans des dossiers qui sont présentés au conseil municipal ou à la communauté d’agglo. Il y a certaines personnes qui feraient mieux de regarder leur code de déontologie d’avocat. »
La situation de Romain Grau
Question d’un journaliste : « Est-ce que vous avez des exemples à Perpignan ? »
Jacqueline Amiel-Donat : « Localement, je vais vous le dire, vous avez Romain Grau qui est avocat d’affaires qui est vice-président de l’agglo à l’économie, c’est très, très, très, gênant, très gênant, c’est très ambigu. Il y a des tas de bruits qui courent… C’est gênant, ce n’est pas bien. Ça participe au discrédit de la politique. Il faut donc l’éviter. Il faut choisir… S’il veut être conseiller communautaire il peut s’occuper de la voirie ou du ramassage des ordures ménagères. Je ne suis pas en train de dire qu’il a magouillé, je dis simplement qu’on ne peut pas laisser le doute planer… »
Autre proposition : « La limitation dans le temps des mandats : deux au maximum car au-delà des habitudes ou connivences peuvent affaiblir l’acuité… Et l’appréhension de l’intérêt général. »
Le renforcement des contre-pouvoirs
Propositions présentés par Jean Codognès qui, en préliminaire, a précisé : « Ces engagements, nous n’avons pas besoin de la loi pour les appliquer. Ces dispositions, nous les ferons voter par le conseil municipal. »
Propositions : « Renforcement des contre-pouvoirs que sont la presse et les associations. Elaboration de critères objectifs pour l’attribution des subventions nécessaires à l’équilibre économique de ses entités et transparence par la publication périodique du montant de ces subventions. »
Jacqueline Amiel-Donat a beaucoup insisté sur l’attribution des aides sur la base de critères objectifs abstraction faite de la ligne rédactionnelle et que le journal « dise du bien ou du mal de nous ».
Mise en place d’outils de démocratie participative
Diverses mesures parmi lesquelles :« Accès aux documents administratifs, ce que nous appelons la transparence, un peu comme cela se passe en Europe du Nord. Si on ne permet pas au citoyen de contrôler l’activité de l’élu, ça ne sert à rien de prendre des bonnes résolutions. Aujourd’hui sauver la démocratie c’est à ce prix. Il n’y a pas d’autres solutions. », a déclaré Jean Codognès.
Le simple fait de présenter de telles propositions constituent un progrès considérable. C’est la première fois que le fonctionnement de la démocratie locale fait l’objet d’une réflexion approfondie accompagnée de mesures pour refonder une démocratie locale qui, ne nous le cachons pas, est bien mal en point. Et cela autant du fait de la gauche que de la droite.Fabrice Thomas