Hermeline se rebiffe

Les tensions entre, d’une part, Christian Bourquin et son cabinet régional et, d’autre part, Hermeline Malherbe et ses plus proches collaborateurs sont de plus en plus vives. A tel point que Christian Bourquin n’a pas hésité à humilier la présidente du conseil général lors de la Fête de la rose à Canohès. Il a appelé les députés et des élus du PS à la rejoindre sur la scène, mais pas Hermeline Malherbe. Une humiliation publique que la dame a encaissé stoïquement.

Dans cette guéguerre Ségolène Neuville, qui est du côté de Bourquin, n’hésite pas à se répandre en terme peu élogieux sur Hermeline Malherbe.

Les empoignades entre collaborateurs de Bourquin et de Malherbe sont sévères. Les coups bas et les mesquineries pleuvent.

A-t-on sous estimé Hermeline Malherbe ?  En jouant le rôle de la potiche de Bourquin, Malherbe est passée pour une gourde.  Ce qu’elle serait loin, très loin, d’être. Cet avis étant partagé par plusieurs personnes qui connaissent bien la présidente du conseil général, il faut admettre qu’elle est surement plus intelligente qu’elle en a l’air, en particulier quand elle annone un discours creux.

Celle qui faisait la parfaite dévote avec son regard rempli d’admiration pour l’homme de Millas a t’elle bien caché son jeu ? Qui aurait imaginé que moins de deux ans (21 nov. 2010) après avoir été installée à la présidence du conseil général, dans le fauteuil du seigneur et maître, elle serait en conflit avec son mentor et avec l’entourage de ce dernier ? Fabrice Thomas

Bourquin : l’affaire Synthèse jugée à Bordeaux le 18 septembre

Condamné à deux mois de prison avec sursis pour favoritisme dans le cadre de marchés publics qui avaient été attribués par le conseil général à Synthèse, l’agence de publicité de Pascal Provencel, Christian Bourquin avait fait appel. Il sera de nouveau jugé, à Bordeaux, le 18 septembre à 14 heures.

Le président de la région espère t-il qu’un nouveau procès adoucira sa condamnation ? Comme à Aix-en-Provence, en 2010,  dans l’affaire de complicité de faux et de minoration des comptes de campagne. D’abord condamné à une peine de prison avec sursis, Christian Bourquin s’en était sorti avec une amende de 5 000 euros.

Christian Bourquin est il à l’abri d’une condamnation plus sévère ? Le jugement rendu à Bordeaux avait été considéré comme modéré alors que Christian Bourquin courrait le risque d’une peine d’inéligibilité.

Comme le montrait la lecture du jugement, pour le tribunal, le favoritisme ne faisait pas l’ombre d’un doute.

« Pascal Provencel a eu le 4 mars 1999 un entretien avec le fonctionnaire chargé des marchés, puis avec M. Lanotte directeur juridique, fondant un cahier des charges sur mesure pour M. Provencel . »

« La procédure a été à l’inverse de ce qui se pratique habituellement, c’est-à-dire qu’au lieu d’interroger le service utilisateur du marché pour connaître ses besoins, il a été interrogé le futur bénéficiaire de celui-ci, afin qu’il définisse les besoins du service. »

« L’analyse des offres retenus à l’ouverture des plis… à ensuite été modifiée par M. Lanotte, dans un sens discriminant pour l’agence Amazone et valorisant pour Synthèse. »

« l’avantage est établi par la rupture de l’égalité nécessaire à tous les marchés publics, et par le fait que le chiffre d’affaires de Synthèse a progressé de 243%, cette société devenant ensuite à 90% le partenaire du conseil général. »

S’agissant de la relation entre Christian Bourquin et Pascal Provencel, le jugement souligne leur amitié « de longue date » : « M. Bourquin est le parrain de la fille de M. Provencel et le fils de Christian Bourquin a effectué un stage rémunéré au sein de Synthèse. »

Rose mafia : un témoignage exceptionnel

 Rose Mafia, livre écrit par Gérard Dalongeville, ancien maire socialiste d’Hénin-Beaumont, est un document exceptionnel. Les affaires de corruption sont nombreuses, mais les aveux d’élus qui s’y sont livrés sont rarissimes. C’est la première fois qu’un élu raconte dans le détail, le fonctionnement du système de corruption dont il a été un témoin de premier plan. Gérard Dalongeville est mis en examen pour détournements de fonds publics.

Le Pas-de-Calais est un bastion historique où le PS est presque hégémonique. Hénin-Beaumont, ville de 27 000 habitants se situe au cœur de l’ancien bassin minier : à 30 km de Lille, à 20 km d’Arras, à 15 km de Lièvin, la ville du seigneur du bassin minier (160 000 habitants), Jean-Pierre Kucheida, député-maire. Liévin un nom mythique au PS. C’est la première section de France avec 1 200 cartes pour 35 000 habitants.

Le 7 avril 2009, le maire d’Hénin-Beaumont est réveillé par des policiers de la PJ. Après une garde à vue, il sera placé en détention provisoire et il ne ressortira de prison que le 19 novembre, 7 mois plus tard. Il ne reconnait aucun des faits qui lui sont reprochés. Ce qui lui vaut les félicitations de Percheron (sénateur et président du conseil régional du Pas-de-Calais), « Bravo Gérard, tu as été extraordinaire,  tu as tenu bon pendant un an. »

Ses amis rassurent Gérard Dalongeville, « Pour ton procès, on a tout prévu, tout est organisé. Le juge Pichoff a présidé certains de nos procès à Béthune ». Et on lui explique que le juge recevra 60 000 euros. Le procès qui s’annonce parait réglé d’avance. Sûr de son sort, Dalongeville viole son contrôle judiciaire en rencontrant et en échangeant des coups de téléphone avec ses co-accusés et cela dans le département du Pas-de-Calais alors qu’il est assigné à résidence dans les Vosges. Mais tout ce petit monde est placé sous écoute téléphonique. Le pot aux roses est dévoilé. Et pour Gérard Dalongeville cela signifie le retour en détention avec, devant lui, un long séjour en prison. C’est ce qui le conduit, au bout de deux jours et à l’approche de Noël à écrire au juge en commençant à lui livrer les mécanismes du système de corruption et en lui faisant part de sa décision de dire tout ce qu’il sait sur les marchés publics truqués, sur le financement du PS, sur l’enrichissement personnel des féodaux du PS. Cinq semaines plus tard, il sort de prison. Il laisse sa place au juge Pichoff.

De la matière de ses aveux, l’ancien maire-socialiste a fait un livre dans lequel il raconte dans le détail, en citant tous les noms des acteurs, comment fonctionne ce « système pourri jusqu’à la moelle ». Comme Claude Chopin, grand argentier du parti mis à l’honneur par François Hollande pour ses cinquante ans de fidélité au PS… « Et cinquante ans de magouille », écrit l’auteur qui met à plat le vaste système de trucage des marchés publics. On y découvre aussi le rôle des sociétés d’économie mixte. Des entreprises contrôlées par des élus agissant le plus souvent dans le secteur de l’immobilier. Il est tout le temps question d’enveloppes qui contiennent de fortes sommes en espèce.

Affairisme et clientélisme sont les deux piliers de ce système qui n’a plus rien de démocratique. L’emploi du mot « mafia » est d’ailleurs pleinement justifié. C’est du banditisme.

Le clientélisme est omniprésent. La Soginorpa (société d’économie mixte) présidée par JPK, Jean-Pierre Kucheida : « attribue à qui elle veut des logements, des maisons individuelles très prisées dans le bassin minier. Le clientélisme c’est le maillon qui permet de compléter le système Kucheida : l’attribution d’avantages divers est essentielle, elle permet de tenir les électeurs, la famille, les enfants… et, compte tenu du parc immobilier de la Soginorpa, plus de 60 000 logements, cela permet de s’attacher les faveurs de bon nombre de familles… »… « C’est un véritable contrôle du corps électoral qui est mis en place, un encadrement qui constitue également une forme d’infantilisation. »… « La démocratie locale à dès lors été remplacée par un échange d’aides et de prébendes contre un soutien électoral, tandis que les protagonistes  du système, se tenant les uns les autres par des faveurs ou des secrets dont la révélation ferait mauvais effet, restent dans un entre-soi particulièrement malsain. »

La manne de l’emploi joue un grand rôle dans le fonctionnement du système qui permet de placer un territoire sous contrôle. On fournit bien sûr de bons postes aux proches, aux conjoints, aux enfants… Cela permet de tenir beaucoup de monde et d’obtenir la soumission au système. Et dans ce bassin minier où le taux de chômage frôle les 20%, le travail c’est la vie. Sortir du système, c’est tout perdre. Alors chacun fait ce que l’on attend de lui. Tout cela est finement raconté par un homme qui a, pendant 20 ans, été aux premières loges. Précisons que tout se petit monde est membre de la FM et de la même obédience, le Grand Orient de France.

Tout baignait dans l’huile jusqu’à ce qu’en 2007 la chambre régionale des comptes qui avait placé la mairie d’Hénin-Beaumont sous surveillance en raison de sa mauvaise situation financière, s’intéresse à des factures d’avion taxi pour la très modique somme de 101 512 euros. Voyages vers Cannes, la Corse, Carcassonne, Biarritz, Montpellier et le Luxemboug. Le Luxembourg où Gérard Dalongeville est convaincu que Chopin blanchissait l’argent du « système PS du Pas-de-Calais ».

Gérard Dalongeville a rencontré Fabrice Paszkowski, le chef d’entreprise du Pas-de-Calais qui est soupçonné d’avoir organisé les voyages de péripatéticiennes venues fournir des moments de détente à  Dominique Strauss-Khan, alors directeur général du FMI à New-York. Paszkowski est un important fournisseur de matériel médical, comme le fils Méllick, ancien ministre, un des féodaux du Pas-de-Calais. Ils « mettent à profit leur relations avec des élus socialistes pour placer leur matériel médical. »… « En fait, le système Mellick père et fis est organisé dans le domaine du matériel médical, tout comme le système Kucheida. »… « A eux deux, Mellick et Paszkowski obtiennent tous les marchés (hôpitaux, maisons de retraite…  où des élus socialistes siègent ou président le conseil d’administration.) »

Rose Mafia 2, l’enquête, est un livre écrit par un journaliste, Martin Leprince. Etait-il besoin d’apporter la preuve que ce que dit Gérard Dalongeville est vrai ? C’est l’exercice auquel s’est livré le journaliste. Son enquête confirme le vaste système de corruption mis en place par des grands élus du PS notamment autour de l’attribution des marchés publics. Tout comme Dalongeville il s’arrête sur l’autisme de la direction du PS qui protège les dirigeants de la plus grosse fédération de France. La montée du FN est la conséquence la plus visible de ces affaires politico-financières. Marine Le Pen a, lors de l’élection présidentielle, obtenu 25% des voix du Pas-de-Calais.

Quelques têtes sont tombées, celles de Dalongeville bien sûr, celle de Kucheida tombera, mais l’ancien maire d’Hénin-Beaumont est persuadé que beaucoup d’élus et de chefs d’entreprises ont intérêt à ce que ce système perdure. Un pessimisme justifié. Mis en place depuis des décennies, ce système très structuré aux nombreuses ramifications survivra sans problème à cette affaire. Kucheida est poursuivi pour avoir fait un usage personnel des cartes bleues de sociétés d’économie mixtes qu’il présidait. Ce pauvre homme à un faible pour les grandes tables de la gastronomie française où l’on dépense en un repas ce que d’autres ont pour manger pendant un mois.

Gérard Dalongeville se livre à une réflexion sur les origines du mal. C’est sans surprise que l’on lit : « L’absence de renouvellement du personnel politique est particulièrement nuisible. La démocratie peut-elle fonctionner sainement quand le trio qui contrôle le PS dans le département, Kucheida, Percheron et Mellick, est au pouvoir depuis le début des années 1980. »… « Il est vraisemblable que la limitation des mandats dans le temps permettrait de corriger ces abus de pouvoir et ces dysfonctionnements. »

La limitation des mandats, en nombre et dans la durée, est la première et la plus efficace mesure qui doit être prise pour empêcher la constitution de fiefs féodaux. Mais elle ne suffira pas. Il faut aller plus loin. Notamment en matière de contrôle et de transparence de l’argent public afin d’enrayer une corruption dont on sait qu’elle ne s’épanouit pas seulement dans les fiefs du PS, même si là, elle y atteint des sommets. La corruption concerne aussi des élus locaux de droite, mais sans systèmes aussi organisés et aussi mafieux. Il faut aussi, c’est primordial, une presse régionale indépendante jouant son rôle de contre pouvoir. Il faudrait pour cela que les collectivités territoriales ne puissent plus être les importants bailleurs de fonds des journaux régionaux à travers des achats d’espace publicitaires massifs qui servent surtout à acheter un traitement rédactionnel favorable. En clair, il faut plus de démocratie.

Un sacré livre. Jamais un système clientéliste, affairiste et despotique comme celui mis en place dans le Pas-de-Calais et ailleurs n’avait été aussi précisément décrit. Jamais. Et pourtant Gérard Dalongeville précise que ce qu’il raconte, n’est que ce qu’il pouvait voir de la mairie d’Hénin-Beaumont et que ce n’est que la partie visible de l’iceberg. Fabrice Thomas

Rose Mafia, Gérard Dalongeville. Editions Jacob-Duvernet. 20 euros.

PS : Ce livre dérange tellement le PS qu’il a été ignoré par Le Monde, le quotidien du soir détenu par trois milliardaires roses, Pigasse, Niel et Bergé.

Site classé des Bouillouses : une gestion calamiteuse !

Vous n’avez pas pu échapper aux discours et articles d’autosatisfaction du conseil général sur sa gestion du site classé des Bouillouses. Petit rappel pour ceux à qui ce serait rentré dans une oreille et sorti par l’autre. Depuis 2000, en juillet et août, la route (10 km) qui va du Pla de Barrès au barrage des Bouillouses est fermée à la circulation à partir de 7 h du matin. Après, on accède au site en empruntant la navette (un bus). Mesures, nous dit-on, prises pour faire face à la sur-fréquentation du site et aux importantes dégradations du milieu naturel qu’elle entrainait.

Petit extrait du texte de présentation signé Hermeline Malherbe que l’on trouve dans la brochure massivement diffusé dans les offices de tourisme et les sites touristiques des P-O : « Le conseil général des Pyrénées-Orientales vous invite à découvrir ce site extraordinaire des lacs des Bouillouses. Nous nous efforçons de préserver les diverses richesses de notre patrimoine catalan et ceci dans le cadre du plan de régulation de la fréquentation touristiques des sites classés. Ce projet innovant de protection de l’environnement, initié par Christian Bourquin et aujourd’hui reconnu par l’ensemble des usagers, est reconnu nationalement. »

Ca c’est le discours.

Qu’en est-il dans la réalité ?

Dans la première navette à qui part à 7 h du Pla de Barrès, il n’y a que quelques personnes, des randonneurs qui savent qu’il faut démarrer tôt, surtout en été. Même chose dans celle qui part 15 minutes plus tard. La foule arrive à partir de 10 h. Il y a tant de monde que plusieurs bus partent en même temps. Ce sont des centaines et des centaines de personnes qui vont, en quelques heures, débarquer aux Bouillouses. La fréquentation quotidienne de la navette (5 euros l’A-R) tourne autour de 1 000 personnes et va jusqu’à 1 500. Tout ces touristes déboulent en même temps sur les sentiers de randonnée. On assiste à un effet troupeau. Les gens marchent en dehors des chemins et piétinent la flore. Il y a manifestement sur-fréquentation. Et une sur-fréquentation recherchée.

Tout ce monde, en grande majorité des touristes, est en effet attiré par l’importante campagne de publicité estivale du conseil général : prospectus, affiches, annonces publicitaires dans la presse.

Où est la « régulation » ?

Où est la « gestion durable » ?

Sans compter toutes les voitures qui montent avant la fermeture de la route. Résultat, là-haut, il n’y en a jamais moins d’une centaine.

Depuis dix ans, Christian Bourquin emploie toujours la même formule ronflante pour définir l’opération mise en place aux Bouillouses,  «c’est de l’écologie républicaine ». L’association de la protection de l’environnement et de l’ouverture au plus grand nombre. 

C’est en fait du tourisme de masse qui se pare de discours environnementaux.

La protection de ce site exceptionnel et sensible n’est pas forcément incompatible avec une fréquentation importante (mais moins qu’elle ne l’est).

Ne faudrait-il pas sensibiliser et associer les visiteurs à la protection du site ?

Par exemple au moyen d’un enregistrement sonore diffusé pendant le voyage en bus.

En installant des panneaux qui donnent des informations sur la faune, sur la flore, le paysage. Cela inciterait les visiteurs à avoir une conduite respectueuse de l’environnement et donnerait de l’intérêt à leur promenade. En aménageant un ou plusieurs sentiers de découverte.

Il faudrait aussi que l’information du conseil général prépare les touristes à ce séjour à 2 000 mètres d’altitude. On croise des personnes qui marchent en plein soleil, parfois avec des bébés et des enfants en bas-âge qui souffrent manifestement de la grande chaleur, sans un chapeau sur la tête, qui marchent en direction de l’orage, qui n’ont pas d’eau ou une bouteille pour plusieurs personnes, qui n’ont pas de vêtements chaud alors qu’à cette altitude la température peut rapidement chuter de 10 ou 20 degrés… Une jeune femme qui a fait la saison dans le bureau d’information du conseil général nous a dit qu’elle voyait chaque jour des dizaines de personnes imprudentes qui n’avaient pas le minimum d’équipement.

Le pire, si on peut dire, c’est que dans un site autant fréquenté, il n’y ait pas de gardes.

Si il y en avait eu, ils auraient peut être vu la fumée du barbecue du couple de campeurs de Lyon et ils seraient intervenus avant l’incendie qui a mobilisé une centaine de pompiers, une douzaine de canadairs et qui a détruit 80 hectares.