Hémorragie d’élus au FN des P-O

Canohès, Le Soler, Canet-en-Roussillon, Saint-Estève, Perpignan, Bompas… démission après démission, le FN a déjà perdu un grand nombre de ses élus. Et cela moins de deux ans après les élections municipales. Ils n’étaient pourtant qu’un ou deux à siéger au conseil municipal d’une petite dizaine de villes du département. Sauf à Perpignan (11 avant le départ de Clotilde Font)

Sac de nœuds et démissions en série à Canohès quand la presse (France Bleu Roussillon et France 3) a révélé, peu de temps après le scrutin, que Marti Cama avait clandestinement embarqué des membres du FN sur sa liste, dont le responsable départemental du Front National de la Jeunesse qui n’aura pas participé à un seul conseil municipal.

Au Soler, la tête de liste du Rassemblement Bleu Marine, Marie-Hélène Pelras a claqué la porte du FN entraînant avec elle Jean-Marie Serres. La déception de Marie-Hèlène Pelras est à la hauteur de son investissement au FN. Avec son mari François Pelras, ils ont donné beaucoup temps et d’énergie. Son départ n’est pas lié à des désaccords politiques, il repose principalement sur une critique du fonctionnement de la fédération et du comportement de Louis Aliot qui serait plus doué pour diviser que pour fédérer les siens.

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Quand Marine Le Pen prenait la pose avec Marie-Hélène Pelras

A Canet plus aucun des trois élus ne se réclame du FN. Gérard Vidaller a quitté le groupe dès le premier conseil municipal et, lors de l’élection du maire, il a voté pour Bernard Dupont. Lucie Pastor a démissionné du conseil municipal et a été remplacée par Dominique Gazo qui ne siège pas avec le FN. Ce dernier n’est plus officiellement représenté que par Jean-Pierre Cevaer-Visonneau qui était tête de liste. Mais ce dernier a démissionné du FN et il n’a pas siégé depuis longtemps au conseil municipal. Ne lui parlez pas de Louis Aliot. C’est sa bête noire ! L’avocat qui cultive un style vieille France et la nostalgie du gaullisme social a davantage d’affinités avec Florian Philippot, le rival d’Aliot.

Le fonctionnement et les relations à l’intérieur de la fédération sont également à l’origine du départ de Yola Guegen, une des deux élus du FN à Saint-Estève, comme en témoigne sa lettre de démission : « Compte tenu des discordes, des incompréhensions, des problèmes d’égos, du mépris qui règnent depuis plusieurs mois sur le FN66 et qui pourrissent l’ambiance et le moral de ceux qui s’étaient engagés convaincus que les gens qui composaient ce parti étaient différents des autres. » Yola Guéguen a rejoint Debout la France. Elle était aux régionales numéro 2 de la liste départementale du mouvement de Nicolas Dupont-Aignan. Et c’est comme élue divers droite qu’elle siège à présent au conseil municipal.

Clotilde Font a quitté le groupe FN du conseil municipal de Perpignan en soulignant juste qu’elle ne pouvait plus, au sein du groupe, remplir son mandat d’élu tel quelle le concevait.

Une semaine plus tard, Irina Kortanek faisait une déclaration publique dans laquelle elle apportait son soutien à Clotilde Font et annonçait qu’elle aussi ne siégerait plus sous l’étiquette FN au conseil municipal de Bompas et au conseil communautaire de l’agglo. Au passage elle incendiait Louis Aliot : « Il semble de plus en plus évident que M. Aliot grand donneur de leçons de démocratie bannit, sur le champ et sans appel, tout esprit de dialogue, de concertation et d’opposition … Monsieur Aliot semble oublier qu’un de ses sports favoris consiste à se faire élire, quel que soit le mandat, mais de préférence bien rétribué, d’encaisser les indemnités et de battre ensuite des records d’absentéisme… » Certains présentent le départ d’Irina Kortanek comme la réponse à son éviction de la liste des régionales alors qu’elle était conseillère régionale sortante. Irina Kortanek déclare à ce propos qu’elle « ne se reconnaît plus dans un mouvement principalement occupé à placer les copains et les transfuges de tous poils… »

Ces démissions révèlent des problèmes internes qui ne sont pas propres à la fédération des P-O. Alliot ne peut donc être tenu comme unique responsable du mauvais climat qui y règne. On observe les mêmes dysfonctionnements dans nombre de fédérations. A quoi tient donc cette difficulté du FN à être une organisation « normale«  ? Une organisation dans laquelle les adhérents arrivent à cohabiter malgré leurs différences, leurs divergences et leurs rivalités ?

Selon les textes officiels du FN : « Les membres du Front constituent une authentique communauté, soudée face à l’ennemi commun et animée par des liens de fraternité. » Dans les P-O, les hostilités ont tellement pris le dessus que Louis Alliot a du reprendre la direction de la fédération et le poste de secrétaire départemental.

Fabrice Thomas

contact : c.politique@orange.fr

Indemnités des élus : pourquoi Pujol a t’il ouvert la boîte de Pandore ?

La décision d’augmenter de façon très importante les indemnités de neuf élus de la majorité a provoqué un séisme dans l’opinion. Un séisme prévisible. Alors pourquoi Jean-Marc Pujol a-t-il fait ce choix indéfendable ?

Il a d’abord réveillé le FN dont les élus somnolaient depuis près de deux ans sur les bancs de l’opposition. Cela pour la plus grande satisfaction d’une majorité rarement contestée. Habitué depuis des lustres à des débats animés,comment ne pas regretter les voix de Jean Codognès, Jacqueline Amiel-Donat, Nicole Gaspon, Clotilde Ripoull et avant eux Claude Cansouline et Colette Tignères ? Bref, le conseil municipal est devenu une ennuyeuse chambre d’enregistrement. Mais quand votre adversaire vous livre sur un plateau les armes et les munitions pour lui tirer dessus, vous n’avez pas trop le choix !

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Il semble qu’au départ l’augmentation ne devait concerner que quelques élus, puis un nom s’est ajouté, puis un autre. Apprenant que l’indemnité de Pierre Barbé passait de 500 euros à 2 400 euros, Stéphane Ruel, maire-adjoint ne voulait pas percevoir moins qu’un conseiller municipal délégué. Son indemnité est donc passée de 1600 à 2400 euros.

Si elle avait été accompagnée de solides justifications, voire de la baisse d’indemnités d’un ou de plusieurs élus moins actifs, l’augmentation accordée à quelques-uns n’aurait pas provoqué un scandale.

Parmi ceux que la décision fâche, il y a les centaines de responsables d’associations et derrière eux des milliers d’adhérents à qui il a été expliqué que la baisse des dotations de l’Etat contraignait la mairie à baisser les subventions.

Et puis, il y a ce qui apparaît comme une tentative d’acheter le silence du FN en lui proposant une indemnité de 300 euros pour ses 10 élus (11 avant la défection de Clotilde Font). La ficelle était un peu grosse. Imaginons un instant que les élus FN aient accepté le deal. Ils en seraient ressortis complètement discrédités. Le marché était inacceptable.

Elu depuis 1989, Pujol sait que la question des indemnités se règle lors du conseil municipal qui suit l’élection et qu’après on en reparle plus. Le Pujol d’aujourd’hui ne semble plus être le même que celui qui, tout au long de son parcours politique, s’était fait la réputation d’être un homme prudent qui bordait bien les dossiers.

L’augmentation des indemnités n’a-t-elle pas un objectif politique ? Elle rafistole une majorité qui doute de son patron et qui est fragile comme l’a montré le vote à bulletins secrets pour l’élection d’une nouvelle adjointe au maire. Sur les 44 membres du groupe majoritaire, il a manqué 12 voix à Annabelle Brunet. Contrôler le groupe majoritaire est pour Jean-Marc Pujol plus important que le traitement d’une impopularité qui est de toute façon bien installée.

De la boîte de Pandore, il est sorti de nombreuses réactions qui ont fait plus ou moins de dégâts. Dans un autre climat, la publication par L’Indépendant des montants des indemnités des élus n’aurait pas eu autant d’effets désastreux. Les contribuables perpignanais n’ont pourtant pas tout vu. Il faut ajouter les indemnités distribuées aux élus de la ville par le Sidetom (traitement des ordures ménagères), le SDIS (pompiers), des syndicats à diverses vocations, l’hôpital, l’office HLM…

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Dans un climat de défiance massive à l’égard de la classe politique, de compression des dépenses publiques et de baisse des indemnités des élus comme nous l’avons vu après les élections régionales, la décision du maire a frappé les esprits. Ce choix malencontreux est comme le Fouquets de Sarkozy, il va coller à la peau de Jean-Marc Pujol et, dans une moindre mesure, aux neuf bénéficiaires dont la presse et le FN ont largement diffusé les noms. Mais pour l’instant tout à leur bonheur, plusieurs d’entre eux se sont retrouvés le lendemain du conseil municipal dans une brasserie réputée du centre ville pour y trinquer au champagne. F.T.

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Indemnités des élus : Pujol a ouvert la boîte de Pandore

Rumeurs de Perpignan : le vase déborde

Par un hasard dont le sort a le secret, c’est Jean-Marc Pujol, le principal objet et victime de la rumeur, qui a fait déborder le vase par son apparition à la Librairie Torcatis, vendredi 5 février, en venant longuement apostropher Jean-Pierre Bonnel, l’un des organisateurs d’une manifestation culturelle consacrée au philosophe juif allemand Walter Benjamin.

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Légende : Très remonté, le maire de Perpignan brandit l’article de Jean-Pierre Bonnel.

Il y a d’abord ce texte publié la veille par Jean-Pierre Bonnel sur son blog politico-culturel, leblogabonnel.over-blog.com. « Perpignan : le maire entre rumeurs et vérités ». Etrange écrit dans lequel Jean Bonnel dit qu’il a «  rassemblé des rumeurs persistantes, que j’ai voulu d’abord écrire un texte humoristique, ironique et poétique en employant le conditionnel et en jouant sur les mots. »

N’est pas Voltaire, Prévert, Desproges (ou même Caudeville) qui veut !

Bonnel nous livre un ramassis de ragots et d’élucubrations.

Même pas drôle !

Pauvre lecteur ! Comment fait-il pour s’y retrouver entre le vrai et le faux ?

La recette est simple. Vous choisissez un personnage public, vous collectez toutes les rumeurs le concernant, vous en inventez quelques unes et vous mettez le tout sur la place publique via un site internet. Heureusement qu’un grand nombre de lecteurs lisent ce genre de papiers en se pinçant le nez, car il y a de quoi briser n’importe quelle réputation.

Il y a quelques passages gratinés à propos desquels Jean-Pierre Bonnel pourra difficilement invoquer «  La liberté d’expression et l’esprit Charlie ».

Que dirait Bonnel si un blog rassemblait des rumeurs réelles et imaginaires attachées à sa personne ? «  Bonnel cet écrivain que l’on surnommerait le vain du Roussillon. Comme Brasillach il compenserait son manque de talent et de reconnaissance par de la méchanceté. Sa ressemblance avec Jean-Paul Alduy. Vous imaginez bien qu’elle n’est pas fortuite… » Arrêtons là c’est un jeu cruel. Bonnel ne mérite pas ça et Pujol non plus.

Jean-Pierre Bonnel dit avoir voulu montrer qu’il y avait quantité de rumeurs sur Jean-Marc Pujol. C’est incontestable ! Et il ajoute que le maire y prête le flanc. Ce qui n’est pas faux. Les rumeurs autour de Pujol ont pris une importance assez impressionnante. Le Pujol bashing est un phénomène auquel il est utile de s’intéresser. Mais pas de cette façon.

Bien sûr que Jean-Marc Pujol a été blessé par ce qu’il nomme « Des insinuations ordurières », «  De la délation dans l’esprit de Vichy » Qui ne l’aurait pas été ? Qu’il éprouve le besoins de le dire à son auteur, les yeux dans les yeux. D’accord ! Mais de là à débarquer dans une librairie lors d’une manifestation culturelle publique. Non ! Quand on est maire d’une grande ville on doit, plus que quiconque, savoir maîtriser ses pulsions et canaliser ses colères. On ne s’expose pas comme ça publiquement. Pujol fait penser au Sarkozy du «  Casse toi pauvre con ! » ou «  Descends si tu es un homme ». L’homme et surtout la fonction en ont pris un coup.

Pascal Yvernault témoin du long monologue de Pujol  a sur Facebook commenté la scène : «  Quand je vais dans une librairie, j’aime feuilleter les livres, toucher les couvertures, sentir la douceur du papier. J’aime cet endroit pour son calme. Hier, j’ai vu un maire agressif, aux yeux furibonds, qui voulait nous apprendre ce qu’est la liberté en général, d’expression en particulier. Cette apparition impromptue était – comme on dit souvent maintenant inappropriée. »

Inappropriée et contre-productive car Jean-Marc Pujol n’a fait qu’attirer l’attention sur un texte qui était pratiquement passé inaperçu. F.T.

A lire aussi l’article de larchipelcontreattaque : http://l.archipel.contre-attaque.over-blog.fr/2016/02/jean-marc-pujol-apostrophe-le-blogueur-jean-pierre-bonnel-pour-son-texte-perpignan-le-maire-entre-rumeurs-et-verites-en-pleine-libra

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